Céréales : l’heure de vérité pour les exportations
FranceAgriMer vient d’actualiser ses bilans prévisionnels pour
la campagne en cours dans un contexte de concurrence très forte sur le marché mondial.
de 400 000 tonnes (t) à 9,5 millions de tonnes (Mt).
La seconde partie de la campagne commerciale 2017-2018 s’annonce difficile pour le blé français en raison, notamment, de la concurrence des origines mer Noire, à commencer par les blés russes, dont la domination sur le marché international est sans précédent depuis des décennies. Dans son rapport mensuel établi le 13 décembre, FranceAgriMer s’est résolu à réviser à la baisse ses estimations d’exportation de blé tendre vers les pays tiers de 400 000 tonnes (t) à 9,5 millions de tonnes (Mt).
Si, comme le souligne Olivia Le Lamer, adjointe au chef de l’unité «grains et sucre» de l’organisme public, «la France a l’habitude de monter progressivement en puissance en cours de campagne», cet objectif ne sera pas facile à atteindre selon de nombreux observateurs. Tout dépendra du niveau des embarquements dans les trois prochains mois.
L’Arabie Saoudite aux achats
Sur la base des statistiques douanières des quatre premiers mois de campagne et d’estimation d’embarquements pour le mois de novembre, les expéditions vers les pays tiers étaient en hausse de 33 % par rapport à l’an passé à la même date, emmenées par l’Algérie (65 % des ventes) suivie par l’Afrique sub-saharienne (25 %). A noter l’achat pour la première fois de 55 000 t de blé hard par l’Arabie Saoudite (par le passé, le pays n’avait commandé que du blé soft). En fin de campagne, FranceAgriMer table sur un débouché de 300 000 à 400 000 t. De quoi compenser la déception enregistrée vers l’Egypte, premier importateur de blé au monde, qui n’a, pour l’instant, acheté que 60 000 t de blés hexagonaux, préférant s’approvisionner en blés russes, roumains ou ukrainiens.
FranceAgriMer a modifié d’autres postes du bilan. L’organisme public a notamment revu à la baisse ses prévisions de collecte de blé tendre en 2017 à 33,88 Mt (- 329 000 t en un mois). La consommation par les fabricants d’aliments du bétail (Fab) est désormais projetée à 5,4 Mt (+ 100 000 t en un mois au détriment du maïs). Les ventes vers l’Union européenne (UE) sont, quant à elles, minorées de 25 000 t à 8,08 Mt. Au final, le stock de fin de campagne est allégé de 81 000 t à 3,24 Mt, ce qui reste toutefois un niveau supérieur à la moyenne quinquennale (2,89 Mt). Pour le blé dur, FranceAgriMer prévoit désormais un stock de report de 353 000 t (+ 56 000 t en un mois). La collecte est estimée sans changement à 1,96 Mt. La France pourrait exporter 900 000 t vers l’Union européenne (- 50 000 t en un mois) et 400 000 t vers les pays tiers.
La dynamique s’accélère pour l’orge
Pour l’orge, la dynamique s’accélère après cinq mois de campagne : les expéditions sont dorénavant supérieures à celles de l’an passé de 28 %. La Chine (23 %) est la première destination, devant l’Arabie Saoudite (21 %), le Maroc (20 %), la Jordanie (10 %), la Tunisie (8,7 %) et l’Algérie (8 %). Si les achats chinois sont à l’arrêt depuis plusieurs semaines, l’Afrique du Nord est actuellement très demandeuse d’orges françaises, fait remarquer Olivia Le Lamer. En conséquence, les exportations vers les pays tiers restent prévues en fin de campagne à 3,4 Mt.
Sur le marché français, les prévisions d’utilisation d’orge par les Fab sont inchangées à 1,2 Mt. Les prévisions de ventes de grains vers l’Union européenne sont ajustées à la baisse à 3,3 Mt (- 40 000 t par rapport au mois dernier). Les exportations de malt baisseraient également : - 50 000 t à 700 000 t vers l’Union européenne et - 5 000 t à 630 000 t vers les pays tiers. Le stock de fin de campagne, en progression de 161 000 t à 1,11 Mt, se situerait légèrement en dessous de la moyenne quinquennale (1,18 Mt).
Malgré des prévisions de collecte en hausse : +157 000 t à 11,56 Mt, le stock français de maïs en fin de campagne pourrait s’alléger de 81 000 t à 2,62 Mt, au-dessus cependant du niveau moyen des cinq dernières campagnes (2,45 Mt). Les estimations d’utilisation par les amidonniers sont maintenues à 2,25 Mt tandis que celles dans l’alimentation animale sont diminuées de 100 000 t à 2,6 Mt. Enfin, les projections de livraisons vers l’Union européenne progressent en un mois de 35 000 t à 4,75 Mt alors que les exportations vers les pays tiers se stabiliseraient à 150 000 t.