Capital sol, comment le préserver avec l’ACS ?
Passer à l’agriculture de conservation (ACS) peut être une bonne solution pour améliorer la fertilité des sols. Mais le virage est à prendre avec maîtrise pour limiter les risques économiques. La Chambre d’agriculture vous accompagne dans cette nouvelle trajectoire.
Passer à l’agriculture de conservation (ACS) peut être une bonne solution pour améliorer la fertilité des sols. Mais le virage est à prendre avec maîtrise pour limiter les risques économiques. La Chambre d’agriculture vous accompagne dans cette nouvelle trajectoire.
Allons droit au but, l’objectif de votre entreprise agricole est de générer du résultat. Et créer des résultats passe par le maintien en bon état de votre outil de production essentiel : le sol. La bonne question à se poser est alors : comment maintenir ce milieu vivant à son plus haut potentiel ?
C’est le principal défi auquel les agriculteurs sont confrontés. «Les sols agricoles sont soumis à de nombreuses menaces comme l’érosion, le tassement… et leur fertilité dépend beaucoup de la vie biologique qu’ils hébergent, explique Mathilde Lheureux, animatrice d’un GIEE (cf. encadré ci-dessous) sur le semis direct à la chambre d’agriculture. Ce sont d’ailleurs les systèmes céréaliers ou polyculture-élevage en conditions pédoclimatiques difficiles - érosion, sécheresse ou les sols pauvres, qui ont surtout développé l’agriculture dite de conservation. Ces techniques touchent, à l’inverse, encore peu les cultures industrielles. Les pommes de terre, les betteraves, le lin ou encore les légumes, nécessitent pour leur implantation et/ou pour leur récolte de bouleverser le sol pouvant induire des tassements aussi bien superficiels qu’en profondeur.»
Quatre fondamentaux pour bien réussir sa transition
«Certains agriculteurs ont positionné le développement de la vie de leur sol en priorité pour la reconception de leur système de culture au travers de l’agriculture de conservation, poursuit Mathilde Lheureux. Notre travail avec eux est alors de gérer durablement la fertilité de ses sols dans ses trois dimensions : la fertilité biologique, la fertilité physique et la fertilité chimique.» Cette gestion de la fertilité passe par quatre fondamentaux : le travail minimal du sol, la couverture permanente, des rotations longues et les apports de matières organiques (effluents, résidus, compost…). Selon notre experte, le levier principal de la réussite est l’introduction de couverts diversifiés. En plus du rôle de protection contre l’érosion et de piège à nitrates, la diversité des espèces permet d’améliorer la structure du sol grâce à des systèmes racinaires complémentaires. La couverture permanente (couverts vivants ou résidus) va aussi contribuer à diminuer la pression des adventices. Les couverts jouent, enfin, un rôle dans la richesse des sols en carbone, en azote et en oligo-éléments.
La matière organique labile, correspondant à la fraction facilement biodégradable, est considérée comme le second moteur principal de la fertilité du sol. Le sol est, en effet, un habitat pour une multitude d’espèces qui travaillent la matière organique fraîche pour l’intégrer de manière durable avec la formation d’humus. Elle améliore la stabilité structurale (portance / battance) et la porosité du sol (drainage / réserve utile) donc sa fertilité physique. La matière organique intervient également sur la fertilité chimique en modifiant les capacités d’échange ou de rétention d’éléments fertilisants (N, P, K et oligo-éléments).
La transition vers l’agriculture de conservation doit se réaliser de façon partielle ou progressive sur l’exploitation. Remplacer un labour par un semis direct ou implanter une culture sur un sol compacté ou hydromorphe va entraîner des échecs : mauvaise enracinement de la culture, gestion des adventices, problème de minéralisation… Pour les éviter, il importe de bien réfléchir à sa propre stratégie de transition vers ces nouvelles pratiques et de se faire accompagner par la chambre d’agriculture.
Des collectifs d’agriculteurs samariens tracent la voie
Les collectifs permettent aux agriculteurs d’échanger, de confronter leurs pratiques, d’élargir leurs compétences et, ainsi, de pouvoir avancer ensemble sur l’agriculture de conservation. Le but est aussi de leur apporter de l’expertise technique grâce aux conseillers par la mise en place de formations, de visites d’exploitations et de rencontres/témoignages avec des exploitations qui pratiquent cette technique. Les exploitations servent également de supports à des expérimentations en micro-parcelles et en bandes, pilotées avec les conseillers, afin d’obtenir de réels retours dans le contexte pédoclimatique départemental.
Quatre de ces collectifs sont des GIEE. Créés à l’initiative de la chambre d’agriculture, ces structures présentent l’avantage de bénéficier d’une reconnaissance officielle par l’État.
Un programme dense au champ
Dans les GIEE, c’est avant tout au champ que cela se passe. «En ce moment, des rencontres quotidiennes se font entre les agriculteurs des groupes et leurs conseillers sur le choix des couverts et leur gestion (implantation, mode de destruction)», explique Mathilde Lheureux, animatrice d’un des GIEE. Le programme est chargé : les tours de plaine sur les techniques d’implantation, des réunions d’échange et des démonstrations. «Nous organisons pour nos groupes des formations sur les couverts, la nutrition des plantes, le semis direct avec des cultures industrielles», complète Mathilde Lheureux.
Côté expérimentation, des essais sur les techniques d’implantations sont mis en place : semis de blé en direct avec différents types de semoir, comparaison de différentes techniques d’implantation en betterave et en lin textile, production de biomasse (silphie). Des tests sur les techniques alternatives aux fongicides avec l’utilisation de préparations naturelles sont également travaillés. Le but est de suivre ces expérimentations du semis jusqu’à la récolte afin d’obtenir des références sur ces nouvelles pratiques dans les systèmes de culture dans les contextes pédoclimatiques locaux.
Restons simples
L’objectif des conseillers est de transmettre aux agriculteurs des outils simples pour identifier les problématiques de leurs sols via des tests au champ : test bêche, pénétromètre, mini profil 3D, Tea bag, comptage vers de terre… Ils peuvent aussi réaliser, si besoin, des analyses (biomasse et diversité microbienne, activité enzymatique…) et la trajectoire agronomique.
Il s’agit ensuite de corréler ces résultats à la trajectoire agronomique suivie ces dernières années sur leur exploitation (rotation et pratiques culturales) pour identifier les leviers actionnables (couverts, travail du sol, apports de produits organiques…).
Mais les conseillers ont plus d’un tour (de plaine) dans leur sac et c’est l’occasion, dans ces groupes, de simuler sur le long terme l’évolution des teneurs en matière organique sous l’effet des pratiques culturales, d’optimiser encore la gestion de l’azote et la fertilisation au semis (N P K, oligoéléments), d’améliorer la gestion des effluents d’élevage, de tester l’implantation innovante de la pomme de terre (couverts, pré-butte d’automne) ou même, d’aller encore plus loin sur l’agriculture de conservation en utilisant des produits naturels comme les macérations de plantes.
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