Aller au contenu principal

Boiser une terre agricole

La valeur du foncier forestier incite les propriétaires à boiser leurs terres agricoles. Des conditions sont à respecter.

De nombreux propriétaires fonciers souhaitent boiser une terre agricole : la valeur du foncier forestier dans notre région, et plus particulièrement dans le Pas-de-Calais, la Somme et le Nord, incite un nombre croissant de propriétaires à envisager de tels projets. Leurs motivations sont très différentes et les principales sont en lien avec la chasse, la fiscalité, la valeur patrimoniale et l’environnement. Mais avant de se lancer, une réflexion approfondie doit être menée car on engage la parcelle sur le très long terme avec la quasi-impossibilité d’un retour à un statut agricole, sauf à engager une procédure de défrichement.

 

Première condition 

La terre ne doit plus être louée : certains propriétaires fonciers imaginent, souvent à tort, que la fin du bail agricole leur permettra de reprendre possession de leurs parcelles. Or, les baux ruraux ne permettent pas de donner congé à un agriculteur en fin de bail et même lorsqu’il envisage de prendre sa retraite. Il faut souvent engager une procédure pour récupérer les parcelles, procédure assez longue dont le succès est rarement garanti car une perte de surface des parcelles cultivées peut mettre en péril la pérennité de l’exploitation agricole. La solution la plus aisée et la plus fréquente concerne des agriculteurs propriétaires fonciers qui se réservent quelques parcelles pour les planter, les autres parcelles étant le plus souvent cédées à un tiers ou un repreneur de la famille.

 

Seconde condition

Compléter un dossier d’étude préalable au cas par cas (Cerfa 14734*03) pour les projets de plus de 0,5 ha et le transmettre à la Dreal de la région concernée. Ce dossier déterminera s’il y a lieu de réaliser une étude environnementale complémentaire ou non. Schématiquement, lorsque le boisement concerne une parcelle cultivée, le boisement sera généralement autorisé. Dans le cas de pâtures, une étude environnementale plus poussée pourra être exigée pour mesurer l’impact du boisement sur la présence éventuelle d’espèces animales ou végétales inféodées aux prairies. L’autorité environnementale (la Dreal) dispose de trente-cinq jours pour rendre sa décision.

 

Troisième condition 

Vérifier que les parcelles objet du projet de boisement ne sont pas situées dans un périmètre réglementé. Les communes disposent de la faculté de définir une réglementation des boisements délimitant des périmètres où le boisement sera possible, contraint ou interdit. Peu de communes se sont lancées dans de telles procédures assez longues et lourdes impliquant au préalable une décision du Conseil départemental avant que la commune volontaire puisse avancer sur son projet de réglementation. Une Commission départementale d’Aménagement foncier est alors créée et elle sera chargée de rédiger le projet communal et délimiter les différents périmètres (autorisé, contraint, interdit). Le projet établi sera soumis à enquête publique, puis aux avis du Conseil municipal, de la chambre d’agriculture, du Centre régional de la Propriété forestière et de l’Autorité environnementale. Une fois validé par ces différentes instances, le Conseil départemental doit approuver le projet et les périmètres concernés. Actuellement, seules quelques communes du Pas-de-Calais principalement situées dans le territoire du PNR des Caps et Marais d’Opale sont concernées.

 

Quatrième condition

S’assurer que la ou les parcelles à boiser ne sont pas concernées par une ou d’autres réglementations comme un périmètre de monument historique, un site Natura 2000… Ces éléments seront de toute façon demandés pour l’étude préalable au cas par cas (cf. plus haut).

 

Les contraintes techniques

Le projet doit respecter le Code civil et, a minima, les distances de plantation vis-à-vis des parcelles riveraines, soit 0,5 m de distance de la ligne séparative pour les arbustes ou arbres maintenus à moins de 2 m de hauteur, distance portée à 2 m pour les arbres dont la hauteur dépasse 2 m. Le bon sens et la pratique recommandent de planter les premières lignes d’arbres à 4 m ou même 6 m du fonds voisin : lorsque les arbres de la plantation se développent, les riverains peuvent légitimement exiger que toutes les branches surplombant leurs parcelles soient coupées. Cette contrainte peut générer des coûts d’entretien non négligeables. Dans certaines situations, des contraintes supplémentaires doivent être prises en considération : passage de ligne électrique, de canalisation, angles de visibilité de routes et carrefours. Attention également aux troubles de voisinage dans les zones urbanisées : l’ombre portée sur les toitures, les panneaux photovoltaïques, les feuilles dans les gouttières… peuvent être source de litiges et de contentieux avec les riverains.

 

Un accompagnement technique et réglementaire pour réussir son projet

Avant de se lancer dans un projet de boisement, il est important de se rapprocher des organismes compétents. En matière de réglementation, la DDT (M) du département concerné pourra renseigner le pétitionnaire sur les zonages relatif à la ou aux parcelles à boiser. La DREAL également. Au Centre régional de la Propriété Forestière Hauts-de-France (CRPF), une chargée de mission accompagne les projets de boisements par une aide technique sur les points évoqués dans cet article et sur l’analyse des caractéristiques pédologiques indispensables pour réaliser les bons choix d’essence adaptées à la parcelle. 

Les personnes qui le souhaitent peuvent prendre contact avec elle : Fleur Alonso – Tél : 03 22 33 52 17 
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Christophe Boizard a engagé sa réflexion autour du développement de son atelier laitier plusieurs années en amont  de sa réalisation.
Élevage laitier : sept ans de réflexion pour ne pas se tromper

Dans un secteur où les cultures entrent en concurrence directe avec l’élevage, Christophe et Caroline Boizard sont «…

Selon les auditeurs, financer la modernisation des équipements d’irrigation a pour conséquence une augmentation  des superficies irriguées.
L’irrigation dans le viseur de la Cour des comptes européenne

Dans un travail portant sur l’adaptation de l’UE aux phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, la Cour des…

Des Picards têtes d'affiche du All star game de la pêche à Amiens

Ces 2 et 3 novembre a lieu le Sipac (Salon international des pêches aux coups) à Mégacité à Amiens. Le All star game ouvre le…

Joël Wissart et Laurence Benoît veulent céder leur entreprise Le Prince Mulard à quelqu’un qui voudra perpétuer le savoir-faire d’exception. Ils sont prêts à l’épauler pour cela.
Le Prince Mulard cherche son repreneur

Le 14 novembre à Péronne aura lieu un Farm’dating, qui permet à des agriculteurs-cédants et à des candidats à la reprise ou à…

Saint-Hubert
Le jour de Saint Hubert, tout un symbole pour les chasseurs français

Le 3 novembre, les chasseurs de toute la France honorent la fête de la Saint-Hubert, une journée emblématique en l’honneur de…

Fécule : l’aide couplée revalorisée

Dans un communiqué de presse du 24 octobre, l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) se félicite de la…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde