Céréales : les stocks de report s'alourdissent
FranceAgriMer confirme des récoltes abondantes et, pour le blé tendre, une moindre activité export pays-tiers.
Le bilan prévisionnel de FranceAgriMer au 8 octobre confirme une nette augmentation du stock de blé tendre à la fin de la campagne 2014-2015. Par rapport à 2013-2014, il s'alourdirait de 88,2% à 4,416 millions de tonnes (Mt). L’organisme public prévoit pourtant des exportations françaises de blé tendre vers l'UE en hausse de 16,5 % à 7,96 Mt et une utilisation plus importante par les fabricants d'aliments du bétail (5 Mt).
Mais il se montre aussi pessimiste qu’au mois de septembre en ce qui concerne les exportations vers les pays tiers assurant qu’elles n'attendraient que 8 Mt, contre 12,2 Mt en 2013-2014. Au 1er octobre, le cumul des embarquements vers les pays tiers depuis les ports français étaient en baisse de 25 % par rapport à 2013 à la même date. Les exportations vers l’Algérie, le premier débouché français, étaient en baisse de 47%. 360 000 t de blé tendre français avaient pris, début octobre, le chemin de l'Egypte.
La France était comme en 2013-2014 largement distancée par la Roumanie (780 000 t) et la Russie (650 000 t) mais elle devançait toutefois l’Ukraine et les Etats-Unis (55 000 t pour chaque pays). «Ce résultat témoigne de la forte compétitivité du blé français à l’exportation, accentuée par le recul de l’euro», explique Olivia Le Lamer, chef de l’unité Grandes cultures de FranceAgriMer.
Orge : la Chine achète français
Après trois mois de campagne, la France s’est également bien positionnée sur le marché des orges. Ses exportations à destination des pays tiers approchaient le 1er octobre 0,9 Mt, proche du record de 2013 à la même date (1 Mt). Fait marquant, la Chine était le plus gros acheteur (547 000 t au 3 octobre) devant le Maroc (187 000 t) et l'Algérie (113 000 t).
Compte tenu de ce bon début de campagne, FranceAgriMer prévoit en 2014-2015 des exportations vers les pays tiers de 2,2 Mt, en hausse de 35,6 %.
L’organisme public a ajusté en légère hausse la collecte d’orge à 9,678 Mt par rapport à la prévision de septembre et confirmé le bon niveau des exportations vers l’UE (3,6 Mt) et celui des utilisations par les fabricants d’aliments du bétail (1 Mt).
Au final, FranceAgriMer a alourdi le stock de report, le portant à 1,559 Mt, chiffre supérieur de 49,5 % à celui de la fin de campagne 2013-2014.
Vers une récolte record de maïs en Europe
La production française de maïs est attendue à 16,2 Mt (semences comprises) par FranceAgriMer, chiffre en dessous de certains opérateurs qui prévoient des récoltes entre 17 et 18 Mt.
Pour, Olivia Le Lamer, la prudence s’impose. «D’une part, rappelle-t-elle, les conditions météos peuvent rapidement se dégrader et affecter les rendements, d’autre part, il est difficile de connaître la part des maïs grains qui pourraient être transformés en maïs ensilage».
FranceAgriMer a reconduit les utilisations intérieures du maïs à 6,98 Mt dont 3,1 Mt pour l’alimentation animale.
Les prévisions de ventes à l’Union européenne sont portées à 5,5 Mt alors que le poste exportations vers les pays tiers est affiché en baisse de 100 000 t à 200 000 t.
Au final, le stock de fin de campagne est ramené à 3,69 Mt. Mais, par rapport à la campagne 2013-2014, il s’alourdirait de 61 %.
C’est toute l’Europe qui devra faire face à des surplus. Sur la base des estimations transmises à la Commission européenne par les Etats membres de l’UE, la production communautaire de maïs 2014-2015, devrait atteindre 72,1 Mt, un record historique.
INTERVIEW
Christophe Bonduelle, président de Bonduelle
"Le succès de plusieurs innovations relance notre activité en Europe"
Christophe Bonduelle, président de Bonduelle, fait le point sur les comptes de l’exercice écoulé et sur l'activité de l'entreprise.
L’ensemble de l’exercice a-t-il été conforme à vos attentes ?
Les résultats sont très corrects à nos yeux dans le contexte actuel, avec une très belle progression du chiffre d’affaires qui, à taux de change constants, frise les 2 milliards d’euros. Malheureusement, cette performance est amoindrie par les effets de change qui mangent 4 points de croissance. Au passage, cette sensibilité aux devises témoigne de notre exposition internationale. Mais ce n’est pas très grave dans la mesure où nous n’avons pas souffert en compétitivité. Le plus souvent en effet, nous produisons là où nous vendons, l’impact devises que nous subissons n’est donc lié qu’à la consolidation.
Cette croissance s’est faite de manière équilibrée ?
Notre chiffre d’affaires s’est accéléré au second semestre avec en données comparables une progression annuelle de 1,8 % en France, de 2,8 % dans les autres pays d’Europe, ce qui constitue un vrai redressement après la décroissance de l’exercice précédent, et surtout de 12,4 % hors d’Europe, une zone qui reste très dynamique. Cette croissance est à peu près équilibrée entre marques propres et MDD, de même qu’en retail et food services.
À quoi peut-on attribuer cette reprise en Europe ?
Très clairement au succès d’un certain nombre d’innovations. Dans la conserve, c’est principalement le succès de notre gamme vapeur, qui après la France a été déployée dans toute l’Europe. Elle affiche une très belle performance avec une progression de 18 % cette année, après 26 % l’année précédente, avec des volumes plus importants.
D’autres nouveautés prennent le relais, comme les poêlées en conserve qui, grâce à cette nouvelle technologie vapeur, permettent l’absence de liquide dans la boîte. Les innovations alimentent également Cassegrain qui continue de très bien se porter. La marque est d’ailleurs devenue la première marque de conserve en France en 2013, avec moins de 5 % en part de marché volume et 10 % en part valeur. Ce qui fait que nous avons décidé de lancer Cassegrain en restauration avec des boîtes de 2 kg. Même chose dans notre branche surgelé, avec une progression de nos marques, contrairement au marché, grâce aux légumes vapeur précuits, un concept que nous déployons également en Europe.
Et dans le frais, nous avons d’importantes innovations, en particulier en traiteur-snacking, avec les formules repas, un plateau comprenant des légumes, une protéine animale et un dessert en co-branding avec Andros. Lancée en avril, cette gamme a très bien démarré. Nous avons décidé d’investir sur ce segment, parce qu’il affiche les meilleurs taux de croissance. De zéro en 2011, il pèse aujourd’hui 4 500 tonnes.
Comment se passe vos relations avec la grande distribution ?
Nous n’en sommes qu’au premier round des négociations, mais il est certain que nous sommes inquiets de voir ce qui se passe et notamment cette guerre des prix entre distributeurs, dont on sait qu’il y a un risque qu’ils se tournent vers les fournisseurs pour la financer. Il est clair que dans un marché atone personne ne veut perdre de part de marché, ni de volume de vente, donc tout se joue sur les prix. Mais on ne peut pas descendre plus bas que plus bas. J’ai envie de dire, qu’il faut choisir entre le pouvoir d’achat et l’emploi. Heureusement chez nous, l’activité en France ne représente plus qu’un tiers de notre chiffre d’affaires, ce qui nous permet malgré tout de relativiser.
Propos recueillis par Perrine Delfortrie