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Viande bovine : évolutions et tendances de consommation

Quelles sont les évolutions et les tendances de consommation de la viande bovine en France ? L’analyse de Jean-Jacques Henguelle d’Interbev Hauts-de-France.

© AAP




Que pouvez-vous nous dire sur les évolutions et les tendances de consommation de viande bovine en France ?

Si l’on se réfère aux indicateurs d’abattage, d’importation et d’exportation en viande bovine, la consommation en 2018 a augmenté de 1,6 % par rapport à 2017. Mais cette légère hausse ne se retrouve pas au niveau des achats des ménages français. En effet, pour ce qui est de la consommation de viande fraîche de bœuf, on enregistre une baisse de 3,2 %, dont une de 5,5 % en viande brute et une hausse minimale de 0,2 % en viande hachée.

Comment ces résultats s’expliquent-ils ?
L’écart entre la consommation et les volumes achetés résulte de trois facteurs principaux : l’évolution de l’achat de viande au rayon traiteur en libre-service, de celui des produits de viande transformée, ainsi que du développement de la restauration hors domicile. Autrement dit, les plats à partir de viande transformée et l’alimentation hors domicile ont changé les modes de consommation de viande des Français. D’où la baisse des achats de viande des ménages, tous produits confondus, sauf pour le rayon traiteur en libre-service.

Outre le développement de la restauration hors domicile et  l’achat de viande transformée, quels sont les autres facteurs d’explication des tendances actuelles de consommation de viande ?
Cette baisse de consommation est en partie liée aux comportements des Millenials (ceux qui ont eu dix-huit ans en 2000, ndlr), qui consomment de la viande sous forme hachée à hauteur de 50 % alors que, tous produits confondus, l’ensemble de la population en consomme autour de 37 %.
Ce qui joue aussi dans l’évolution des comportements, c’est la place qu’occupe la viande dans les repas. Si 88 % des personnes déclarent aimer la viande (source : enquête Kantar 2018), celle-ci n’est plus son élément central. Elle est en fait devenue un ingrédient. Soyons clairs, il ne s’agit pas d’un phénomène de rejet de la viande, mais d’un mode de consommation différent. Sans compter que ces Millenials sont beaucoup plus portés sur la cuisine du monde que sur la cuisine dite traditionnelle.
Par ailleurs, la viande de bœuf est fortement concurrencée par d’autres produits à base de viande de porc et de volaille. Enfin, dans leurs modes de consommation de viande, les Millenials ont la volonté de rapprocher leurs comportements alimentaires de leurs valeurs, qui tournent essentiellement autour du bien-être animal et du respect de l’environnement.

Cette baisse de la consommation de viande s’inscrit-elle dans une tendance de fond ?
C’est, en effet, une tendance continue depuis 2000, année de la crise de la vache folle, et donc une tendance de fond. Toutefois, la baisse de la consommation de viande après cette crise a été moins forte en France que dans d’autres pays tels que, par exemple, en Angleterre ou en Allemagne. Et l’on note, depuis deux ans, un léger sursaut dans la consommation de viande en France, mais moins marqué que dans ces pays.

Le prix de la viande a-t-il aussi un impact sur la baisse de sa consommation ?
Son impact s’exerce à court terme.  Une fois cela dit, le prix moyen des morceaux de viande a peu évolué ces dernières années. Ce sont surtout les prix de la viande hachée et des produits transformés qui ont connu une hausse. Enfin, si les gens qui ne mangent pas de viande, soit autour de 2 % de la population, ont un impact faible sur la consommation, en termes de population, ils ont toutefois un impact indirect conséquent sur la consommation de viande au travers de la communication qui est la leur au sein des associations et sur les réseaux sociaux.

Quelle est aujourd’hui l’image de la viande dans notre pays ?
Nous sommes passés au cours des dix dernières années d’une image de nutrition, plaisir et convivialité à une image de plaisir et de convivialité. L’aspect nutritionnel est passé aujourd’hui au second plan.

Les campagnes anti-viande dénonçant les méfaits de cet aliment sur la santé ne jouent-ils pas sur sa perception ?
En fait, cela joue peu, et d’autant que la viande est désormais dissociée de la charcuterie, ce qui n’était pas le cas auparavant. Or, les effets négatifs de la consommation de viande sont plus associés à la charcuterie qu’à la viande. On ressent beaucoup plus de préoccupations de la part des consommateurs par rapport au bien-être animal et à l’environnement. Autrement dit, le facteur santé n’est pas un des principaux éléments explicatifs de la baisse de la consommation de viande.

Face à ces campagnes de dénigrement, quelle est la politique d’Interbev ?
Depuis trois ans, nous avons développé une politique de valorisation de la viande et de ses métiers pour redonner confiance aux consommateurs sur ce produit. Depuis l’an dernier, tout en conservant ces axes, nous avons réorienté notre action de communication sur le pacte sociétal dans lequel s’est engagée la filière à la suite des Etats généraux de l’alimentation. Les axes principaux sont le bien-être animal, la prise en compte de l’environnement et la nutrition. Il faut redonner envie de manger de la viande, en la consommant mieux.

 

Pacte sociétal

Pour apporter une réponse globale aux attentes citoyennes, la filière élevage et viande a décidé de se fédérer autour d’une démarche collective de responsabilité sociétale sur le long terme, soit le Pacte pour un engagement sociétal. Celui-ci s’articule autour de cinq axes :
- une démarche de progrès dans les domaines de l’environnement, du social, de la protection animale, de la nutrition et de la santé ;
- une démarche d’avenir visant à mettre le cap sur des pratiques toujours plus durables ;
- une démarche de concertation entre les parties prenantes ;
- une démarche de transparence pour offrir plus de garanties et de gages de confiance ;
- une démarche d’expertise pour partager les bonnes pratiques

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