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Bioéthanol : la plupart des blocages à son essor sont levés

La levée de la plupart des obstacles réglementaires a donné un coup de fouet au bioéthanol en 2015.

La production de bioéthanol représente aujourd’hui 33 % du marché des essences, en progrès de 6 % en 2015.
La production de bioéthanol représente aujourd’hui 33 % du marché des essences, en progrès de 6 % en 2015.
© S. Leitenberger / Ademe

«On a retrouvé une visibilité réglementaire et des perspectives de marché», se félicite Nicolas Rialland, le responsable éthanol à la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), lors d’une conférence de presse à Paris, le 2 février. Au niveau européen, la directive dite Casi a confirmé l’incorporation à 7 % des biocarburants de première génération, ainsi que l’objectif de 10 % d’énergie renouvelable dans les transports en 2020. Pas de prise en compte non plus du changement d’affectation des terres dans les bilans gaz à effet de serre des biocarburants. «Cette adoption de la directive redonne des perspectives», souligne Nicolas Rialland.
Ainsi, la production de bioéthanol, qui s’est élevée de 55,4 millions d’hl en 2014 devrait atteindre 75 millions d’hl à l’horizon 2020. Ce qui représente aujourd’hui 33 % du marché des essences, en progrès de 6 % en 2015. En France, la loi de transition énergétique pour la croissance verte va également «booster» ce biocarburant. Elle prévoit un objectif de 15 % d’énergie renouvelable dans les carburants en 2030, ainsi que l’exonération de la contribution climat énergie (taxe carbone) pour le carbone renouvelable, c’est-à-dire les biocarburants. Sans oublier la réduction de la fiscalité de 2 centimes par litre pour le SP95-E10, adoptée dans le cadre de la loi de Finances, ce qui positionne ce carburant à 4,5 centimes moins cher en moyenne que le carburant classique dans une même station.

Décollage du E85
Alors que la consommation d’essence ne cessait de diminuer (- 40 % en dix ans), elle commence à manifester des signes de reprise selon Sylvain Demoures, le secrétaire général du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA). Elle a même progressé de 1,2 % en 2015. Ce qui donne et renforce les perspectives favorables pour le bioéthanol. En effet, 94 % des véhicules fonctionnent désormais au bioéthanol ; seuls les plus anciens, pour la plupart antérieurs à l’an 2000, ne l’acceptent pas.
En fait, le seul élément qui pourrait donner un coup de fouet au bioéthanol, c’est sa présence dans les stations-services. Toutes les stations ne sont pas équipées de pompes dédiées. 56 % des stations distribuent à ce jour du SP95-E10, dont 74 % pour les pétroliers et 43 % pour les grandes surfaces. «Ça ne va pas assez vite», déplore Sylvain Demoures, même s’il observe une mobilisation de certaines enseignes.
Quant au E85, le carburant qui peut incorporer jusqu’à 85 % d’éthanol, sa pénétration est en train de décoller, même s’il ne représente encore que 1 % des volumes. Le nombre de stations-service a doublé en deux ans, passant de 360 en décembre 2013 à 727 fin 2015. 8 % des stations en proposent désormais, l’objectif de 10 % étant déjà dépassé dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Languedoc-Midi-Pyrénées.
«A 70 centimes par litre, c’est le carburant le moins cher du marché», soit plus de 40 centimes d’écart avec le SP 95 observe Nicolas Kurtsoglou, du SNPAA.
«En tenant compte de la surconsommation de 25 %, ce sont 400 euros économisés par an pour 13 000 km parcourus», poursuit-il. Conscient de l’excellente performance environnementale du Super éthanol-E85, Volkswagen a décidé de lancer en décembre 2015 en France plusieurs Golf en version multifuel E85. La particularité de ces véhicules est de pouvoir rouler avec tous les carburants essence dans un seul et même réservoir.

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