150 millions pour renouveler la forêt française
Avec ses 60 000 entreprises, ses 372 000 emplois directs et sa capacité à compenser environ 20 % des émissions françaises de CO2, l’État a souhaité inscrire la filière forêt-bois dans le grand plan de relance. Une enveloppe de 200 millions d’euros est ainsi dédié à cette filière ; le volet «renouvellement
forestier» étant doté, à lui seul, de 150 millions d’euros.
Avec ses 60 000 entreprises, ses 372 000 emplois directs et sa capacité à compenser environ 20 % des émissions françaises de CO2, l’État a souhaité inscrire la filière forêt-bois dans le grand plan de relance. Une enveloppe de 200 millions d’euros est ainsi dédié à cette filière ; le volet «renouvellement
forestier» étant doté, à lui seul, de 150 millions d’euros.
Cette enveloppe financière très conséquente est à la hauteur des enjeux et des défis que doit relever la forêt française. Il s’agit en particulier «d’adapter la forêt française au changement climatique pour qu’elle puisse continuer à fournir du bois à la société, pérenniser les services qu’elle rend et amplifier sa contribution à l’atténuation du changement climatique, tout en s’inscrivant dans le cadre d’une gestion durable et multifonctionnelle de la forêt.»
Cette enveloppe nationale de 150 millions d’euros permettra ainsi aux propriétaires forestiers de bénéficier d’un soutien financier pour renouveler et diversifier leurs forêts. La pérennité de la forêt à long terme est en jeu. Grâce à ce volet «renouvellement du plan de relance», ce sont près de
45 000 ha supplémentaires qui devraient être renouvelés à l’échelle de deux ans. Cela représente environ 50 millions d’arbres. Une véritable opportunité pour la filière, mais aussi un véritable défi pour conduire ces opérations dans un laps de temps aussi court.
Et en pratique ?
Le plan de relance concerne l’ensemble des forêts, qu’elles soient privées ou publiques. Il identifie trois situations pour lesquelles l’État est susceptible d’apporter une aide en vue d’un renouvellement par plantation ou régénération naturelle. En premier lieu, et avec une aide fixée à 80 % de l’investissement, sont éligibles les peuplements marqués par des phénomènes abiotiques (ex : sécheresse, canicule) ou par un ravageur ou un agent pathogène. On retrouve, dans cette première catégorie, les peuplements impactés par la chalarose (frêne), les attaques de scolytes (épicéas) ou même l’encre du châtaignier.
Avec une aide de 60 %, sont également éligibles les peuplements dont l’essence prépondérante est diagnostiquée comme vulnérable en raison de son inadaptation au contexte stationnel actuel ou des évolutions climatiques.
Plus précisément et pour le dissocier du cas précédent, il s’agit ici des peuplements dont l’avenir est compromis, même si aujourd’hui ils ne marquent pas encore de symptômes de dépérissement ou d’arrêt de croissance très marqués. On soulignera la pertinence de cette seconde catégorie car il ne s’agit plus d’attendre que les peuplements dépérissent pour agir, mais d’anticiper leur renouvellement dès lors que l’on sait qu’ils ne pourront arriver à leur terme. Sont aussi concernés, les peuplements dits «pauvres», car de faible valeur économique et pour lesquels le propriétaire se retrouve dans une impasse financière, le coût de la plantation n’étant pas ou peu couvert par la recette issue de la coupe des arbres en place.
Une instruction technique précisant une partie des critères d’éligibilité devrait paraître dans les prochains jours. D’ores et déjà, une grande nouveauté ! Dorénavant, même les «petits» projets portant sur une surface inférieure à 4 ha pourront être éligibles au soutien de l’État. Le nouveau critère retenu porte sur une somme minimale d’aide sollicitée. Cela ouvre donc des perspectives aux propriétaires souhaitant replanter des surfaces moindres.
À ce jour, les modalités pratiques de dépôt de dossier ne sont pas encore clairement connues. Mais compte tenu du caractère exceptionnel de la mesure, il y a fort à parier que celle-ci trouve un écho important auprès des propriétaires forestiers. Les organismes socio-professionnels de la forêt privée (syndicats forestiers et gestionnaires forestiers professionnels) se sont donc préparés à accompagner les propriétaires, soucieux de s’inscrire dans la démarche. Nous ne pouvons que conseiller aux propriétaires intéressés de prendre attache rapidement auprès de leur interlocuteur habituel.
Fransylva en quelques mots
Elle informe et défend les propriétaires forestiers sur les questions politiques, juridiques, environnementales et économiques. Elle leur donne ainsi les moyens de gérer leur forêt avec sérénité en acteurs économiques responsables et les incite à s’engager dans une gestion durable de leur forêt. L’adhésion à un syndicat forestier est ouverte à tous les propriétaires forestiers privés sans seuil de surface. Particularité : l’adhésion à un syndicat comprend une assurance responsabilité civile incluse dans la cotisation qui permet aux propriétaires d’être couverts en cas d’un sinistre impliquant un de leurs arbres.
Pour toute demande de renseignements : hautsdefrance@fransylva.fr ou 07 67 27 60 08
«Un plan de relance comme jamais-vu !»
Avec énormément d’attente et d’enthousiasme. Notre forêt et plus généralement notre filière en avait véritablement besoin. Elle a été jusque-là trop souvent négligée par les politiques publiques. Il faut dire que la longueur de notre cycle de production n’est pas complétement en adéquation avec les calendriers électoraux. Quoi qu’il en soit, même si l’instruction qui précisera les modalités pratiques de l’opération n’est pas encore parue, on peut d’ores et déjà souligner que le gouvernement s’est donné les moyens pour que ce plan de relance soit une vraie réussite !
150 millions pour renouveler nos forêts, à savoir reboiser 45 000 ha en deux ans, c’est du jamais-vu ! Au-delà de la véritable reconnaissance que cela représente pour notre filière, la question du soutien financier est d’importance. Planter des arbres coûte cher, sachant que l’investissement pécuniaire ne s’arrête pas à la plantation. Il faut ensuite tailler les arbres, les élaguer, les détourer pour qu’ils produisent du bois d’œuvre de qualité. C’est un travail de longue haleine dans lequel s’engagent les sylviculteurs qui plantent.
Quelles sont les particularités de ce plan de relance ?
Le gouvernement a appris des expériences précédentes. Il a donc acté de nouveaux principes qui suscitent déjà un enthousiasme fort dans la profession. Son caractère hors norme réside notamment dans des taux d’aides revalorisés (60 % ou 80 %), des critères assouplis permettant à des peuplements, jusque-là non éligibles, de bénéficier enfin de subventions et, pour finir, des dossiers de demandes d’aide simplifiés avec l’instauration de barèmes d’aides forfaitaires. Ces évolutions auront sans nul doute un impact sur le dépôt des dossiers.
En quoi la forêt des Hauts-de-France est-elle concernée par ce plan de relance ?
Notre forêt traverse depuis plusieurs années des épisodes de crises sanitaires. Il s’agira notamment d’apporter un soutien aux sylviculteurs ayant subi de plein fouet la chalarose du frêne (3e essence de la région derrière le chêne et le hêtre) ou plus récemment des attaques de scolytes sur les peuplements d’épicéas. C’est aussi une vraie opportunité d’accentuer la nécessaire adaptation de nos forêts au changement climatique. Pour un cycle de production qui s’étale sur plusieurs décennies, croyez-moi : ce n’est pas qu’une simple posture. Les conséquences de ces évolutions sont d’ores et déjà visibles dans le paysage. Certaines forêts du Sud de l’Oise en sont malheureusement un exemple : les chênes y dépérissent depuis plusieurs années et il est dorénavant urgent d’intervenir. La pérennité de nos forêts en dépend.
Mais réussir ce beau projet de renouveler notre forêt régionale ne peut s’envisager sans que ne soit réglée au préalable la question de l’équilibre sylvo-cynégétique. Dans certains secteurs de notre région, il est malheureusement trop hasardeux de planter : le risque de dommage aux plants est trop important. Sachant que nous ne sommes pas indemnisés pour ces dégâts, c’est donc le sylviculteur, seul, qui assume le coût de la protection de ses plants et la perte en cas de dommages. Quoiqu’il en soit, nous nous réjouissons de ce plan de relance et espérons que sa réussite sera le prélude à de futures politiques forestières toute aussi ambitieuses.