Bulle d’air, une parenthèse dans le quotidien de l’aidant
Dans le département de la Somme, la MSA de Picardie coordonne le dispositif «Bulle d’air», un service «à la carte» qui permet de répondre au plus près aux besoins de remplacement des aidants.
Pour l’aidant non professionnel, avec une tâche quotidienne largement assumée, mais une reconnaissance qui n’est pas forcément au rendez-vous, un certain nombre d’aides permettant à l’aidant de «souffler de temps en temps» ou «prendre soin de sa propre santé» ne sont pas non plus forcément connues. Ce constat, c’est celui fait par la MSA de Picardie qui profitait en ce début de semaine d’un contexte législatif bien particulier - et il faut le reconnaître plutôt favorable - pour rappeler l’existence du dispositif «Bulle d’air». Né en 2011 sous l’impulsion de la MSA Alpes du Nord, Bulle d’air permet à des aidants familiaux accompagnant un proche fragilisé par l’âge, la maladie ou le handicap d’être relayé ponctuellement dans leur tâche. En fonction de leur besoin, le dispositif permet en effet d’être remplacé «une après-midi, une soirée, une nuit, une journée, un week-end ou une semaine de répit de manière régulière ou ponctuelle», décrit Najat Ezzahar, responsable du service «action sanitaire et sociale», de la MSA de Picardie. Dans la Somme, justement, Bulle d’air existe depuis septembre 2018 en lien avec la Maison d’accueil et des services d’Acheux-en-Amiénois. Pour la responsable du service «action sanitaire et sociale», dans ce département, «le besoin est réel, sur l’ensemble des cantons». Depuis la création de ce service, «les objectifs que l’on avait fixé sont aujourd’hui largement atteints». Le dispositif est ouvert aux ressortissants de la MSA, mais aussi aux adhérents d’autres régimes de sécurité sociale, sans distinction.
Le relayeur, un professionnel rigoureux
Concrètement, le remplacement proposé par Bulle d’air est assuré par un «relayeur». Celui-ci est chargé d’exercer dans les mêmes conditions que l’aidant familial la compagnie, l’écoute et l’assistance à une personne en difficulté. «Le rôle du relayeur est de venir en complément sans se substituer aux aides potentiellement déjà dispensées», explique ainsi Mme Ezzahar. Les relayeurs sont, quant à eux, recrutés suivant un parcours «rigoureux et suivi». En général, il s’agit «de professionnels très expérimentés et formés», détaille la MSA : auxiliaires de vie, aides à domicile ou aide-soignants, infirmiers en poste ou en retraite sont des profils recherchés. Une visite à domicile au cours de laquelle futur relayeur, aidant et aidé est systématiquement organisée pour s’assurer que les profils «collent» et que l’expérience soit bénéfique à tous.
Des aides financières pour faciliter le recours
Pour solliciter l’intervention d’un relayeur, là encore, la démarche se veut relativement simple : «Il suffit d’un coup de fil (03 22 75 30 00) ou d’un mail (bulledair@maison-aines-acheux.fr) pour prendre contact avec Bulle d’air», assure Najat Ezzahar. Les renseignements «essentiels» sont alors repris, avant l’établissement d’un devis personnalisé. Selon la MSA, le coût de l’intervention est de 17 € en moyenne, ce qui comprend le salaire et les charges sociales du relayeur, les frais de gestion et d’accompagnement de l’association. Des aides permettent en outre de faire baisser ce coût, parmi lesquelles la prestation de compensation du handicap (PCH), l’allocation personnalisée autonomie (APA), le droit au répit pour les proches aidants, les aides des régimes de protection sociale de base et complémentaires et mutuelles, des exonérations de charges patronales (sous conditions), ou encore des réductions et/ou crédit d’impôts pour les dépenses liées à l’emploi d’un salarié à domicile. Autre type d’aide, tout récemment, la mise en place d’une allocation journalière de proche aidant (AJPA) doit permettre aussi aux aidants d’être indemnisés pour leur fonction auprès d’un proche. Si, en apparence, se faire aider à être aidant peut paraître compliqué, la MSA tente de rassurer : «Toutes les démarches administratives peuvent être effectuées par Bulle d’air», indique-t-on du côté du service «action sanitaire et sociale» de la MSA de Picardie. Une vraie bouffée d’oxygène pour se détacher quelques temps du quotidien. En France, on estime à 10 millions le nombre de personnes qui aident à titre non professionnel une personne âgée, dépendante ou en situation de handicap de leur entourage dans les activités de la vie quotidienne - 51 % d’entre eux sont des actifs -, et 4 millions y consacrent entre 4 et 5 heures par jour. Pouvoir profiter de quelques heures de répit dans un mois n’est, dans ces conditions, pas du luxe.
Le statut de l’aidant indemnisé
Depuis le 30 septembre, les aidants salariés ou travailleurs indépendants qui relèvent du régime agricole (MSA) et «qui cessent ou réduisent temporairement leur activité pour s’occuper d’une personne handicapée ou en perte d’autonomie peuvent percevoir l’allocation journalière de proche aidant (AJPA)», a annoncé la Caisse centrale de Mutualité sociale agricole (CCMSA) dans un communiqué. Cette APJA «est versée sous forme d’allocation à la journée ou demi-journée (sauf pour les demandeurs d’emploi et les stagiaires de la formation professionnelle rémunérée). Chaque aidant peut bénéficier de 66 allocations journalières sur l’ensemble de sa carrière, que ce soit pour une ou plusieurs personnes aidées. 22 allocations journalières maximum peuvent être versées par mois et l’allocation est versée sans condition de ressources», indique la CCMSA. Le montant net de l’APJA est de 43,83 € net par jour pour une personne vivant en couple et de 52,08 € pour une personne seule. Dans un premier temps, la demande d’AJPA se fera via un formulaire Cerfa disponible en téléchargement sur les sites MSA : https://www.msa.fr/famille/ajpa. Pour en savoir plus, contactez votre conseiller MSA.
Grâce à son aidante et sa relayeuse, Hélène peut rester chez elle
L’installer dans un institut spécialisé pour personnes dépendantes ? Vous n’y pensez même pas, et elle non plus. Atteinte par la mucoviscidose et handicapée depuis un accident de voiture, Hélène a besoin de soins quotidiens et d’une attention permanente. À la suite de sa mère, c’est sa sœur, Emmanuelle Robin qui l’assiste depuis désormais une trentaine d’années, avec le statut d’aidant familial. Éducatrice de formation, Emmanuelle Robin gère le quotidien de sa sœur : «Les journées sont bien remplies», expliquait-elle en ce milieu de semaine. Avec un déroulement fait de petits rituels : lever, petits déjeuner, soins et administration de médicaments, toilette, préparation du déjeuner... L’après-midi, une sieste puis une promenade avant un retour à la maison. Et rebelote : quelques soins, le dîner puis le coucher. Maintenir Hélène à domicile malgré sa maladie et son handicap a toujours été fondamental pour sa famille : «Elle n’a jamais été placée en institut spécialisé, ne serait-ce qu’une demi-journée. Si nous faisions cela, elle ne comprendrait pas et le vivrait mal. Elle est chez elle et tout se passe bien comme cela», assure Mme Robin.
Depuis quelques temps, l’aidante s’est toutefois résolue à faire appel à une «relayeuse» via la service «Bulle d’air» de la MSA ; autrement dit, une personne salariée chargée de la remplacer de manière ponctuelle. Cette personne, c’est Caroline Théron. À raison de deux week-ends par mois, c’est elle qui prend en charge le quotidien d’Hélène à la place d’Emmanuelle Robin. Après avoir travaillé comme animatrice en maison de retraite et ambulancière, Mme Théron fait partie du dispositif Bulle d’air depuis un an. Comme le fait l’aidante familiale, la relayeuse est chargée d’accompagner la personne dépendante : «C’est seulement la personne qui change, résume-t-elle. Je me mets dans les pas de l’aidante que je remplace. C’est à moi de m’adapter au quotidien qui est mis en place.» Après quelques mois passés en tant que relayeuse, Caroline Théron estime «faire partie de la famille. Je suis heureuse d’aller au travail». Du côté de la MSA de Picardie, qui coordonne et fait la promotion du dispositif Bulle d’air, on est également satisfait de cette mise en œuvre : «Être aidant, c’est épuisant. Il ne faut pas que ces aidants hésitent à appeler le service sans attendre qu’ils soient débordés», assure Léa Schietequatte, responsable de secteur Bulle d’air.