Cambriolage : un agriculteur averti en vaut deux
A l’occasion d’une rencontre avec les Jeunes agriculteurs, le groupement départemental de gendarmerie de la Somme a rappelé quelques règles pour éviter le cambriolage d’exploitations agricoles.
Le passage de l’heure d’été à l’heure d’hiver comme l’approche des fêtes de fin d’année seraient des facteurs aggravants du nombre d’intrusions et de vols dans les exploitations agricoles du département, à en croire le major Claude Guyart, référent agricole du groupement départemental de gendarmerie dans la Somme. Le 18 octobre dernier, à Candas, c’est accompagné de la brigade de contact (BTC) de Bernaville qu’il s’est entretenu avec un groupe de jeunes agriculteurs sur les bons gestes à adopter pour dissuader d’éventuelles disparitions ou des comportements malveillants. Pour les éviter, «l’agriculteur doit être acteur de sa sécurité», préviennent les forces de l’ordre.
Du petit matériel jusqu’aux gros engins
La palette des objets pouvant faire l’objet d’un vol est large. Elle s’étend du carburant jusqu’aux tracteurs ou engins de récolte. Dans une moindre mesure, et même si cela existe, on constate quelques disparitions d’animaux et des incendies volontaires de bâtiments. Pour prévenir ces faits divers, la gendarmerie préconise aux agriculteurs d’organiser des rondes régulières autour de leurs bâtiments ou dans leurs pâtures, à des heures différentes. Depuis «deux à trois ans», des vols de produits phytosanitaires sont également constatés. «Au départ, les voleurs ciblaient les dépôts des coopératives ou les usines de fabrication, décrit le major Guyart. Puis, on a commencé à constater des vols dans les fermes. Tout cela sert ensuite à alimenter un marché parallèle.» Parce qu’ils ne sont pas utilisés tous les jours, certains outils portatifs peuvent parfois disparaître de manière discrète : «On ne s’en rend pas compte tout de suite, mais c’est lorsqu’on en a besoin que l’on remarque que la tronçonneuse ou le poste à souder à disparu...»
Des gestes simples pour se protéger
Pour protéger son corps de ferme des intrusions et des cambriolages, «il n’y a pas besoin de grands moyens, assure Claude Guyart. Une haie d’épines suffit. Il faut aussi privilégier une seule entrée sur le corps de ferme en condamnant provisoirement les accès secondaires, en fermant les portails et les portes des bâtiments. Un cambrioleur peut être découragé si l’accès est compliqué. Pour bloquer une entrée, un big bag rempli de terre ou de sable fait très bien l’affaire». Une source de lumière associée à un détecteur de présence est à la fois dissuasive et pratique : «Il ne s’agit pas d’en mettre partout, mais de les placer à des endroits stratégiques». Enfin, l’habitation et les véhicules légers peuvent être des cibles de la part de cambrioleurs. «Pour éviter cela, explique M. Guyart, c’est simple : on évite de laisser les clés dans le pare-soleil ou sur le contact. Pour la maison, on range les clés ailleurs que sous le paillasson ou dans le pot de fleur...»
Bien qu’il ne puisse pas être utilisé comme moyen de preuve, le piège photographique et les clichés qu’on en tire peuvent néanmoins enrichir une procédure. Autre conseil : les bâtiments fermant à clé devront être utilisés pour le stockage des matériels sensibles. En ce qui concerne les matériels roulants, il est recommandé de les stationner de manière à rendre compliqué l’accès aux réservoirs. Ces derniers doivent être alimentés au fur et à mesure des utilisations, même si l’on reconnaît du côté de la gendarmerie que ces méthodes remettent en cause pas mal d’habitudes.
Un système d’alerte par SMS
Pour prévenir en un laps de temps limité le plus grand nombre d’agriculteurs d’un risque sur le secteur dans lequel ils sont installés, le groupement départemental de gendarmerie de la Somme rappelle avoir mis en place depuis 2015 avec la FDSEA, la Chambre d’agriculture et la police nationale un système d’alerte par SMS baptisé «Alerte Agri 80». Comment ça marche ? Il suffit, pour un agriculteur victime d’un délit ou d’une tentative de délit, de prévenir le centre opérationnel de la gendarmerie (17) ; lequel se charge ensuite de prévenir les agriculteurs inscrits par SMS d’un risque. L’adhésion au dispositif s’effectue en ligne (www.alerte-agriculture.com) et recense aujourd’hui environ près d’un millier d’exploitations. Enfin, si par malchance, un cambriolage venait à se produire, «il est important de préserver les lieux afin que les investigations puissent être entreprises», prévient le major Claude Guyart.
Des initiatives parlementaires contre les intrusions dans les élevages
Choqués par les intrusions dans les élevages, des députés de droite et de gauche souhaitent mettre en débat la relation Homme-animal pour réhabiliter l’action du monde agricole et contrer la communication des anti-viande. «Quand on parlait, il y a quelques années de l’évolution du bien-être animal, on n’imaginait pas qu’un jour cela se traduirait par des intrusions, des agressions», a expliqué l’élue LREM de Vendée Martine Leguille-Balloy, le 16 octobre. Pour elle, une limite inacceptable a été atteinte : «aujourd’hui, pour protéger les animaux, on agresse les hommes». Une dizaine de députés (LREM, LR, PS et PCF) ont conçu une première initiative : un colloque, le 13 novembre à l’Assemblée, sur le thème : «Quelles relations entre l’Homme et les animaux dans la société actuelle ?» Selon les organisateurs, d’autres initiatives pourraient suivre. Le vice-président de l’Assemblée Marc Le Fur (LR) évoque notamment la question du retrait d’Internet des images filmées dans les élevages après intrusions, et celle d’une possible évolution du Code pénal. Frédéric Descrozaille suggère une enquête parlementaire pour «mieux connaître la stratégie et le financement» des mouvements activistes. Le Sénat a adopté début octobre une proposition de loi LR élargissant «le délit d’entrave».