Santé animale
Aux États-Unis, la grippe aviaire touche les bovins
Après qu’un deuxième cas humain de grippe aviaire hautement pathogène a été détecté et confirmé début avril, les autorités sanitaires américaines sont en alerte. D’autant que le virus H5N1 a franchi la barrière des espèces et s’étend désormais aux élevages bovins.
Après qu’un deuxième cas humain de grippe aviaire hautement pathogène a été détecté et confirmé début avril, les autorités sanitaires américaines sont en alerte. D’autant que le virus H5N1 a franchi la barrière des espèces et s’étend désormais aux élevages bovins.
Selon les dernières données disponibles auprès du ministère américain de l’Agriculture (USDA), ce sont huit États qui, le 16 avril, étaient touchés par le variant bovin de la grippe aviaire : l’Idaho, le Dakota du Sud, le Michigan, l’Ohio, le Kansas, le Nouveau Mexique, le Texas et la Caroline du Nord. En tout, ce sont 28 foyers qui affectent les bovins à travers le pays. Les autorités sanitaires pensent que l’extension de cette épizootie est due à la faune sauvage. C’est par les oiseaux migrateurs que le virus H5N1 est arrivé au début de l’année 2022 sur le continent américain, provoquant d’importants dégâts dans les fermes. En effet, 48 des 50 États ont été infectés et ce sont plus de 85 millions de volailles qui ont dû être abattues. Le Canada lui-même est confronté à une épidémie de grippe aviaire H5N1, avec plus de 11 millions de volailles domestiques touchées et abattues à ce jour. Pour le service d'inspection des animaux et des plantes (Aphis) de l’USDA, les oiseaux migrateurs sauvages sont toujours considérés comme la source originale du virus cette année, bien que les études aient révélé des cas de propagation du virus liés aux mouvements de bétail entre les troupeaux. Ce qui expliquerait en partie le développement de l’épizootie. Le premier cas de grippe aviaire sur bovin est apparu le 22 mars dernier. Fait tout aussi inquiétant, cette même Aphis a noté que le virus a pu faire le chemin inverse puisqu'il existe des preuves que le virus s'est propagé des troupeaux laitiers vers les troupeaux de volailles par une voie inconnue.
Un vaccin à l’étude
Malgré des rapports isolés d'autres types de grippe chez les bovins, les vaches n'ont pas été considérées comme très sensibles au virus jusqu'en 2011, lorsque les scientifiques ont découvert une nouvelle forme du virus, la grippe D, chez les vaches et les porcs en France et aux États-Unis. L’Aphis a commencé à évaluer le potentiel de développement d'un vaccin H5N1 pour les vaches. Mais pour ce service, il est difficile de dire combien de temps le développement d’un tel vaccin pourrait prendre, parce qu'il y existe encore des questions sur la transmission au bétail et les caractéristiques d'infection chez les vaches. À ce jour, aucun abattage préventif de bovin n’est prévu, a confirmé l’USDA, étant donné que la maladie n’est pas mortelle pour les bovins et qu’elle se résorbe d’elle-même. Parmi les symptômes détectés, les vétérinaires constatent une diminution de l'appétit et une baisse de la production de lait. Les agriculteurs sont tenus de détruire le lait produit par les vaches malades, de sorte que le public ne soit pas exposé. La vigilance reste de mise quant aux mouvements d’animaux. Le Canada a d’ailleurs renforcé sa surveillance aux frontières. Depuis le 27 mars dernier, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a établi plusieurs zones de contrôle primaire en Alberta afin de prévenir la propagation du virus H5N1.
La grippe aviaire inquiète l’OMS pour sa transmission à l’homme
Le 18 avril, l’Organisation mondiale de la santé a fait part de sa crainte face à la propagation croissante de l’influenza aviaire hautement pathogène la souche (virus H5N1). Selon l’organisation, «le taux de mortalité (est) extraordinairement élevé», à de nouvelles espèces, y compris les humains. En effet, entre le début de l’année 2023 et le 1er avril 2024, l’organisme a recensé 889 cas humains de grippe aviaire dans 23 pays, dont 463 décès, soit un taux de létalité de 52 %. Elle s’inquiète aussi que les systèmes de surveillance et de détection restent à ce jour «insuffisants». Le virus H5N1 a déjà franchi la barre des espèces, en passant des volailles au porc, des volailles aux bovins. Les contaminations humaines se réalisent généralement après un contact prolongé avec les animaux infectés.