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Endives
Après le coût de l’énergie, les endiviers sous le coup d’interdictions de molécules

Les endiviers des Hauts-de-France s’inquiètent de la disparition de solutions de désherbage et de lutte contre les parasites. Le député (LR) Julien Dive est venu à leur rencontre dans la Somme, fin de semaine dernière.

Alors qu’une réunion de sensibilisation aux difficultés des filières endive et chicorée devait se tenir à Lille le 20 février, fin de semaine dernière - le 16 février -, l’Association des producteurs d’endives de France (Apef) a reçu le député (LR) de l’Aisne, Julien Dive, pour lui exposer ses inquiétudes. La rencontre a eu lieu chez Hervé Persyn, à Fins (80) et a duré plus de deux heures. Julien Dive et pourquoi pas un autre parlementaire ? Parce qu’après avoir bouclé un premier «tour des fermes de France», l’élu axonais, qui est aussi vice-président de sa formation politique en charge des questions agricoles, est actuellement engagé dans un second périple.

 

Un prix de l’énergie toujours plombant

Pour les producteurs d’endives des Hauts-de-France, la question du coût de l’énergie, d’abord, est loin d’être réglée. «Il y a un an, j’étais prêt à tout arrêter», rappelait il y a quelques jours Hervé Persyn, installé à Fins. «On pense que la crise énergétique est passée, mais pas du tout ! On a signé des contrats de fourniture d’électricité à des prix astronomiques…» Demander une renégociation de ces contrats ? Compliqué à cause des pénalités infligées par les fournisseurs en cas de rupture anticipée. Si certains producteurs ont investi à la hâte dans l’installation de panneaux photovoltaïques ou ont fait fonctionner des groupes électrogènes pour profiter d’une fourniture d’énergie à un prix plus faible, ce qui a sauvé Hervé Persyn, «c’est l’augmentation du prix de l’endive». «On a tellement parlé du sujet l’an dernier que les GMS comme les consommateurs ont accepté de payer l’endive un peu plus cher…», constate le producteur. Mais pour Pierre Selosse, producteur à Villers-Guislain, dans le Nord, l’équation n’est pas bonne : «C’est le consommateur qui paie les pots cassés.»

 

Des difficultés à recruter

Autre sujet maintes fois évoqué par la filière endives, celui de la main-d’œuvre. Pour les entreprises endivières, qu’il s’agisse du travail au champ ou en endiverie, trouver des salariés n’est pas simple. «On pourrait produire plus d’endives, mais c’est compliqué parce qu’on ne trouve pas de personnel, regrette Hervé Persyn. Pour donner 100 € de plus à mes salariés, ça va me coûter 430 € par tête !» Quant à la pénibilité du travail, elle ne joue pas vraiment non plus en faveur des métiers de l’endive : «À qui allez-vous demander d’arracher des chénopodes à la main ?», interroge le producteur samarien. Pourtant, alors que l’interdiction de la benfluraline (Bonalan) dans les champs d’endives se profile, c’est peut-être ce qui attend les producteurs de racines d’endives. Et si cela ne suffisait pas, d’autres solutions chimiques pour protéger les parcelles des pucerons et des adventices sont aussi sur la sellette. Leur nom commercial ? Safari, Movento.

 

Risque d’abandon de la production

Pour les endiviers, à défaut de trouver des solutions rapidement, le risque est un abandon de la production : «Si des producteurs d’endives qui doivent acheter de la racine à l’extérieur n’en trouvent plus, ils feront autre chose…», prédit Hervé Persyn. Face à des demandes d’homologation de solutions phytopharmaceutiques «longues, coûteuses et incertaines», le président de l’Apef, Philippe Bréhon, regrette que certains fabricants «finissent par jeter l’éponge». Face à un député qui se montre compréhensif, les critiques fusent à l’encontre des pouvoirs publics, qu’ils soient français ou européens, dont un ministre de l’Agriculture «qui ne mouille pas assez le maillot pour nous», dit Pierre Selosse. Même l’Inrae en prend pour son grade : «L’Inrae est complètement sclérosée», regrette de son côté Hervé Persyn qui dénonce une recherche menée «avec des œillères.» Quant aux politiques, c’est Julien Dive qui déclare «regretter qu’ils se soient dédouanés de leur responsabilité en donnant les clés à l’Anses» en ce qui concerne les autorisations de mise en marché des produits phytos. Depuis la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt du 13 octobre 2014, entrée en application au 1er juillet 2015, c’est en effet à l’Anses de décider ou non de l’autorisation de mise en marché des matières fertilisantes, des adjuvants pour matières fertilisantes et des supports de culture (MFSC).

Heureusement, il reste à la filière endive l’opportunité de mener ses propres programmes de recherche, mais est-ce vraiment suffisant ? Pas sûr, à en croire Philippe Bréhon : «Pour le moment, nous n’avons pas de solution mobilisable avant les dates butoirs qui nous sont imposées. Nous avons besoin de temps pour trouver des alternatives et pour que l’innovation nous offre de nouvelles solutions chimiques ou mécaniques.»

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