Accompagner la transition agroécologique en céréales
Compétitivité de la filière, réponse aux attentes sociétales, contraintes réglementaires… les défis des grandes cultures sont nombreux. L’AGPB est venue échanger sur tous ces sujets en Hauts-de-France, le 29 août.
La production de blé cette année est satisfaisante, tant en quantité qu’en qualité. Les prévisionnistes misent sur environ 38 à 39 Mt récoltées au niveau national, ce qui va permettre d’approvisionner les différents marchés. Ce bon résultat cache néanmoins des disparités : par exemple, la Limagne a connu une sécheresse record et donc des rendements en berne. En région, c’est également le cas, selon le type de sol et de précédent. Ces bons résultats sont cependant ternis par un contexte baissier au niveau des prix.
Autre sujet d’actualité de nature à plomber le moral des producteurs de grandes cultures : les discussions en cours concernant les zones de non-traitement à proximité des habitations. «Les chartes de bon voisinage, proposées dans le contrat de solutions soutenu par la FNSEA, et en cours de rédaction dans les départements, sont de nature à favoriser le dialogue entre riverains et agriculteurs. Leur finalisation est indispensable», tenait à rappeler Éric Thirouin, président de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé).
Un projet stratégique
L’AGPB assume un projet d’accompagnement de la transition agroécologique qui s’appuie sur la valorisation de la production par la reconnaissance de la qualité et la certification environnementale. Sur ce sujet, l’ambition est double : faire reconnaître le sérieux et la qualité des productions sur les marchés et auprès de la société, et permettre l’accès aux futures exigences environnementales de la Pac. En effet, la prochaine Pac comportera un volet environnemental, «l’Ecoscheme», qui obligera les États membres à réserver une part des paiements directs du premier pilier au maintien de pratiques agricoles bénéfiques pour le climat et l’environnement, au-delà des exigences obligatoires. Les démarches globales de certifications environnementales entrent bien dans ce cadre.
Il s’agit donc désormais, pour l’AGPB, et l’ensemble des associations spécialisées de la FNSEA qui partagent cette ambition, de bâtir un référentiel basé sur la démarche de certification environnementale qui permettra l’accès à l’Ecoscheme. Pour répondre au mieux aux besoins des exploitants, l’AGPB propose de tester sur le terrain un cahier des charges, en s’appuyant sur des groupes d’agriculteurs volontaires dans les départements et sur des organismes stockeurs, en accompagnement des exploitants. Elle souhaite également être force de propositions concernant les outils d’accompagnement à l’investissement, tels qu’ils existent dans le second pilier de la Pac, à la prise de risque, ou à la mise en place de services environnementaux. L’objectif affiché est bien de retrouver de la valeur ajoutée par tous les canaux existants.
REACTION Éric Thirouin, président de l’AGPB
Retour au bon sens
Malgré une bonne récolte, au global, qui redonne de l’espoir dans les fermes, et qui récompense une année de travail et la technicité des producteurs, nous vivons un contexte de prix bas que les bons rendements n’arriveront pas à compenser.
À cela, s’ajoute une pression insupportable subie par les actions médiatiques de toutes parts, remettant en cause nos pratiques et en doute notre rôle premier de producteurs de denrées alimentaires de qualité pour nos concitoyens. L’incohérence de nos décideurs va même jusqu’à soutenir ce doute vis-à-vis de nos pratiques et, «en même temps», valider des accords internationaux qui nous placent directement en distorsion de concurrence vis-à-vis d’autres pays ne respectant pas nos standards normatifs ! Nous réclamons, et c’est la moindre des choses, un retour au bon sens.
C’est dans ce contexte que l’AGPB a écrit un projet stratégique replaçant l’exploitant agricole au cœur de sa mission de producteur de biens alimentaires, responsable et respectueux des attentes qualitatives et sanitaires des consommateurs. Nous nous sommes positionnés en faveur d’une démarche de certification environnementale qui permettra de faire reconnaître, en France et au niveau Européen, le sérieux des exploitants et le respect des normes environnementales. C’est un choix assumé, que nous souhaitons porter pour la prochaine Pac.