Aviko confirme son appétit pour la pomme de terre française
Le démarrage de l’activité d’une nouvelle usine de transformation de pommes de terre à Poperinge (B) par le néerlandais Aviko ouvre des perspectives aux producteurs du grand nord de la France.
Le démarrage de l’activité d’une nouvelle usine de transformation de pommes de terre à Poperinge (B) par le néerlandais Aviko ouvre des perspectives aux producteurs du grand nord de la France.
Pour alimenter une nouvelle usine de fabrication de frites et de flocons, il faut de la matière première et c’est en France que l’industriel néerlandais vient la chercher. Même s’il explique qu’il aurait «préféré» que cette implantation ait lieu sur le sol français plutôt qu’à Poperinge, le président de l’association Producteurs pour Aviko (PPA), Alain Dequeker était enthousiaste la semaine dernière à l’évocation des perspectives que cet investissement crée pour la filière française. En résumé, «Aviko est à la recherche de surfaces et de producteurs, en France, comme en Belgique», a-t-il exposé. Et cela tombe bien car, toujours selon M. Dequeker, «il y a encore de la place». À Ramecourt (62), milieu de semaine dernière, le groupement PPA tenait sa quatrième assemblée générale. C’est cette organisation qui assure le lien entre Aviko et les producteurs fournisseurs de l’industriel. Aux Pays-Bas, PPA a une structure homologue sous le nom de ATC.
700 000 tonnes transformées en 2025
Jusqu’au démarrage de l’usine de Poperinge il y a quelques jours, les pommes de terre produites par les adhérents de l’association PPA étaient jusqu’alors destinées à approvisionner l’usine Aviko de Proven, soit servaient l’activité de négoce d’Aviko. Adossé au groupe coopératif Cosun, Aviko n’est pas forcément le plus connu des industriels de transformation de pommes de terre, bien qu’il occupe la deuxième place au niveau européen après… McCain. S’il a décidé d’investir maintenant – le projet était en discussion depuis 2013 –, c’est la ville de Poperinge qui a été choisie pour sa proximité avec une zone de production historique, des infrastructures routières et maritimes proches et un savoir-faire dans la culture de la pomme de terre. L’usine traite actuellement 200 tonnes de tubercules par semaine mais envisage d’atteindre les 7 000 tonnes par semaine d’ici un an. Actuellement (2021), les besoins de l’industriel sont de 100 000 tonnes mais devraient progressivement «monter» à 300 00 tonnes en 2022, 350 000 tonnes en 2023 et jusqu’à 700 000 tonnes en 2025. Aviko appuie son développement sur une croissance du marché mondial des produits à base de pommes de terre qu’il estime à 17,3 millions de tonnes de produits finis en 2025 contre 13,3 millions de tonnes aujourd’hui.
«Être meilleur que les autres»
En ce qui concerne les contrats 2022, «les discussions n’ont pas encore commencé avec les responsables de PPA, mais cela devrait arriver incessamment», indiquait François-Xavier Broutin le
25 août dernier. Toutefois, une chose semble acquise : «Compte tenu du contexte (à la fois sanitaire et industriel, ndlr), les prix de contrats vont augmenter», a-t-il dit. Une augmentation comprise entre 15 et 20 E par tonne pourrait constituer la base des futures négociations. Dans les arguments mis en avant pour convaincre de nouveaux producteurs de s’engager, le responsable approvisionnement France-Belgique cite en vrac «la mise en place de contrats-hectare – ce serait alors une nouveauté –, des débouchés variés, un paiement à trente jours, un département agronomie aux côtés des producteurs», un esprit de dialogue en cas de litige… En ce qui concerne les contrats pluriannuels, enfin, «la porte n’est pas fermée», a ajouté François-Xavier Broutin. Qui rappelle toutefois que «le principe d’un contrat pluriannuel est de s’engager sur des termes fixes pour plusieurs années». Dans un marché concurrentiel, où les industriels ont l’habitude de s’observer et de se tirer la bourre, Dick Zelhorst, le directeur d’Aviko Potato sait qu’il doit faire preuve d’ingéniosité (et de générosité) pour séduire, après avoir entendu autant de louanges que de griefs de la part des représentants du groupement PPA : «Si nous voulons attirer chez nous des producteurs, à nous d’être meilleur que les autres», a-t-il admis.