Bovin lait
Antoine Bruniaux, le «petit génie» de l’élevage laitier
Antoine Bruniaux, dix-neuf ans, a réellement découvert l’élevage laitier il y a un an, chez son maître d’apprentissage François-Xavier Dhondt, à Vers-sur-Selle. Pour lui, c’est une révélation. Féru de concours d’élevage, il vient aussi de décrocher le prix jeune du concours Trucs et astuces de la Chambre d’agriculture.
Antoine Bruniaux, dix-neuf ans, a réellement découvert l’élevage laitier il y a un an, chez son maître d’apprentissage François-Xavier Dhondt, à Vers-sur-Selle. Pour lui, c’est une révélation. Féru de concours d’élevage, il vient aussi de décrocher le prix jeune du concours Trucs et astuces de la Chambre d’agriculture.
C’est un bricolage tout simple, mais il fallait avoir l’idée et prendre le temps de le réaliser. Avec deux tubes en métal de diamètres différents, qui coulissent l’un dans l’autre, une vis et un boulon qui permettent de les fixer à la hauteur souhaitée, Antoine Bruniaux a fabriqué un pied de plateau réglable. «On attelle le plateau à paille à trois tracteurs différents, ainsi qu’au télescopique. Tout seul, c’était toujours compliqué. Il fallait trouver une pierre de la bonne taille pour le poser dessus. Avec ça, c’est beaucoup plus simple», présente-t-il. Cette invention lui a permis de décrocher le prix jeune et un bon cadeau de 500 € au concours Trucs et astuces 2023 des Chambres d’agricultures des Hauts-de-France.
Ce pied de plateau est en réalité un exemple parmi tant d’autres inventions de l’apprenti en BTS ACSE au Paraclet, qui travaille depuis un an à l’EARL des Croisettes, chez François-Xavier Dhondt, à Vers-sur-Selle. Son maître d’apprentissage s’en réjouit : «avec mon père, lui aussi très bricoleur, on l’appelle notre petit génie. Il a beaucoup d’idées, et il prend le temps de les mettre en place». Antoine a ainsi bricolé des porte-seaux à fixer sur les niches des veaux, et un repousse fourrage avec un vieux tracteur-tondeuse désormais équipé d’un racloir devant. «Je me suis servi d’un ancien tube d’évacuation coupé en deux et de bouts de ferraille récupérés à droite et à gauche.»
Il a surtout fabriqué un système pour maintenir les vaches dans l’aire paillée lorsque la porte est ouverte, dont il est assez fier. «Je pensais gagner le concours avec ça, parce que c’est ce qui nous soulage le plus au quotidien», avoue-t-il. L’idée lui est venue tout simplement, en voyant un système similaire dans une prairie. «C’est juste un fil tendu à 30 cm du sol, qui est attaché d’un côté par une poignée et de l’autre par une vieille chambre à air, qui joue un rôle de ressort. Ainsi, on peut faire des allers-retours avec le télescopique en roulant dessus autant qu’on veut.» Le tout est alimenté en courant grâce à un fil qui passe sous la toiture du bâtiment, accroché au fil de pâturage qui longe celui-ci.
Ces trucs et astuces qu’il met en place sont sa motivation au quotidien. «J’essaie de trouver des choses simples et pas chères pour soulager des tâches pénibles, et ne garder que le plaisir», sourit-il. Car du plaisir, Antoine en prend beaucoup en élevage laitier. «Jamais je n’aurais cru ça en septembre. Et finalement, j’ai vécu ma meilleure année. Je m’éclate. Je n’ai pas l’impression de travailler.»
Cette implication est aussi due à sa toute récente passion pour les concours d’élevage. «J’ai des amis qui en font au lycée. Je les ai accompagnés et j’ai accroché. Aujourd’hui, j’ai un patron en or qui me permet de vivre ça.» L’éleveur acquiesce : «Je vis pour la génétique depuis toujours. Mais je n’ai jamais sorti mes vaches en concours, pour diverses raisons. Antoine est parti de zéro pour les préparer : il fallait les dresser, leur apprendre à marcher, les nettoyer, les clipper… C’est énormément de temps passé. Alors je trouve normal de lui laisser carte blanche.»
Rendez-vous au Puy du fou
Le premier pied qu’Antoine a mis sur un ring a été une réussite totale. Il s’agissait du concours Prim’Holstein de Montdidier en avril. La vache qu’il menait, Les Croisettes Tease Red (Mirand PP), a remporté le titre de réserve jeune vache. Pour le petit nouveau, c’était une joie intense. Et pour François-Xavier, c’était une émotion jamais vécue auparavant. «C’est à vivre une fois dans sa vie. Je n’en revenais pas», confie-t-il avec des yeux brillants encore aujourd’hui. La prochaine sortie aura lieu à Plaine en fête, le 3 septembre à La-Chaussée-Tirancourt. Et surtout, la place est réservée pour l’open national du Puy du fou les 23 et 24 novembre, qui rassemblera trois-cents vaches à l’occasion des cent ans de l’association Prim’holstein France. Tous concourront pour le titre de «vache du siècle». Mais même sans médaille, dans ce partenariat employeur-apprenti, les deux sortent gagnants. «Un jeune comme Antoine, ce n’est que du bonheur.»
Digne représentant de la Somme à l’École française des jeunes éleveurs
Antoine Bruniaux était le seul participants des Hauts-de-France à l’École française des jeunes éleveurs, qui avait lieu cette année du 4 au 7 juillet, au lycée agricole de la Touche à Ploërmel (56). Cet événement annuel a été créé en 2007 par Prim’Holstein France, «pour transmettre le savoir-faire de professionnels reconnus à des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans désireux de maîtriser la préparation et la présentation d’animaux en concours».
«C’était une expérience incroyable. J’ai beaucoup appris, j’ai rencontré du monde, et je me suis aussi amusé», témoigne Antoine. Un programme dense et varié était proposé aux participants pendant trois jours et demi de formation, avec différents ateliers animés par des intervenants qualifiés : lavage de l’animal, paillage, contention, dressage, alimentation, clippage, tonte, présentation, jugement marketing en élevage... Un concours était organisé dans l’enceinte du lycée en conclusion. Et le vainqueur était… Antoine.