Benoît Ghesquière : «cultiver la Pompadour est technique»
Benoît Ghesquière, installé à Revelles, est l’un des six producteurs de la Pompadour Label rouge. Pour lui, c’est une diversification intéressante, mais qui nécessite une bonne maîtrise de la culture.
Benoît Ghesquière a planté ses premières pommes de terre en 2007, pour diversifier son assolement et ses revenus. Et dès le début, la Pompadour a fait son apparition dans ses champs. Il en cultive aujourd’hui 8 ha chaque année. «Quitte à investir, à l’époque, j’ai pris le parti de faire de la chair ferme, car plus rémunérateur, confie le polyculteur de Revelles. Toutes mes pommes de terre sont livrées à Touquet Savour, avec qui un minimum de rémunération a été établi.»
Cultiver la Pompadour est cependant délicat. «Elle est encore plus sensible aux variations climatiques et surtout à la sécheresse, donc l’irrigation est obligatoire !» La variété s’avère particulièrement sujette à la gale, une maladie bactérienne qui se manifeste sous la forme de lésions superficielles des tubercules, s’enfonçant parfois en forme de cratères. Elle est également un peu sensible au mildiou.
Des précautions sont donc à prendre. La plantation se fait autour du 15 avril, pour une récolte vers le 10 septembre. Première étape : une bonne préparation du sol. «Après un passage de fraise, je tamise pour créer un élément le plus fin possible. Il ne faut pas d’obstacle à la croissance de la tubercule.» Une fois le plan en terre, la butte est bien appuyée pour le moins d’air possible, et ainsi empêcher les bactéries d’entrer. «L’idéal est un orage juste après la plantation pour resserrer la terre.» La récolte est aussi une étape délicate. «Nous devons respecter un délai de quatre semaines entre le défanage et l’arrachage, car la peau est très délicate à se faire.» Les conditions d’arrachage ne doivent pas être trop sèches, car la terre pourrait alors rayer la peau.
Lourd investissement
Pour sécuriser la récolte, un investissement assez lourd a été nécessaire. «J’ai acheté une rampe d’irrigation, pour une homogénéité de l’apport en l’eau. En matériel de récolte, il a fallu une arracheuse équipée d’un tapis stop chute, pour éviter au maximum les coups, car la Pompadour a une peau très fine et très fragile. Ensuite, la pomme de terre est stockée chez moi, en palox et chambre froide à 4°C.» Quatre semaine sont nécessaires entre l’arrachage et la commercialisation, pour une cicatrisation optimale. Les premières Pompadour ne sont donc pas avant octobre dans les étales.
Le contrat signé avec Touquet Savour, lui, est un contrat à l’hectare. «Nous devons livrer 100 % de notre production et nous sommes payés au tonnage net. Nous n’avons pas d’obligation de tonnage. Il faut donc penser la rentabilité à moyen terme. On ne tire jamais un énorme bénéfice les bonnes années, mais ce système nous assure une certaine sécurité.»
Plus que pour le prix, Benoît Ghesquière continue de produire de la Pompadour pour le projet collectif. «Avec les autres producteurs et le technicien de Touquet Savour, nous sommes un groupe soudé. C’est une vraie force. Nous organisons des réunions techniques, et chacun partage ce qui a été ou non dans ses champs.»
Etre impliqué
Le producteur apprécie aussi d’être impliqué dans l’ensemble du processus, de la production jusqu’à la vente. «Rien à voir avec le blé qui est exporté on ne sais où. Là, on sait où le produit est conditionné, où il est vendu, et notre photo sur le packaging nous offre une belle reconnaissance.»
Augmentera-t-il ses surfaces pour autant ? «Ce n’est pas en projet, car je souhaite conserver une rotation tous les six ans, pour préserver les sols. La pomme de terre est tout de même assez gourmande…» La Pompadour, elle, ne disparaîtra pas de sitôt.
L’assolement
25 ha de lin textile
200 ha de blé
30 ha de pommes de terre, dont 8 de Pompadour
60 ha de betteraves
40 ha de colza
35 ha de pois protéagineux
1,5 ha de poireaux