Céréales : l’activité export vers l’UE est sur de bons rails
Les prévisions de FranceAgriMer au 11 avril pourraient toutefois être revues à la baisse si les difficultés de logistiques ferroviaires et fluviales perdurent.
Dans son bilan mensuel de la campagne céréalière 2017-2018, établi le 11 avril, FranceAgriMer a revalorisé de 405 000 tonnes (t) à 8,94 millions de tonnes (Mt) ses prévisions d’exportations de blé tendre vers nos voisins de l’Union européenne (UE). Principales destinations du blé français : la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie et le Portugal. En revanche, les objectifs d’exportations vers les pays tiers sont une nouvelle fois revus en baisse à 8,3 Mt (- 200 000 t par rapport aux prévisions de mars).
Déjà en difficulté face à la concurrence des origines mer Noire, les exportations françaises de blé, comme des autres céréales, commencent à être handicapées par des problèmes logistiques, liés à la grève perlée du trafic ferroviaire, qui a débuté le 3 avril. «De nombreux contrats signés, impliquant une logistique ferroviaire, pourraient ne pas être honorés en raison de ce mouvement social», redoute Rémi Haquin, président du conseil spécialisé de FranceAgriMer pour la filière céréalière. S’ajoutent des problèmes logistiques fluviaux en raison des fortes pluies tombées ces dernières semaines. Les camions, déjà saturés, ne seraient pas en mesure de compenser les problèmes rencontrés par le fret fluvial et ferroviaire.
Stock final de blé
Au 10 avril, la France avait embarqué 6 Mt à destination des pays tiers, principalement vers l’Algérie (3,1 Mt), l’Afrique subsaharienne (1,1 Mt), le Maroc (0,85 Mt), l’Arabie saoudite (0,4 Mt) et Cuba (0,3 Mt). Les importations du Maroc, multipliées par cinq par rapport à la campagne précédente à la même date, bénéficient de la baisse, depuis le 1er décembre, des droits à l’importation sur le blé meunier (de 135 % à 30 %).
Sur le marché intérieur français, les prévisions de débouchés sont ajustées sans modification fondamentale, exceptées les incorporations par les fabricants d’aliments du bétail (Fab), rehaussées de 150 000 t à 5,6 Mt. Quant à la collecte, elle est une nouvelle fois abaissée (- 124 000 t) à 33,13 Mt, suite à la diminution des prévisions de production par le service statistique du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation.
Au final, le stock de report est minoré de 508 000 t à 2,66 Mt, niveau inférieur de 226 000 t à la moyenne quinquennale. Pour le blé dur, FranceAgriMer prévoit désormais un stock de fin de campagne en baisse de 100 000 t à 284 000 t, conséquence de prévisions d’exportation vers les pays de l’UE en hausse de la même quantité.
L’Arabie saoudite : premier débouché de l’orge française
Côté orges, FranceAgriMer a également majoré ses prévisions de ventes vers l’UE à 3,27 Mt (+ 113 000 t par rapport au mois dernier). Les objectifs d’exportation vers les pays tiers sont maintenus à 3,4 Mt, même si, après neuf mois de campagne, les embarquements avaient progressé de 3 % par rapport à la campagne 2016-2017 à près de 2 Mt.
L’Arabie saoudite était, le 31 mars, le principal débouché de l’orge française pour un volume de 0,44 Mt. La Chine (0,34 Mt) était la deuxième destination, suivie par le Maroc (0,30 Mt) et l’Algérie (0,27 Mt), qui avaient accru leurs achats pour cette campagne, respectivement de 86 et 82 %.
Concernant les autres postes du bilan, FranceAgriMer n’a modifié que ses prévisions de collecte (+ 48 000 t à 10 Mt) et d’utilisations par les Fab (- 50 000 t à 1,25 Mt). Le stock de fin de campagne, en baisse de 115 000 t à 1,03 Mt, se situerait légèrement en dessous de la moyenne quinquennale (1,18 Mt). Le stock français de maïs en fin de campagne pourrait, quant à lui, grossir de 108 000 t à 2,81 Mt, au-dessus (+ 358 000 t) du niveau moyen des cinq dernières campagnes.
Malgré des prévisions de collecte en baisse (- 83 000 t à 11,81 Mt), les incorporations par les Fab s’annoncent plus faibles que prévu il y a un mois (- 150 000 t à 2,45 Mt) alors que les ventes vers l’UE sont révisées à la baisse de 40 000 t à 4,81 Mt.
Blé : la France classée deuxième compétiteur mondial en 2015-2016
La France grimpe de la cinquième à la deuxième place des pays compétiteurs en blé tendre sur la campagne 2015-2016, selon une étude présentée, le 11 avril, à FranceAgriMer. Classée quatrième en potentiel de production, deuxième ex-aequo pour les facteurs agro-climatiques, troisième en potentiel pour conquérir les marchés, cinquième sur le portefeuille des marchés et équilibre des flux, deuxième pour l’environnement politique et réglementaire, neuvième sur les facteurs macro-économiques, la France arrive vice-championne du monde dans la veille concurrentielle 2017 d’Agrex Consulting sur le blé tendre. La Russie, non classée deux ans plus tôt, est désignée comme numéro un, l’Australie troisième. Si «la période reste difficile, en termes de prix, de parité monétaire», a reconnu, le 11 avril, Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, la France peut «à moyen terme» continuer à «exister» sur le marché céréalier. Ses forces : un bon soutien de la filière, des conditions agro-climatiques favorables, souligne notamment l’étude. La France connaît aussi des faiblesses, en particulier une réglementation environnementale «très contraignante», un fort taux de prélèvement fiscal.