Pommes de terre
Aviko veut aller plus vite en matière d’agriculture durable
L’assemblée générale du groupement des producteurs de pommes de terre pour Aviko (PPA) a donné l’occasion à l’industriel néerlandais de présenter son programme pour une agriculture durable.
L’assemblée générale du groupement des producteurs de pommes de terre pour Aviko (PPA) a donné l’occasion à l’industriel néerlandais de présenter son programme pour une agriculture durable.
Les explications de Dick Zelhorst n’ont pas fait oublié aux producteurs de pommes de terre pour Aviko ce qu’ils étaient venus chercher… c’est-à-dire les prix des contrats d’approvisionnement pour la campagne 2025. Mais comme l’an dernier, à pareille époque, même pas une tendance si ce n’est que quelques «réflexions». Dans son propos, le représentant de la direction du groupe Aviko et responsable de l’approvisionnement en matière première pour les usines Aviko d’Europe et de Chine a bien évoqué «les coûts de production qui ne baissent pas, le prix plus élevé des plants, des risques plus importants» pour laisser penser que les contrats 2025 pourraient être revalorisés. Mais il a aussi, lors de la même présentation, fait part de ses craintes vis-à-vis de la concurrence vive d’autres acteurs industriels, l’inflation qui pèse sur la fréquentation des restaurants ou encore la progression des volumes de pommes de terre au sein de l’Union européenne. Enfin, pour Aviko, jouer la montre est aussi une manière de ne pas servir d’étalon «prix» à d’autres industriels concurrents.
Promesse de durabilité
L’industriel s’est montré en revanche plus prolixe sur la démarche d’agriculture durable qu’il compte mettre en œuvre d’ici quelques semaines. Si le sujet n’était l’an dernier qu’à l’étape de projet, il semble cette année plus avancé. Baptisé «Vers l’agriculture de demain», le programme d’Aviko pour une production de pommes de terre plus durable s’appuie sur quatre piliers : santé des sols, eau, biodiversité et climat. Pour les représentants d’Aviko, «un approvisionnement durable en matières premières est décisif pour le succès futur du secteur de la transformation de pommes de terre aux Pays-Bas, mais aussi plus largement dans l’Union européenne.» La manière de faire ? «On table sur la mise en place continue d’actions pour s’améliorer sur chacun de ces sujets», détaille Michiel ten Duis. Chaque producteur adhérent au groupement PPA peut s’engager, «quel que soit son niveau d’engagement dans l’agriculture durable», insiste-t-on chez Aviko. L’engagement d’une durée de quatre ans prévoit une progression par palier : du «débutant» à l’expert» en passant par le niveau «avancé». Pour le producteur qui s’engage dans cette démarche, à la clé, une rémunération supplémentaire de 5 €/t de pommes de terre contractualisée. La progression sera évaluée «d’une année sur l’autre», et s’appuiera sur l’expertise de la société de conseil en agronomie Green Sol. Si Aviko y voit une manière d’améliorer l’image de la pomme de terre et de répondre à l’attente de ses clients, le président du groupement PPA, Alain Dequeker, aimerait y voir une façon «d’endiguer la stagnation, voire la baisse des rendements que l’on constate par un changement de pratiques qui est accompagné». Plutôt enthousiaste, il voit dans le démarche «Vers l’agriculture de demain» plus «qu’un simple programme de décarbonation».
Accompagnement financier
D’ici la fin de l’année 2024, un groupe d’une vingtaine d’agriculteurs devrait faire figure de pionniers de la démarche initiée par Aviko. «Si l’on veut avancer sur la durabilité, la rémunération doit suivre», a insisté Alain Dequeker dans son discours de conclusion de l’assemblée générale de l’association PPA. Et Dick Zelhorst de lui répondre en assurant avoir «conscience que si l’on veut vous emmener dans la durabilité, il faudra payer…» Un signe quant au niveau de prix des futurs contrats ?
Contrats 2025, ce qui va changer
Sans éléments chiffrés, c’est donc sur des aspects «réglementaires» et techniques que les échanges sur les contrats 2025 ont eu lieu entre Jan Pieter Rijpma, Agathe de Breyne pour Aviko et les producteurs. En ce qui concerne l’approvisionnement en plants, «il y aura moins de plants coupés que l’an dernier et plus de plants de petit calibre (28-35 mm)», ont en premier lieu expliqué les représentants d’Aviko. L’approvisionnement des agriculteurs en plants reste du domaine exclusif d’Aviko, hormis dans les cas d’autoproduction de plants. En ce qui concerne les types de contrats, «il y en a toujours de différentes sortes», a prévenu Agathe de Breyne, lesquels sont «classés» en deux grandes catégories : le contrat «tonne» et ses quatre déclinaisons, et le contrat «hectare». «En tant que groupement, on est très attaché au contrat à la carte», a défendu de son côté Alain Dequeker. Et de conseiller aux producteurs de «demander à leur agent de plaine quels types de contrats s’offrent à eux». Fonction du «profil», chaque producteur peut en effet avoir des attentes différentes : «L’intérêt d’un jeune producteur ne sera pas le même que celui d’un producteur en fin de carrière», a ajouté le président de PPA.
Si augmentation de volumes il doit y avoir en 2025, elle devrait être limitée, selon les responsables d’Aviko. L’industriel, qui confirme avoir besoin de 300 000 tonnes de pommes de terre supplémentaires dans les prochaines années pour alimenter une seconde ligne de production dans son usine de Poperinge ne semble pour autant pas pressé : «Nous allons d’abord proposer aux producteurs Aviko de longue date, à ceux qui travaillent bien et avec lesquels nous entretenons de bonnes relations d’augmenter un peu leurs surfaces», a déclaré Agathe de Breyne. Et Alain Dequeker de compléter : «la volonté d’Aviko de développer les surfaces existe, mais ce n’est pas fait…» Du coup, «la hausse des surfaces ne sera pas forcément à la hauteur de vos espérances et la priorité sera donnée à ceux qui avaient été contraintes de les diminuer l’an dernier.»