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2021, l’année du «mieux» pour la betterave ?

Après deux années sans assemblée générale en présentiel, la CGB de la Somme a réuni ses adhérents le vendredi 26 novembre au sud d’Amiens. Les perspectives laissent présager des jours meilleurs pour les betteraviers. 

D’ici 2030, l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie s’attend plutôt à des jours favorables pour une agriculture française qui tient compte du changement climatique et qui s’affiche en phase avec la politique agricole européenne.
D’ici 2030, l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie s’attend plutôt à des jours favorables pour une agriculture française qui tient compte du changement climatique et qui s’affiche en phase avec la politique agricole européenne.
© Vincent Fermon

Parlons rendement, d’abord. Lors de l’assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) de la Somme, c’est le premier sujet qui a été évoqué vendredi dernier à la Ferme du Bois à Hébécourt. Alors qu’il est en ce moment de 85 t à 16, il devrait atteindre les 90 t à l’hectare (à 16) d’ici la fin de campagne. Selon Dominique Fiévez, le président du syndicat, «nous retrouvons des perspectives de rendement intéressant». Les surfaces se stabilisent dans le département autour de 46 000 ha alors qu’elles ont accusé une baisse partout ailleurs dans les Hauts-de-France. 

 

Espoirs dans la recherche 

Dans le tour d’horizon des sujets qui ont marqué la campagne 2020-2021, Dominique Fiévez est ensuite revenu sur différents dossiers, dont «l’affaire Adama» avec l’utilisation de désherbants non conformes – 300 ha ont été concernés dans la Somme –, le travail avec les pouvoirs publics pour établir des règles de transport des betteraves pendant la campagne, l’échec de l’OP des betteraviers de Roye ou encore l’obtention d’une dérogation pour l’utilisation des néonicotinoïdes. En ce qui concerne ce dossier particulier, le directeur de la CGB, Pierre Rayé souligne que «rien n’est acquis» : «S’il y a eu une demande de dérogation, c’est parce qu’il n’existait pas d’alternatives», a-t-il dit. Acquise en 2021, la dérogation fait toujours l’objet d’une discussion pour 2022. Reconnu par la profession pour s’être particulièrement engagé dans le dossier «NNI», le député Jean-Claude Leclabart a, pour sa part, assuré «être admiratif de la capacité des betteraviers à s’adapter». Mais pour Pierre Rayé, il faut aller plus loin. Et ce dernier d’appeler les pouvoirs publics, qu’ils soient français ou européens à être au côté de la recherche : «Les nouvelles techniques de sélection génomique comme les NBT pourraient être un levier intéressant, mais encore faut-il avoir la possibilité de les utiliser. Le problème, c’est que ce ne sera pas avant 2023 et il ne faut pas louper cette étape. L’Europe doit nous donner les moyens de prendre les bons virages.»

 

«Changement de paradigme»

Pour le directeur national de la CGB, la fin des quotas en 2017 a entraîné «un changement de paradigme». «On a en quelque sorte perdu notre filet de sécurité et cela nous a davantage exposé à la volatilité des marchés. On est aujourd’hui face à des turbulences importantes et on ne s’est pas donné les moyens de mieux s’organiser». Pour faire face, la CGB formule un certain nombre de propositions : profiter de la loi Egalim 2, création d’outils de gestion des risques, utilisation des marchés à terme… «Si l’on ne fait rien, il y a un risque de voir les surfaces diminuer et des usines fermer.» Déjà, constate le directeur de la CGB, «on a une frange des agriculteurs qui n’investissent plus, voire qui décapitalisent». Heureusement, le marché de l’éthanol (en croissance) met un peu de baume au cœur : «Depuis trente ans, on est aux côtés du secteur automobile pour accélérer le développement de l’éthanol, mais tout n’est pas toujours simple», explique Pierre Rayé, en référence à la réglementation européenne. Une enquête réalisée auprès des planteurs – ils ont été 600 à répondre – montre quant à elle que leur première préoccupation reste bien le prix de la betterave.

 

Green Deal et Farm to fork, la France «est en avance» selon Jean-Marie Séronie

Faut-il avoir peur du Green Deal européen et de la stratégie Farm to fork qui en émane ? Absolument pas, selon l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie, qui était l’invité de l’assemblée générale de la CGB de la Somme. D’ici 2030, «on peut s’attendre effectivement à une baisse de la production européenne avec une volonté affichée de faire plus de bio et d’utiliser moins d’intrants», explique M. Séronie. Et à plus long terme ? «On devrait retrouver des niveaux de productivité plus élevés, avec une recherche qui permettra d’apporter des solutions». Les coûts de production, eux, devraient toutefois augmenter, de même que les prix intérieurs des matières premières. Pour autant, l’agroéconomiste balaie du bras l’idée selon laquelle on assisterait à «un suicide agricole de l’Europe», comme certains le redoutent. «À plus ou moins long terme, nous serons amenés à produire moins pour être en phase avec une baisse de la démographie et les efforts faits pour limiter le gaspillage alimentaire». Pour Jean-Marie Séronie, les craintes des agriculteurs français vis-à-vis des objectifs de Farm to fork ne sont pas plus justifiées : «La France ne peut pas être contre puisque les objectifs de Farm to fork sont déjà ceux que l’on recherche chez nous depuis 50 ans ! On peut se réjouir que la politique française soit en phase avec la politique européenne. Même si le chemin n’a pas été facile, on a aujourd’hui un alignement entre la politique agricole française et la politique agricole européenne et cela nous donne une longueur d’avance par rapport à d’autres pays européens qui n’ont pas encore pris cette orientation». Et M. Séronie de l’assurer : «Pour eux, ce sera plus difficile».
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