Bruxelles veut-elle la peau des huiles essentielles ?
Un projet de réglementation européenne mobilise l’union des Professionnels des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) jusque dans la Somme où des producteurs de lavande sont aussi inquiets.
Un projet de réglementation européenne mobilise l’union des Professionnels des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) jusque dans la Somme où des producteurs de lavande sont aussi inquiets.
Depuis quelques jours, on parle beaucoup de l’initiative de producteurs de lavande du sud de la France qui affichent leur désespoir dans les champs, mais ils ne sont pas les seuls à se faire du mauvais sang. Installés depuis environ un an à Lihons, sous le nom de Disti’flor, Laurent et Audrey Massot ont eu, eux aussi, écho de ce projet de directive européenne qui prévoit de classer les huiles essentielles naturelles comme «produits chimiques» à l’horizon 2025. Actuellement en pleine récolte avant de fabriquer huiles essentielles, hydrolats et tisanes, Laurent Massot s’estimait «inquiet» en ce milieu de semaine : «On ne sait pas vraiment ce que ce texte va contenir. À vrai dire, on est dans le flou, sans savoir ce qui va nous tomber dessus.».
Disparition programmée
Du côté de l’union des Professionnelles des plantes à parfum, aromatiques et médicinales, c’est aussi l’incompréhension : «Les agriculteurs demandent une approche spécifique et adaptée aux huiles essentielles et globalement aux produits naturels, qui garantissent la protection du consommateur et de l’environnement», détaille l’organisation sur son site Internet. Telle qu’elle est annoncée, la nouvelle réglementation européenne aurait plusieurs conséquences, toujours selon la profession : «Les huiles essentielles et les produits naturels risquent de disparaître des produits de grande consommation (cosmétiques, parfums, lessives, etc.) en raison de nouvelles réglementations inadaptées aux produits naturels et imposées par l’Europe. Avec, pour conséquence directe, la disparition des champs de lavande et de l’agriculture traditionnelle dans le sud de la France.»
La Commission européenne dément
Chez Disti’flor, la culture de lavande s’étend aujourd’hui sur une dizaine d’ares : «Ce n’est pas encore beaucoup, mais c’est quelque chose que l’on aimerait développer. On multiplie au fur et à mesure.» Ironie du sort, la lavande est quelque chose qui plaît visiblement aux consommateurs : «On en fait des huiles essentielles, mais pas seulement, explique Laurent Massot. Nous avons beaucoup de demande, alors forcément, qu’une réglementation vienne remettre cela en cause, ce serait incompréhensible.» Sur la plateforme Change.org, une pétition initiée par PPAM de France à destination de la Commission européenne avait déjà recueilli plus de 100 000 signatures entre la date de son lancement (28 juillet) et le 4 août. Mais selon cette même Commission européenne, les craintes de l’industrie française des huiles essentielles sont «infondées et prématurées».