Céréales : baisse des prévisions d’exportation
Les bilans s’alourdissent légèrement. FranceAgriMer vient
de réviser à la baisse ses prévisions d’exportation de blé tendre et d’orge vers les pays tiers pour la campagne commerciale 2018-2019.
FranceAgriMer a actualisé ses bilans prévisionnels pour la campagne commerciale céréalière 2018-2019 lors de son conseil spécialisé du 9 janvier. Même constat pour toutes les cultures : les bilans s’alourdissent légèrement. Concernant le blé tendre, l’organisme public a revu à la hausse de 101 000 tonnes (t) le stock de report pour le porter à 2,77 millions de tonnes (Mt), un peu en-dessous de la moyenne quinquennale (2,9 Mt). Les utilisations par l’alimentation animale sont désormais prévues à 4,85 Mt, soit 50 000 t de moins que les prévisions de décembre. Les fabricants d’aliments se tournent davantage vers le maïs, moins cher à l’achat.
Concurrence argentine et américaine
Si les exportations vers nos partenaires européens sont évaluées à 7,23 Mt (+ 40 000 t en un mois), les perspectives de ventes de blé tendre vers les pays tiers sont ajustées à la baisse à 8,7 Mt (- 100 000 t). Au 7 janvier, les embarquements français s’élevaient pourtant à 4,6 Mt, en hausse de près de 30 % par rapport à la campagne précédente à la même date.
Avec près de 78 % des achats, l’Algérie constitue toujours notre premier client, devant l’Afrique subsaharienne (12 %), dont le niveau d’importation reste cependant inférieur de 29 % à celui de la campagne 2017-2018 et de 30 % à celui de 2016-2017. Les exportations vers la Chine et Cuba représentaient pour le mois de décembre 6 % des exportations pays tiers.
Dans les prochains mois, le blé français devra surtout se méfier des blés argentins et américains qui lorgnent le marché algérien, a prévenu Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer. Leurs prix s’affichent dans un mouchoir de poche. L’Argentine qui, l’an passé, a exporté 900 000 t vers l’Algérie, semble la plus compétitive sur le papier, si on fait abstraction des problèmes qualitatifs. En début de mois, un bateau de blé argentin a en effet été refusé par les autorités algériennes pour défaut de qualité.
Pour le blé dur, FranceAgriMer prévoit un stock de report majoré de 100 000 t à 201 000 t en raison d’une hausse équivalente des importations.
Ralentissement des exportations d’orge
Les importations d’orge sont également prévues en progression : + 30 000 t à 80 000 t. La dynamique des exportations vers les pays tiers a légèrement faibli en décembre. Du coup, les prévisions d’expéditions depuis les ports français par FranceAgriMer ont été minorées de 100 000 t à 3 Mt, même si les embarquements cumulés ont bondi début janvier de 28 % par rapport à la campagne précédente et de 43 % par rapport à 2016-2017.
Les exportations restent portées vers l’Arabie saoudite (39 % des ventes au 7 janvier), suivie par la Chine (28 %). Les exportations vers l’Union européenne (UE) sont également révisées à la baisse : - 60 000 t à 3,38 Mt. FranceAgriMer a maintenu les utilisations en alimentation animale à 1 Mt. Au final, le stock de fin de campagne progresse de 190 000 t à 1,29 Mt, légèrement au-dessus de la moyenne quinquennale (1,23 Mt).
Le stock de report de maïs pourrait, quant à lui, s’alourdir de 33 000 t à 1,96 Mt, bien en dessous du niveau moyen des cinq dernières campagnes (2,47 Mt). Les prévisions de collecte sont en hausse de 55 000 t à 10,48 Mt. FranceAgriMer table également sur une augmentation des importations : + 50 000 t à 800 000 t et des incorporations par les fabricants d’aliments du bétail : + 50 000 t à 3,25 Mt. L’export reste dynamique avec des prévisions de ventes vers l’Union européenne une nouvelle fois corrigées à la hausse : + 20 000 t à 4,26 Mt. Résultat qui, s’il se confirme, resterait toutefois en retrait de 641 000 t par rapport à la campagne 2017-2018.
Blé tendre : «Plutôt une bonne année» sur le plan commercial
Le président du conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer a tiré, le 9 janvier, un bilan positif de la première partie de la campagne 2018-2019. «C’est plutôt une bonne année» pour le blé tendre sur le plan commercial, a estimé Rémi Haquin. La récolte 2018, «pas énorme», mais répondant aux besoins qualitatifs, est vendue «plutôt au-dessus des coûts de production», selon lui.
FranceAgriMer observe des cours mondiaux en moyenne à 240 dollars la tonne de blé au départ des pays d’exportation. «Les prix sont plus élevés que l’an dernier, a souligné Rémi Haquin. Mais, sur des échéances éloignées, ils n’augmentent pas tellement. Ce n’est pas une année à faire de la rétention.» D’après lui, le marché va «s’alimenter», ne laissant «pas grand-chose» en stock fin
2018-2019.
La campagne du blé tendre est tirée par l’export vers les pays tiers, chiffré à 8,7 Mt (contre 8,8 Mt en décembre). Une forte dépendance apparaît vis-à-vis du marché algérien, destination qui pèse 3,558 Mt au 7 janvier, soit 77 % des embarquements cumulés. «Il existe un très fort courant avec l’Algérie : c’est vrai que ça interpelle la filière depuis des années», a reconnu Rémi Haquin. Le blé russe, dominateur sur le marché mondial, ne «s’aventure pas trop» sur ce débouché, faute d’une qualité adéquate. «Le jour où la logistique et le mode de culture des Russes leur permettront de maîtriser un problème de grains punaisés, ils reviendront à la charge», selon lui.