Céréales : le blé français se vend mieux que prévu
Après huit mois de campagne, FranceAgriMer vient de réviser à la hausse les ventes hexagonales à destination des pays tiers.
FranceAgriMer a publié la semaine dernière son nouveau bilan prévisionnel pour la campagne céréalière 2018-2019. Concernant le blé tendre, la compétition entre les origines européennes, américaines et mer Noire demeure vive, mais tant d’un point de vue prix, que d’un point de vue qualitatif, la France tire son épingle du jeu. C’est pourquoi l’organisme public a revalorisé de 650 000 tonnes (t) à 9,5 millions de t (Mt) ses prévisions d’exportation vers les pays tiers.
Au 11 mars, les embarquements cumulés s’élevaient à 6,02 Mt, en hausse de près de 15 % par rapport à la campagne précédente à la même date. Avec 64 % des achats, l’Algérie constituait toujours notre premier client, devant l’Afrique subsaharienne (14 %) et le Maroc (9 %). Les expéditions vers la Chine et Cuba représentaient 7 % des ventes France.
La France, troisième fournisseur de l’Egypte en blé tendre
La compétitivité renforcée du blé français est illustrée par les achats récents de l’Egypte, via son organisme public, le Gasc, à hauteur de 480 000 t. La France était redevenue, fin février, le troisième fournisseur du Caire derrière la Roumanie (1,02 Mt) et la Russie (3,79 Mt), devançant de peu l’Ukraine (475 000 t). A noter également le chargement de quelques bateaux en ce début d’année vers le Yémen pour un total de 175 000 t.
Les prévisions de commercialisation vers nos voisins de l’Union européenne (UE) sont ajustées à 7,49 Mt, soit 70 000 t de moins qu’en février. «Une baisse concentrée sur le Bénélux, l’Allemagne et l’Espagne», précise Marc Zribi, chef de l’unité «grains et sucre» de la direction Marchés, études et prospective de FranceAgriMer. Sur le marché français, les utilisations de blé par l’amidonnerie/glutennerie sont abaissées de 50 000 t à 2,75 Mt. Autres postes du bilan modifiés depuis le mois de février : la collecte majorée de 53 000 t à 31,18 Mt, et l’export de farine en hausse de 70 000 t à 250 000 t en raison de ventes vers les pays tiers. Au final, le stock de fin de campagne du blé tendre pourrait s’alléger de 549 000 t à 2,44 Mt, niveau nettement inférieur à la moyenne quinquennale (2,9 Mt).
Pour le blé dur, FranceAgriMer prévoit un stock de report minoré d’un mois sur l’autre de 15 000 t à 186 000 t. La collecte a été révisée à la hausse de 21 000 t à 1,64 Mt. Les utilisations par la semoulerie sont portées à 485 000 t (+ 25 000 t). Les prévisions d’exportations vers les pays de l’UE et les pays tiers ont été respectivement revalorisées de 20 000 t (à 820 000 t) et 15 000 t (à 190 000 t).
Ralentissement des exportations d’orge
Tableau moins optimiste pour l’orge. Si les exportations vers nos partenaires européens sont prévues en hausse, 55 000 t de plus que le mois dernier à 3,37 Mt, les prévisions de ventes vers les pays tiers sont révisées à la baisse de 300 000 t à 2,6 Mt. Après une reprise en fin d’année 2018, les embarquements vers les pays tiers ont, en effet, ralenti en janvier et février. A tel point que, début mars, les embarquements (1,56 Mt) chutaient de 6 % par rapport à la campagne précédente à la même date. L’export pays tiers reste soutenu par les expéditions vers l’Arabie saoudite (44 % des ventes), suivie par la Chine (23 %), la Tunisie (11 %) et la Lybie (7,5 %).
Les autres postes du bilan orge ne varient qu’à la marge. Le stock de fin de campagne pourrait, dans ces conditions, s’alourdir de 249 000 t à 1,78 Mt, niveau supérieur à la moyenne quinquennale (1,23 Mt). En raison de ventes plus faibles que prévues (- 220 000 t à 3,96 Mt) vers les pays de l’UE, notamment le Bénélux et l’Allemagne qui préfèrent s’approvisionner en maïs ukrainien, et malgré des prévisions de collecte en légère baisse (- 11 000 t à 10,65 Mt), le stock de maïs en fin de campagne pourrait grossir de 209 000 t à 2,38 Mt. C’est encore un niveau inférieur à la moyenne des cinq dernières campagnes (2,47 Mt).
Blés et orges plutôt bien partis
Difficile de dire pour l’instant si les prochaines moissons seront bonnes, mais l’hiver a été, semble-t-il, bénéfique aux céréales en place. Il a notamment permis de rattraper le retard de végétation enregistré au moment de l’implantation des cultures. La majorité des plantes semées l’automne dernier était, début mars, en fin de tallage. Certaines parcelles avaient déjà atteint le stade épi 1 cm. FranceAgriMer affiche des blés tendres jugés comme bons à excellents à hauteur de 86 %.
Pour l’orge et le blé dur, les taux sont respectivement de 80 et 83 %. Les semis d’orge de printemps étaient estimés réalisés à hauteur de 93 % au 4 mars, ils sont probablement achevés maintenant.