Fourrage
Assurer la qualité des récoltes d’herbe
Qu’elle soit pâturée ou récoltée, l’herbe est une voie d’amélioration de l’autonomie alimentaire des élevages à condition de veiller à sa qualité, comme pour tous les fourrages d’ailleurs. Voici quelques-unes des bonnes pratiques afin d’assurer la qualité des récoltes d’herbe.
Qu’elle soit pâturée ou récoltée, l’herbe est une voie d’amélioration de l’autonomie alimentaire des élevages à condition de veiller à sa qualité, comme pour tous les fourrages d’ailleurs. Voici quelques-unes des bonnes pratiques afin d’assurer la qualité des récoltes d’herbe.
Le séchage de l’herbe est la phase essentielle. Une fois l’herbe fauchée, l’eau qu’elle contient doit être rapidement évacuée. En présence d’eau, les cellules de la plante continuent de consommer les sucres disponibles, au détriment de la valeur alimentaire du fourrage. Un séchage rapide est l’assurance d’une bonne conservation et un moyen de maximiser la qualité. Toutefois, la vitesse de séchage n’est pas linéaire : très rapide immédiatement après la fauche, elle ralentit progressivement jusqu’à ne plus évoluer.
Juste après la fauche, les stomates de la plante sont encore ouverts et évacuent facilement l’eau. La MS augmente jusqu’à 35-40 %. En phase 2, les stomates se sont refermés, l’eau doit traverser la cuticule pour s’évacuer jusqu’à atteindre 65-70 % de MS. Au-delà, en phase 3, il ne reste plus que l’eau intracellulaire à évacuer, le séchage est donc beaucoup plus lent. Pour obtenir un ensilage à un taux de 30 % de MS, il est nécessaire d’évacuer 7 000 litres d’eau par hectare à travers les stomates.
Cette cinétique est plus ou moins rapide selon les conditions météorologiques. Mais les pratiques techniques jouent également un rôle majeur. Lors des phases 1 et 2, la surface de fourrage au con-tact des rayonnements du soleil et la «porosité» de l’andain au vent vont augmenter la vitesse de séchage et donc limiter les pertes en sucres. Il faut donc étaler et aérer !
Stade de récolte et hauteur de coupe
Selon les stocks et les besoins des animaux, il est important de fixer un objectif de stade de récolte. Pour un ensilage ou un enrubannage, la fauche est à réaliser avant le début de l’épiaison afin de conserver un maximum de valeurs alimentaires. À l’épiaison, la cellulose augmente tandis que l’énergie et la matière azotée diminuent, caractéristiques propres au foin.
La hauteur de fauche influence directement le temps de séchage. Une hauteur de 7 cm environ et à plat facilite la circulation de l’air sous l’andain tout en l’isolant de l’humidité du sol. Par la même occasion, cette hauteur réduit l’exposition du sol au soleil et donc l’évaporation, la prise de terre et donc le risque de butyrique. Faucher à 6 cm n’augmenterait le rendement que de 100 kg de MS par hectare, sans compter qu’une fauche plus haute améliore la reprise de la végétation. Finalement, la fauche à 7 cm permet de gagner 1 t de MS/ha en une saison par rapport à une fauche à 5 cm. Elle favorise la valeur alimentaire avec un point de MAT en plus qu’une coupe à 3 cm. Attention, pour la luzerne, la hauteur de fauche conseillée est de 8 cm.
Autres réglages et points d’attention : des couteaux affutés pour réduire la consommation de carburant et favoriser la repousse et surveiller l’état des patins et l’inclinaison du plateau de fauche. Pour finir, le type de faucheuse va également jouer un rôle dans la préservation des feuilles. Une faucheuse classique à plat est très adaptée aussi bien pour une parcelle de graminées que de légumineuses, alors qu’une conditionneuse à doigts génère jusqu’à 38 % de pertes.
Ne pas flâner avant de faner
L’étape du fanage est la plus délicate. C’est à ce moment qu’interviennent les pertes les plus importantes. L’idéal est de faner dans les deux heures après la fauche, et à chaque différence nette d’humidité entre le dessus et le dessous du fourrage, mais éviter la pleine chaleur.
Pour réduire les pertes, une vitesse d’avancement rapide et un régime de toupie lent sont généralement payants, particulièrement quand le fourrage est sec (ex : avancement 10 km/h et régime de 350 tours). Lors de la formation de l’andain, il est conseillé de travailler à vitesse réduite afin de préserver les feuilles, d’autant plus en présence de légumineuses. L’andainage est à réaliser après la rosée pour éviter toute réhumidification.
Pour un travail de qualité, veillez à la hauteur de l’attelage, la hauteur de travail des toupies (sou-vent entre 2 et 3 cm) et l’inclinaison des toupies. Ce dernier point varie selon le fourrage récolté ; un angle faible pour des petites quantités ou des récoltes fragiles (luzerne, trèfle) et un angle plus élevé pour des produits lourds et volumineux. Enfin, le réglage du troisième point doit permettre à la faneuse de bouger librement lorsqu’il y a une roue de jauge qui doit être réglée et convenablement gonflée.
L’heure de la récolte
L’ensilage est un processus de fermentation visant à conserver les fourrages le plus proche possible de leurs valeurs alimentaires en vert. La matière sèche et la teneur en sucre sont deux éléments majeurs permettant la conservation. Plus le fourrage est sec, plus son pH de stabilité est élevé. L’objectif est d’évacuer l’oxygène le plus rapidement possible. Une longueur de brins de 2 à 4 cm garantit un tassage de qualité et favorisera la libération des sucres. Un fourrage fauché trop tardivement est riche en cellulose et pauvre en sucres, la fermentation lactique sera faible et la diminution du pH insuffisante. Le risque de développement d’acide butyrique et de moisissures augmente.
Atteindre 85 % de MS, taux nécessaire à la récolte de foin, implique une longue période de météo favorable et entraîne des pertes plus importantes (qualité et quantité). La qualité alimentaire est très liée au stade de récolte, au type de prairies et surtout à la phase de séchage. Chaque passage d’outil «agresse» le fourrage, notamment les feuilles qui sont à l’origine de la valeur alimentaire. Elles sèchent deux fois plus rapidement que la tige, il est donc indispensable de faire attention aux pertes de feuilles.
Faut-il un conservateur pour les ensilages d’herbe ?
Les accélérateurs d’acidification (acide formique, acide propionique, bactéries lactiques homofermentaires ou hétérofermentaires associées ou non avec des enzymes) ne sont pas nécessaires si l’herbe est jeune (avec du sucre) avec un taux de MS compris entre 30 et 40 % de MS, coupée courte, bien tassée et que le tas est fermé rapidement et pendant un minimum de six semaines. Avec ces conditions, la baisse du pH sera rapide.
Au contraire, ils peuvent être intéressants sur des ensilages de luzerne ou à proportion de légumineuses importante, car le «pouvoir tampon» de ces plantes est plus important. Les retardateurs d’échauffement (acide propionique ou bactéries lactiques hétérofermentaires) limitent les reprises de fermentation et peuvent avoir un intérêt si les conditions de reprise ne sont pas optimales (en période estivale par exemple). En cas d’utilisation d’acide, il est préférable de s’orienter vers des formes tamponnées moins agressives pour le matériel. Pour les bactéries et enzymes, la dilution est à réaliser avec de l’eau minérale ; une eau traitée à la javel ou au chlore (adduction, puit) pourrait les détruire.
L’utilisation d’un conservateur est un élément supplémentaire pour que le fourrage reste de qualité. Mais le conservateur ne transformera jamais un mauvais fourrage en bon ensilage.