Betterave fourragère : la valoriser au pâturage
La diversité de l’offre variétale autorise la valorisation de cette culture au pâturage. Cette pratique économique nécessite des variétés adaptées et des précautions dans sa conduite.
En France, après des années de diminution des surfaces de betteraves fourragères, cette culture connaît de nouveau un regain d’intérêt chez les éleveurs. Ainsi, les ventes de semences de betteraves fourragères ont progressé de 20 % ces cinq dernières années. «La diversité de l’offre variétale favorise des utilisations variées, dans différents types de rations et de systèmes d’élevages, incluant la valorisation de cette culture au pâturage. Cette pratique économique nécessite des variétés adaptées en termes de teneur en matière sèche (MS) et des précautions particulières dans sa conduite. Cette culture présente une stabilité des rendements et de la qualité, même en mauvaise année climatique, assurant une sécurisation du système d’élevage. Ses avantages zootechniques permettent des économies du coût alimentaire, mais également une amélioration de la qualité des produits animaux, en complétant et en diversifiant les rations animales», remarque Alexandre Carré, animateur de l’ADBFM (Association pour le développement de la betterave fourragère monogerme).
Des intérêts au pâturage
En France, les zones de culture de la betterave fourragère sont souvent conditionnées à la disponibilité du matériel de récolte spécialisé. Or, il est tout à fait possible de la cultiver sans matériel, en optant pour la pratique du pâturage et bénéficier ainsi des intérêts de cette culture. La betterave fourragère assure des niveaux de rendement en MS à l’hectare stables et sécurisants. En moyenne, sa productivité s’élève à 17 TMS à l’hectare, soit 18 000 à 19 000 UF. «Elle affiche ainsi un coût de production très intéressant rapporté à l’unité fourragère. L’UF de cette culture est un peu moins coûteuse à produire que celle du maïs ensilage, et ce, quel que soit le rendement. Le fait de ne pas avoir à la récolter permet d’en diminuer le coût. Avec une digestibilité élevée, comprise entre 87 et 90 %, et un encombrement faible (0,6 à 1 UEL/kg/MS), la betterave fourragère est comparable à un concentré. Elle présente un net intérêt pour limiter le risque environnemental lié aux pertes d’azote nitrique. Dans le cadre d’une valorisation au pâturage, la consommation de carburant et les rejets de gaz de combustion sont réduits puisqu’il n’y a plus besoin d’équipements motorisés pour la récolte et la distribution des betteraves fourragères», poursuit l’animateur de l’ADBFM.
Des points de vigilance
Pour être correctement valorisées au pâturage, les variétés de betteraves fourragères doivent remplir deux conditions. «On cherche des variétés de betteraves que les animaux sont en mesure de consommer intégralement pour éviter des pertes et qu’ils vont pouvoir arracher des betteraves ni trop enterrées, ni trop dures. Ceci va, par conséquent, conduire à choisir des variétés dont le taux de matière sèche est inférieur à 16 %.»
Il faut restreindre la consommation des betteraves. Un pâturage au fil est donc essentiel. Le front de consommation doit être d’environ trois mètres par animal. Ne pas dégager plus d’un ou deux rangs, et ne pas laisser les animaux plus de deux heures dans la parcelle, pour éviter une surconsommation pouvant entraîner des problèmes d’acidose. Il faut, en outre, augmenter progressivement la proportion de betteraves dans la ration des animaux pour les habituer.
Source : journées AFPF 2018, «Fourrages complémentaires et sécurisation du système d’élevage»
Pour en savoir plus : www.betterave-fourragere.org
Diverses pratiques
Il existe plusieurs pratiques de pâturage. Celui des betteraves fourragères est pratiqué par des élevages bovins et ovins, laitiers et allaitants. En France, la pratique exclusive du pâturage des betteraves est limitée par la portance des sols et les risques de gelées trop prononcées. Il est souvent pratiqué à partir du mois d’août afin de pallier le manque d’herbe à cette période, et se poursuit en automne. Le reste des betteraves sera récolté mécaniquement et stocké en tas pour être distribué en hiver. Ceux qui souhaitent valoriser au maximum la betterave au pâturage l’hiver, peuvent néanmoins en récolter une petite partie pour s’assurer des stocks au cas où les parcelles ne seraient pas accessibles. Il faut naturellement des parcelles portantes pour pouvoir y envoyer les animaux pendant cette saison.