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Visite au nouvel abattoir de Fruges

Le 16 décembre, une visite du nouvel abattoir de Fruges (62), en fonctionnement depuis le 9 décembre, a été organisée. L’occasion de montrer aux élus du territoire l’outil de travail et de présenter la gouvernance de la société d’abattage des Hauts-Pays en charge de sa construction et de son exploitation.

La plupart des lignes sont automatisées pour réduire la pénibilité du travail.
© L. D.

Enfin ! C’est le terme qui est revenu à plu- sieurs reprises lors de la visite du nouvel abattoir de Fruges (62) le 16 décembre. Après plus de vingt ans de pourparlers et deux ans de construction, le transfert d’activité de l’ancien abattoir vers le nouveau a eu lieu le 9 décembre. Depuis, une phase de prise en main de l’outil a débuté. « On ne lance pas un nouvel abattoir aussi facilement qu’on peut le penser, explique Philippe Ducrocq, président de la société d’abattage des Hauts-Pays (lire encadré). Un nouvel outil, ça se prend en main, autant pour les responsables que pour les ouvriers.»

Pour le moment, la cadence n’est pas à son optimum. Sur la chaîne d’abattage de bovins, le rythme est de 10 animaux par heure. L’objectif est de 15. Pour les ovins, même tendance. Pour le moment 40 à 50 agneaux sont exécutés chaque heure pour 80 prévus. L’équipe se donne trois mois pour atteindre le rythme de 100 animaux abattus chaque heure. « Actuellement, nous perdons du temps lors de la mise en route de certains outils, il y a des réglages à effectuer, précise Bruno Watel, directeur général de l’abattoir. En plus, des machines, les salariés doivent trouver leur rythme et leurs postures. »

Faire la jonction

Le moment n’est donc pas propice aux inspections. Or, les contrôles se répètent. « Nous n’avons aucun problème d’un point de vue sanitaire et de bien-être animal, nous aimerions bien que les services de l’État nous laissent un peu tranquilles le temps que tout soit bien rodé, lance Philippe Ducrocq. Nous ne sommes pas en mesure, pour le moment, de bien recevoir les agents de la DDPP (direction départementale de la protection des populations, ndlr) et cela ne facilite pas la prise en main de l’outil. »

D’autant plus que la DDPP a été sollicitée tout au long de la conception du projet jusqu’à sa réalisation. « Il ne faut pas que la rigueur des contrôles vienne gêner la fluidité de l’outil », s’engage le sous-préfet de Montreuil-sur-mer, Frédéric Sampson. Toutefois, le conseil d’administration le reconnaît, les services sanitaires et les élus ont réussi, non sans mal, à faire perdurer l’ancien outil d’abattage afin de pouvoir faire la jonction... « C’est un bon point ! Une fermeture de l’ancien abattoir aurait été très pro- blématique », avoue Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la région Hauts-de France en charge de l’Agriculture, en citant l’exemple de l’abattoir de Valenciennes fermé.

La tendance des produits locaux

Car abandonner l’abattoir aurait été un non-sens dans un contexte où la société favorise de plus en plus les produits locaux. « Nous devons encourager les éleveurs dans une conjoncture où le nombre d’élevage s’amenuise », ajoute Marie-Sophie Lesne. Perdurer et moderniser l’abattoir de Fruges était indispensable dans un territoire comme le Haut- Pays.

« En 2017, le projet était quasiment enterré, se souvient Jean-Marie Lubret, ancien maire de Fruges et membre de la Communauté de communes du Haut-Pays du Montreuillois. Ça aurait été très tragique pour notre territoire. Si nos paysages de bocage sont autant appréciés, c’est parce qu’il y a des éleveurs. Des passionnés qui peinent à vivre de leur métier et qui bossent dur. Il ne faut pas se moquer d’eux, sans abattoir, l’élevage ne pourrait pas perdurer. À la place de ces prairies verdoyantes, on verrait des champs de pommes de terre et nous aurions encore plus de problèmes d’érosion et d’inondation. Cela aurait un coût.» Un constat approuvé et repris par tous les élus lors de leurs prises de parole.

 

"Grâce à l’automatisation, les employés n’ont plus à porter ou bouger les carcasses".

 

Optimisation

L’abattoir de Fruges reste un outil d’abattage multi-espèces et qui pratique les méthodes traditionnelles. « Avec les lignes entièrement neuves, nous espérons optimiser le temps de travail des salariés et leur apporter un certain confort de travail », explique Julien Lozinguez, directeur de l’abattoir par intérim.

Chaque jour, ovins, bovins et porcins sont abattus selon une séquence définie à l’avance. « En visitant l’abattoir, on se rend bien compte que le bien-être animal est respecté, les animaux n’arrivent pas dans un état d’affolement, fait remarquer Philippe Ducrocq. Couloirs, pièges, virages, tout est fait pour que l’animal ne voit pas l’aboutissement. Grâce à l’automatisation de certaines lignes, les employés n’ont plus à porter ou bouger les carcasses. Nous avons essayé de leur donner de l’espace afin qu’ils réalisent leurs tâches dans de bonnes conditions. »

Concrétisation

La visite avait été attendue par de nombreux élus. « Cet abat- toir, c’est un acte fort pour les éleveurs et le territoire. Les porteurs de ce projet ont réussi à mettre tous les agriculteurs autour de la table et l’on voit bien que cet outil a cristallisé d’autres projets, si bien qu’il a dû être redimensionné à la hausse », se félicite Marie-Sophie Lesne.

 

La première société coopérative d’intérêt collectif au nord de Paris

Le nouvel abattoir de Fruges regroupe les intercom- munalités voisines qui ont manifesté leur intérêt en vue de travailler sur les circuits courts. Grâce aux chevilleurs de la région et aux éleveurs situés à proximité du nouvel outil, ce dernier a gardé son caractère d’abattoir de proximité. La SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) Abattage des Hauts-Pays porte l’investissement et exploitera l’abattoir. Elle s’appuie sur l’engagement des clients (éleveurs et usagers) de l’abattoir qui deviennent des sociétaires de la SCIC. L’équilibre économique est atteint grâce à l’apport de volumes d’animaux de tous les sociétaires. Le nouvel abattoir possède un agrément pour 6 000 tonnes. La concrétisation de ce projet a généré auprès des professionnels un e et d’appel quant aux perspectives d’abattage.
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