Antoine Guilbaut a ses blondes dans la peau
Ses blondes d’Aquitaine, Antoine Guilbaut y passe un temps fou. Les efforts de l’éleveur de Boismont sont récompensés d’excellents résultats, reconnus par Bovins croissance, et par l’obtention du Sabot d’argent
à la foire de Sedan.
Ses blondes d’Aquitaine, Antoine Guilbaut y passe un temps fou. Les efforts de l’éleveur de Boismont sont récompensés d’excellents résultats, reconnus par Bovins croissance, et par l’obtention du Sabot d’argent
à la foire de Sedan.
S’il n’était pas éleveur, Antoine Guilbaut ne serait pas agriculteur. «J’ai toujours été passionné par les bovins. Quand je me suis installé en 2003, il s’agissait d’un élevage laitier. J’aimais ça, mais il a fallu faire un choix lorsque les mises aux normes se sont imposées. Et l’activité n’est pas facile lorsqu’on est seul.» En 2007, le chef d’exploitation installé à Boismont, près de Saint-Valéry-sur-Somme, fait donc le pari de miser sur l’élevage de blondes d’Aquitaine. «L’élégance de cette vache m’a conquis. C’est la Formule 1 des races allaitantes !»
Antoine Guilbaut entretien cette Formule 1 du mieux qu’il peut. «Je passe un temps fou dans mes vaches», sourit-il. Les résultats suivent : son élevage s’avère le meilleur du groupe Bovins croissance de la Somme, et il a décroché le Sabot d’argent lors de la foire de Sedan début septembre (cf. encadré). Celui-ci compte désormais une cinquantaine de vêlages par an, groupés de début octobre à décembre, «pour pouvoir tout surveiller de près».
Tous les veaux sont issus d’insémination, que l’homme choisi avec précaution. «Le nouvel index des taureaux reproducteurs vient d’ailleurs de sortir. Je le décrypte dans tous les sens !», s’amuse-t-il. La recherche de la vache idéale n’est pas simple. «Elle doit être dotée de qualités maternelles : elle vêle facilement et allaite bien son veau. Elle doit aussi présenter des qualités physiques : avoir une belle robe froment, avec la tête et les membres clairs, être bien conformée, avec de la viande mais une finesse d’os…» À cela s’ajoute le besoin de nouvelles souches, pour faire évoluer la race.
La santé est dans l’assiette
Une bonne alimentation est une autre clé de la bonne conduite du troupeau. Celui d’Antoine Guilbaut profite de six mois d’herbe, grâce à 45 ha de prairies. «Ça partait beaucoup, mais les trois quarts sont en zone humide, dans les marais de la Somme, engagés en Maec (Mesures agroenvironnementales et climatiques).» Cela signifie un chargement limité, et très peu, voire pas d’intrants. Les six mois d’hiver, les animaux sont nourris à l’ensilage de maïs et au foin de dactyle ou de luzerne. La finition se fait en ration sèche : pulpes sèches, maïs grain et tourteaux de lin. Ces aliments sont le plus possible produits sur l’exploitation, qui comprend 63 ha de surfaces fourragères sur 96 ha au total. «L’autonomie alimentaire est un objectif que je me suis fixé. Le prix des aliments a tellement flambé !» Dans ce but, voilà deux ans que des haricots sont mélangés au maïs ensilage pour apporter quelques points de protéine à la ration. «C’est assez satisfaisant, mais cette culture est délicate en année froide et humide comme nous venons de vivre.»
L’œil de l’éleveur est enfin un outil essentiel. Antoine Guilbaut repère, par exemple, le moindre signe de chaleur, pourtant souvent discret chez les blondes d’Aquitaine. «Il faut observer, et écouter», confie-t-il. Une vache prête à vêler qui tournicote dans l’étable peut aussi être un mauvais signe. «Un des soucis de la race et la torsion de matrice. Si le vétérinaire ne la remet pas vite en place, ça peut conduire à la mort du veau.» En parlant de vétérinaire, voilà un point sur lequel l’éleveur ne fait pas les meilleures économies. «Je préfère prévenir que guérir.» La marge brute dégagée reste cependant parmi les meilleures du département, avec 700 € par UGB et de 1 100 € par hectare de SFP (chiffre Bovins croissance).
Séduisante vente directe
Pour améliorer cette marge, voilà cinq ans que l’éleveur mise sur la vente en circuit court. «Je commercialise sept à huit vaches par an en direct, en caissettes de 10 kg, sur commande.» Il alimente aussi quelques boucheries, et a rejoint la marque Baie de Somme saveurs, qui impose de «bonnes pratiques» liées à un élevage extensif dans son cahier des charges. Avec ces circuits de commercialisation, l’homme a découvert le contact avec les consommateurs. «Quand on reçoit une photo d’une côte à l’os au barbecue qui a régalé la famille, c’est très plaisant ! Surtout, ça permet d’échanger sur nos pratiques. Certains sont loin de la réalité.»
L’amélioration de son troupeau est une quête perpétuelle. Cette année, deux vaches ont été sélectionnées par Gènes Diffusion en tant que mères à taureaux. Leurs veaux, ainsi que ceux issus de leurs embryons, naîtront cet automne. «Même si aucun mâle n’est acheté, les femelles feront évoluer le niveau génétique», se réjouit-il. L’éleveur a aussi choisi d’intégrer le gène sans corne, avec une des deux mères à taureaux croisée avec un taureau homozygote sans corne. «Ce gène est parfois sélectionné au détriment des qualités bouchères, mais il est important pour l’avenir. Écorner est un crève-cœur pour moi.»