Céréales : premier bilan et premières recommandations
Les réunions Optipro après moisson, organisées le 2 août
à Mesnil-St-Nicaise, le 3 août à Ailly-sur-Noye et le 4 août
à Montdidier, ont rassemblé plus de deux cents adhérents.
La moisson tout juste terminée, l’heure est au bilan pour les régions Sud et Est chez Noriap. Comme chaque année, les adhérents de ces «deux régions» sont conviés, le temps d’une demi-journée, à l’une des trois réunions organisées dans le cadre des Optipro, afin de dresser un premier bilan de cette campagne, de prendre connaissance des résultats des essais variétés menés par la coopérative, mais également d’écouter les recommandations techniques faites par la coopérative pour la future campagne.
Faits avérés, la moisson de cette année a été bien meilleure que celle de l’année dernière dans ces deux régions. Mais c’est également dans ces deux régions qu’on relève les plus grandes hétérogénéités, notamment en termes de rendement. Côté orges d’hiver, le rendement moyen est évalué à 80 qx/ha. Le problème reste la teneur en protéines de cette céréale, un peu trop élevée, avec une moyenne de 12,1. Les colzas affichent, eux, une bonne moyenne de 43 qx/ha. Pour les orges de printemps, c’est un peu plus décevant pour la coopérative agricole, celles-ci semblent avoir souffert de la sécheresse en fonction de leurs dates de semis et affichent ainsi une moyenne rendement de 68 qx/ha. Mais la céréale, reine de chaque moisson, restera le blé, de quoi s’y attarder un peu plus longtemps… Revenons sur le temps de sa plantation jusqu’à sa récolte.
Des blés qui ont souffert de la sécheresse
«A l’automne 2016, le blé a été semé dans de bonnes conditions. Il a également levé dans de très bonnes conditions climatiques», explique Philippe Pluquet, responsable technique en productions végétales chez Noriap. Ont suivi quelques périodes de gel en janvier, mais sans conséquences graves. Le mois de mars a été, quant à lui, un peu plus compliqué, dû, notamment, au manque d’eau. La réserve utile en eau a ainsi été fortement diminuée, voire épuisée, malgré les fortes pluies des mois de mai et juin en 2016, qui avaient conduit à la remplir. Puis, le gel est de nouveau réapparu autour du 20 avril, ce qui a conduit, entre autres, avec le manque d’eau, à une mauvaise assimilation de l’azote apportée, mais également à une perte de talles.
Les premières gouttes sont, ensuite, tombées le 25 avril, mais de manière très localisées. Des écarts jusqu’à 100 mm d’eau sont observés, entre les mois de mai à juin dans ces deux secteurs par la coopérative agricole. De plus, le mois de juin ayant été particulièrement chauds, les phases de remplissage et de maturité ont été accélérées. Les températures supérieures à 30 °C enregistrées ont très certainement causé des pertes de rendement liées à l’échaudage thermique, mais il est difficile de la chiffrer à la minute. Enfin, mi-juillet, est arrivée alors, précocement, la dernière étape : la récolte de cette céréale.
Les rendements obtenus, dans les parcelles, vont alors du simple au triple, soit de 40 qx/ha à 120 qx/ha dans ces deux régions. De même, cette dissemblance est observée dans les silos de la coopérative. «On a des silos qui font en moyenne 70 qx/ha, et d’autres qui sont à une moyenne de 90 qx/ha», fait remarquer Frédéric Toullet.
Des rendements irréguliers, dus à la sécheresse et au gel du printemps, mais à cela s’ajoutent la nature des terres, la date de semis, l’effet du précédent, la nature et les dates des apports d’azote, la matière organique dans le sol, etc. Ainsi, par exemple, «contrairement à la campagne précédente, cette année, il a fallu semer tôt», raconte Frédéric Toullet, responsable des régions Sud et Est de la coopérative. «Un blé semé au 1er octobre fait 100 qx/ha, au 1er novembre 85 qx/ha et au 1er décembre 70 qx/ha», ajoute-t-il. Bref, au total, la moyenne affichée est de 82 qx/ha, soit 5 qx/ha en dessous de la moyenne quinquennale pour ces secteurs.
Côté qualité, rien à redire pour cette année. Le poids spécifique des blés est bien au-delà des 76 kilos par hectolitre. L’indice de chute Hagberg reste lui aussi très correct et, pour le teneur en protéines des blés, Noriap félicite ses adhérents : 12,2 de moyenne obtenue.
Variétés pour la future campagne
Outre le bilan de la récolte 2017, cette demi-journée est également l’occasion, pour les participants, de découvrir les résultats des essais variétaux menés durant cette campagne et d’écouter les conseils de la coopérative pour les futurs semis.
Commençons avec les essais variétaux pour les orges d’hiver. La variété Quadriga, proposée par la coopérative depuis deux ans, sort de nouveau en tête du classement cette année. Son potentiel rendement, sur ces deux dernières années, est évalué entre 117 et 119 % des témoins. Suivent les variétés Jettoo et Tektoo, classées entre 112 et 110 % des témoins. «En sol limoneux, Detroit sort également très bien cette année et fait 89 qx/ha», fait remarquer Philippe Pluquet.
Pour les colzas, en sol limoneux, la variété Memori CS réalise un rendement de 65 qx/ha et se classe sur deux ans à 124,3% des témoins. En terre de craie, ce sont les variétés Cristiano KWS et Annapolis qui sont en tête, avec un rendement de 45 à 48 qx/ha pour cette année.
Les essais variétés blé sont, quant à eux, très nombreux, l’objectif étant de refléter les différentes situations pédoclimatiques des régions de la coopérative : essais en blé sur blé, blé précédent lin, pomme de terre, et essais en terre de craie ou en limon.
Pour les essais blé sur blé, à l’affiche du classement, en terre de limon, les variétés RGT Libravo, Bergamo, Fructidor ou encore Attraktion, «une nouveauté à regarder», d’après Noriap, qui affiche des rendements de l’ordre de 80 à 78 qx/ha. Cellule est, quant à elle, un peu plus décevante, et semble ne pas apprécier les printemps séchants. En terre de craie, une fois encore, la variété hybride, Hyclick est au-dessus. Pour les essais menés à La Chaussée-Tirancourt, en terre de craie, Hyclick, Attraktion et Chevignon, variétés de premier semis, affichent le meilleur rendement entre 111 et 115 quintaux de l’hectare. Et, en regardant la synthèse sur deux ans, Chevignon, nouvelle variété de premier semis, potentiellement BPMF, a un potentiel de rendement évalué à 114 % par rapport aux témoins.
Quant aux essais menés en terre de limon, les premiers résultats obtenus classent les variétés Chevignon, Bergamo et RGT Libravo, variétés de premier semis, en tête, avec un potentiel de 107 à 109 % des témoins (Rubisko, Cellule, Fructidor, Terroir sont les témoins). De même, sur trois ans, Chevignon se classe toujours en haut et affiche un potentiel de 113 % par rapport aux témoins.
Pour les variétés de second semis, Hyking, Hyfi, RGT Sacramento sont en tête, avec un rendement mesuré entre 104 et 106 % par rapport aux témoins. «Autre variétés de second semis, également à regarder, c’est Filon. Tolérante à la septoriose, elle est inscrite avec un potentiel rendement à 115 % des témoins à l’automne dernier, et présente à ce jour un niveau de 100 % cette année dans nos essais», explique Philippe Pluquet. Par ailleurs, les bonnes variétés, inscrites avec un fort potentiel et mauvaises l’année dernière, ressortent très bien cette année, comme Terroir.
Zoom conseil technique
Désherbage des orges d’hiver : la coopérative rappelle et conseille fortement de désherber à l’automne et avant semis sur les fortes infestations de rays-grass, vulpin ou dicots.
Insecticides sur les colzas : contrôle des méligéthes. Noriap conseille d’implanter conjointement à la variété cultivée la variété très précoce ES Alicia à raison de 5 à 10 % afin de lutter contre les méligéthes.
Lutte contre les altises : à l’essai cette année, l’association du colza et d’une plante compagne, comme la féverole à raison de 15 à 18 grains/m². Les résultats obtenus, cette année, affichent un rendement de 2,8 qx/ha supplémentaire. A confirmer.