Sécurité
Vols : une recrudescence qui mobilise
La multiplication des vols dans les exploitations exaspère les agriculteurs. La Fdsea intervient auprès des autorités.
Effets de la crise, de la flambée du fuel ou des métaux, incivisme, malveillance ou bêtise humaine ? Les causes sont nombreuses et toujours hypothétiques, mais les faits sont là : les actes de vandalisme et de vols concernant des lieux agricoles connaissent depuis le début de l'année une explosion infernale dans le département. Tout y passe, à commencer par ce qui est accessible en plaine, et qui peut faire l'objet d'une utilisation ou d'un recel rapide. Les stations d'irrigation situées en plaine sont très exposées dans la zone est du département. Les réserves de gas-oil vidées la nuit se comptent à présent par dizaines (certaines l'ont même été trois fois en trois nuits !) ; en y étant, le câblage des installations fait lui aussi l'objet des détériorations et larcins. Viennent ensuite les outils (goupilles, rotules, chevilles) sur le matériel de plaine, quand ce n'est pas le matériel complet qui disparaît du jour au lendemain. Les corps de ferme sont également régulièrement visités, notamment, une fois de plus, la réserve de fuel et l'outillage d'atelier (matériel électroportatif en tête). Les méfaits sont suffisamment nombreux pour qu'à présent chacun hésite à laisser son tracteur quelques heures en plaine dans la journée, de peur d'avoir les accessoires emportés et le réservoir siphonné ou tout simplement crevé.
Des dégâts collatéraux
Au-delà de l'objet précis du vol, ce sont parfois des dégâts bien plus importants ou des gênes imprévues qui plombent le quotidien. En plus du vol de fuel, une cuve ou un réservoir percé pour aller plus vite coûte aussi cher, mais bloque en plus le fonctionnement.
Tout comme les dégâts sur le matériel d'irrigation quand les systèmes d'arrêt automatiques sont vandalisés, et que les pompes et moteurs tournent dans le vide.
Sur ce point, les assureurs constatent avec inquiétude l'explosion du chiffre et les disproportions entre l'objet du vol et le montant des dégâts.
Enfin, l'organisation du travail devient un souci quand un chantier d'arrachage ne peut démarrer car l'arrosage a été interrompu et qu'au petit matin, on découvre que dix personnes mobilisées ne feront rien de la journée.
Laxisme ou impuissance ?
La colère gronde dans les cantons concernés car les rares personnes prises sur le fait n'ont pas fait à ce jour l'objet de poursuites et n'ont pas été particulièrement menacées par la justice. A croire qu'il faut être pris la main dans le sac, et non pas sur le sac ou à côté. En témoigne cette situation où deux personnes «suspectes» n'ont pas été arrêtées alors qu'elles se promenaient «normalement» la nuit, en plaine, à proximité de stations avec des jerricanes en main... Chacun sait que le jerricane est un animal nocturne !
La Fdsea mobilisée
Cette montée en puissance des vols inquiète l'ensemble du territoire. La Fdsea a saisi les autorités. En premier lieu, Laurent Degenne a demandé audience au sous-préfet de Péronne, Joël Dubreuil, dont l'arrondissement est le premier concerné pour lui rendre un état des lieux de la situation.
Par ailleurs, la Fdsea interviendra également auprès du procureur de la République pour lui demander la plus grande fermeté à l'égard des contrevenants. Pour préparer ces rencontres, la Fdsea lance un recensement des délits constatés depuis le début d'année, et demande à un maximum d'agriculteurs concernés de remplir et transmettre le questionnaire ci-dessous.
Réaction : Laurent Degenne, président de la Fdsea
«Remettre de l'ordre dans les campagnes !»
Ce qui se passe aujourd'hui mine le climat dans l'agriculture. On sait les difficultés dans lesquelles notre société vit. Cependant, on ne résoudra rien en laissant cette situation perdurer.
Le vol ou la dégradation du bien d'autrui sont répréhensibles et doivent être réprimés. C'est d'autant plus préjudiciable en agriculture ou dans toute entreprise que les dégâts occasionnés dépassent largement le cadre du simple vol. Les autorités doivent se saisir de l'urgence et de l'ampleur de la situation. Elles doivent intervenir vigoureusement pour y mettre un terme et dissuader toute tentative. L'incivilité n'a pas plus sa place en campagne qu'en ville, et le pire serait de voir également les campagnes se doter d'une justice parallèle. Nous sommes pour l'ordre et la République, et nous le réclamons avec impertinence !