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Assemblée générale de Groupama

L’assureur mutualiste régional organisait une rencontre à Amiens, ce 7 mai. Au programme : table ronde sur l’actualité du groupe et conférence du météorologue Louis Bodin.

De gauche à droite, Eric Gelpe, directeur général, Christophe Buisset, président de Groupama Somme, et Christian Fraysse, directeur de Groupama Somme, faisaient le point sur les activités. 
De gauche à droite, Eric Gelpe, directeur général, Christophe Buisset, président de Groupama Somme, et Christian Fraysse, directeur de Groupama Somme, faisaient le point sur les activités. 
© A. P.



Comment va Groupama Paris Val de Loire ? «Nous avons une dynamique commerciale très soutenue, avec des années consécutives à plus de 4 %», assure Eric Gelpe, directeur général du groupe, lors de la rencontre organisée à Amiens, ce 7 mai.
En pratique, l’assureur mutualiste régional a développé tous les marchés. La santé individuelle notamment (qui représente 115 millions d’euros de chiffre d’affaires aujourd’hui). «Ce secteur avait baissé, du fait de l’obligation pour les salariés de souscrire à la mutuelle de leur entreprise. Mais nous avons su nous rattraper sur l’assurance collective, individuelle avec les jeunes retraités, et quelques auto-entrepreneurs, par exemples.» L’ACPS (petites entreprises) connaît une forte augmentation : + 7 % pour les garages, + 20 % pour les constructions…

Marché agricole en hausse
Le marché agricole est, lui aussi, en hausse. «Même si l’agriculture connaît une période de crise, la matière assurable ne réduit pas. Le matériel est coûteux et le niveau de risques des exploitations, qui se diversifient de plus en plus, augmente.» Groupama est notamment reparti en conquête pour l’assurance multirisque récolte qu’elle propose. «L’année catastrophique 2016 est bien sûr la plus exceptionnelle. Nous avons reversé 155 M de sinistralité pour 30 Mde cotisation.» En 2017, les sinistres s’élevaient à 16 M€ pour 33 M€ de cotisations. En 2018, ils étaient de 29 M€ pour 35 M€ de cotisations. «Des sinistres liés à la météo, avec des excès d’eau par endroit et, à l’inverse, la sécheresse ailleurs, et à des incendies dans des entrepots.» Christian Fraysse, directeur de l’établissement de la Somme, l’assure : «En comptant les frais d’expertise, nous ne sommes même pas à l’équilibre en moyenne dix ans
Ces pertes sont compensées par les bons résultats financiers. Groupama Paris Val de Loire a notamment réalisé une grosse plus-value immobilière à La Défense, et des allers et retours sur le marché des actions qui se sont révélés fructueux. «Nous apportons 11 MÄ de contribution au résultat combiné du groupe», annonce Eric Gelpe. Les fonds propres sont ainsi confortés, avec 626 M€, pour un chiffre d’affaires de 643 MÄ, soit 380 % de solvabilité.

Rayonnement mutualiste
Parallèlement à ses activités commerciales, Groupama Paris Val de Loire a poursuivit son rayonnement mutualiste (mécénat et sponsoring sportif, BCE, accompagnement de start-up…) «Nous sommes au plus proche de nos sociétaires.»
Dans le secteur agricole, notamment, le groupe a mis en place une application nommée Gari, qui aide les agriculteurs dans la gestion de l’exploitation. La première version a été lancée cette année. Elle comporte un gestionnaire de tâches, pour organiser l’activité (rendez-vous, entretien du matériel…), la vidéosurveillance, pour accéder à distance et en temps réel aux endroits clés de l’exploitation, l’accès à des prévisions météo et à un radar de pluie (rafales de vent et sens du vent, précipitation et risque de pluie, pourcentage d’hygrométrie, indicateur agronomique et données agronomiques), des sondes à fourrage connectées, ou encore les cours des céréales.

Louis Bodin : «le monde agricole a un rapport naturel avec le climat»

Louis Bodin, ingénieur météorologiste responsable de la météo sur TF1 et RTL, animait une conférence «quand la météo nous apprend à réfléchir sur notre terre».

Que peut-on dire face aux nombreux avis émis quant aux conséquences du réchauffement climatique ?
J’essaie de remettre les choses à leur place, car on est dans une forme d’emballement. Tout d’abord, il faut savoir que la météorologie est une science très jeune : les premiers relevés météo scientifiques datent de 1870, et les premières images satellites ont été prises en 1961. Mais des phénomènes météo forts ont été enregistrés depuis longtemps. En 1709, la France a connu le «grand hiver» et Paris était sous 60 cm de neige. En 1967, deux tornades ont ravagé le Nord-Pas-de-Calais et ont causé des morts. Dans le monde aussi, certains événements ont été catastrophiques. Par exemple, la sécheresse de 1900, en Inde, a causé plus de trois millions de morts. Alors à ceux qui s’exclament à chaque phénomène climatique «on n’a jamais vu ça», je leur réponds que si, et qu’en plus, comme les moyens de lutte étaient moindres, ils faisaient encore plus de dégâts humains. Il y a bien un réchauffement climatique, mais les variations de température et les catastrophes naturelles ont toujours existé.

Peut-on prédire le comportement de la météo dans les prochaines années ?
La zone tropicale connaît un phénomène de désertification et la fonte des glaces s’accélère aux pôles, surtout au Nord. Ce sont deux faits indéniables, liés au réchauffement climatique. Mais pour la suite, l’incertitude nous accompagne. Si le Golf stream s’accélère à cause des eaux froides qui se déversent, en France, nous pourrions connaître des périodes très froides. A côté de cela, nous n’avons pas connu d’événement majeur d’éruption volcanique depuis trois cents ans, et des spécialistes pensent que cela pourrait arriver dans les prochaines années. Cela aurait pour conséquence une aire glaciaire dans le monde d’une trentaine d’années. Nous devons en tout cas prendre conscience que nous avons un impact sur le climat. Nous devons faire en sorte qu’il ne soit pas irréversible pour les générations futures et les espèces qui vivent avec nous. Le débat doit être ouvert sur les solutions, qui doivent être pensées à l’échelle mondiale.

Comment faire pour se protéger au maximum de ces événements météo extraordinaires ?
Nous devons réintégrer la variabilité météo dans notre développement économique. D’autant plus en France, car c’est le seul pays qui offre une telle diversité météorologique : il présente des climats océanique, océanique dégradé, méditerranéen, méditerranéen dégradé, de haute-montagne, semi-continental et semi continental dégradé ! Comment anticiper les conséquences d’une mauvaise récolte, par exemple, fait partie des questions à se poser. Le monde agricole, en l’occurrence, a plus ce rapport naturel avec le climat que le reste de la population. En parallèle, la science poursuit ses progrès pour des prévisions toujours plus pointues. Aujourd’hui, elles sont fiables de vingt-quatre heures à sept jours maximum. Au-delà, c’est du domaine de la recherche. Nous avons espoir de les améliorer dans les cinq prochaines années, surtout en apportant de meilleures prévisions à petite échelle.

Comment redonner du «bon sens paysan» aux décisionnaires, qui prennent parfois des mesures à l’encontre des bonnes pratiques agricoles ?
Il faut absolument retrouver la confiance envers les professionnels. Les agriculteurs doivent montrer que leur activité est vertueuse, et ça, c’est très compliqué. Mais il faut surtout rebâtir le monde sur la science. L’exemple du diesel est une caricature incroyable, car le bannir est un contresens scientifique. Il émet moins de pollution atmosphérique que l’essence ! On confond d’ailleurs souvent pollution et réchauffement climatique… Enfin, les politiques sont souvent dans une forme d’impatience : on veut tout régler tout de suite. Pourtant, en matière d’environnement, c’est souvent une affaire de temps. Il ne faut pas oublier non plus que la nature, seule, est très résiliante.

Propos recueillis par A. P.

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