Blé tendre : hausse prévue des exportations hors UE
La France devrait exporter 8,8 Mt en dehors de l’Union
européenne en 2018-2019, selon les dernières prévisions de FranceAgriMer.
La seconde partie de la campagne commerciale 2018-2019 s’annonce plus favorable pour le blé français que la première, en raison notamment de la moindre concurrence attendue des origines mer Noire. Dans son rapport mensuel établi le 12 décembre, FranceAgriMer a déjà révisé à la hausse ses estimations d’exportations vers les pays tiers de 50 000 tonnes (t) à 8,8 millions de tonnes (Mt). Un chiffre susceptible d’être majoré dans les prochains mois «si le blé russe continue de montrer des signes d’essoufflement», souligne Marc Zribi, chef de l’unité «grains et sucre» de l’organisme public.
La Chine aux achats
Sur la base des statistiques douanières des trois premiers mois de campagne et d’estimation d’embarquements pour les mois d’octobre et de novembre, les expéditions vers les pays tiers étaient en progression de 28 % par rapport à l’an passé à la même période à 3,54 Mt. Une bonne dynamique qui se confirmait au 10 décembre, le montant des ventes cumulées en dehors de l’Union européenne s’élevant à 3,98 Mt.
Sans surprise, les achats de l’Algérie restaient prédominants (81 % du total), devant l’Afrique subsaharienne (12 %), dont le niveau d’export fin novembre était toutefois inférieur de 26 % à celui de 2017-2018 et de 34 % à celui de 2016-2017. Deux bateaux au départ de Dunkerque vers la Chine, pour un total de 129 000 t, étaient en cours de chargement en ce début décembre, du jamais vu depuis la campagne 2014-2015. FranceAgriMer a également ajusté à la baisse les exportations vers nos partenaires européens (- 130 000 t par rapport au mois dernier à 7,69 Mt), de même que les livraisons de farine vers les pays tiers (- 30 000 t à 90 000 t).
Sur le marché français, les utilisations de blé tendre par l’amidonnerie et la glutennerie sont maintenant projetées à 2,8 Mt (- 42 000 t en un mois) et les incorporations par les fabricants d’aliments du bétail à 4,9 Mt (- 100 000 t). Au final, le stock de blé tendre français en fin de campagne s’alourdirait à 2,67 Mt (+ 154 000 t par rapport au mois dernier), en dépit d’une nouvelle baisse des estimations de collecte à 31,17 Mt (- 124 000 t).
Pour le blé dur, FranceAgriMer prévoit désormais un stock report de 191 000 t (- 19 000 t en un mois). La collecte a été minorée de 20 000 t à 1,62 Mt. Les importations seraient stables à 60 000 t alors que les exportations à destination de l’Union européenne et des pays tiers sont maintenues, respectivement à 800 000 t et 175 000 t.
Orges et maïs
Concernant l’orge, les exportations pays tiers sont, comme pour le blé tendre, fortement concurrencées par l’origine mer Noire. Mais elles étaient, après cinq mois de campagne, supérieures à celles de l’an passé de 29 %, portées par la demande de l’Arabie Saoudite (42 % du total export). La Chine (33 %) a repris ses achats début décembre. Du coup, les exportations vers les pays tiers restent prévues en fin de campagne à 3,1 Mt.
En revanche, les perspectives de ventes vers l’Union européenne sont minorées en un mois de 50 000 t à 3,44 Mt. FranceAgriMer a maintenu les utilisations en alimentation animale à 1 Mt. La collecte subit une correction à la baisse de 38 000 t à 9,39 Mt. Le stock de fin de campagne, en progression de 27 000 t à 1,1 Mt, se situerait légèrement en dessous de la moyenne quinquennale (1,23 Mt).
Le stock de report de maïs pourrait, quant à lui, s’alléger de 40 000 t à 1,92 Mt, au-dessous du niveau moyen des cinq dernières campagnes (2,47 Mt). Les prévisions de collecte sont en baisse de 28 000 t à 10,42 Mt. Sur le marché français, les incorporations par les amidonniers pourraient diminuer de 10 000 t à 2,19 Mt alors que les estimations d’utilisation par l’alimentation animale sont maintenues à 3,2 Mt. L’export reste dynamique avec des prévisions de ventes vers l’Union européenne corrigées à la hausse (+ 25 000 t à 4,24 Mt) et inchangées vers les pays tiers à 120 000 t.
Bon enracinement du blé et de l’orge
La quasi-totalité des semis d’hiver étaient terminés début décembre, à l’exception de quelques zones en blé dur. La plupart des orges et des blés tendres avaient levé. Le temps doux et humide du mois de novembre a permis de rattraper le retard enregistré au moment de l’implantation des cultures. Les enracinements sont jugés satisfaisants par le réseau Céré’Obs mis en place par FranceAgriMer.
Les conditions de culture à l’entrée de l’hiver sont bonnes à très bonnes pour 76 % des surfaces en orge et 82 % des surfaces en blé tendre. Le gros point noir est le salissement des parcelles. Les notations Céré’Obs reprendront le 15 février 2019.
Semis d’hiver : reculs du colza et du blé dur
Le ministère de l’Agriculture a publié, le 12 décembre dernier, ses premières estimations de semis d’hiver pour les grandes cultures. Il en ressort des semis de céréales d’hiver en hausse de 2,7 % sur la dernière campagne, mais seulement de 1 % sur la moyenne quinquennale, avec 7,045 millions d’hectares partagés entre le blé tendre contre 5,033 Mha, soit 3,5 % de mieux que l’an dernier, le blé dur qui accuse un retard de 11 % à 308 000 ha, mais aussi de 8,4 % sur la moyenne 2014-2018. L’orge progresse de 3,3 % à 1,33 Mha.
Le triticale enregistre une remontée intéressante de 2,8 % avec 292 000 ha, après une longue période de régression. Mais le mouvement le plus spectaculaire concerne le colza en baisse de 23,6 % sur la dernière campagne et de 18,8 % par rapport à la moyenne 2014-2018, avec 1,23 Mha. Il ne s’agit pas d’une réduction délibérée de la part des agriculteurs, mais des conséquences de la sécheresse, qui ont empêché les semis ou contrarié les levées. Le ministère de l’Agriculture considère même que ces surfaces pourraient être encore réduites si des parcelles étaient retournées ou remplacées par d’autres cultures.
Par ailleurs, les estimations de récolte pour l’actuelle campagne n’ont subi que quelques ajustements aux observations du mois de novembre. Ainsi, la récolte de blé tendre passe de 34,145 Mt à 33,998 Mt, alors que la forte baisse de production de maïs grain (hors semences) est confirmée avec 12,38 Mt contre 12,45 prévus en novembre.