Ceta : pas «d’effet significatif» sur les filières sensibles
Quatre ans après le début de sa mise en œuvre provisoire, l’accord commercial avec le Canada n’a toujours pas «d’effet significatif» sur les filières européennes sensibles, d’après le récent bilan dressé par un service du Premier ministre.
Quatre ans après le début de sa mise en œuvre provisoire, l’accord commercial avec le Canada n’a toujours pas «d’effet significatif» sur les filières européennes sensibles, d’après le récent bilan dressé par un service du Premier ministre.
Toujours rien à signaler. C’est le message qu’était venue adresser la patronne d’un service placé sous l’autorité de Matignon, lors de son audition à l’Assemblée nationale le 29 septembre. Pour la secrétaire générale des Affaires européennes (SGAE) Sandrine Gaudin, quatre ans après sa mise en place provisoire, l’accord commercial avec le Canada (Ceta) n’a toujours pas eu «d’effet significatif» sur les quatre filières agricoles sensibles (viandes bovine, ovine, porcine, volaille, sucre, éthanol).
En viande bovine, par exemple, les flux sont restés «très limités», a assuré Sandrine Gaudin. Dans cette filière qui a été la plus mobilisée contre le Ceta, le bilan est même pour l’instant légèrement favorable à l’UE. En effet, le Canada a exporté 1 577 tonnes équivalent carcasse (tec) en 2020, alors que l’UE en a exporté
21 000 sur la même période, principalement de l’aloyau, contre 1 000 avant l’application du Ceta. Selon la haut-fonctionnaire, une «quarantaine de fermes canadiennes seraient susceptibles d’exporter vers la France, mais ne sont pas encore en état de respecter les standards européens».
Attention à l’éthanol
De même, les importations canadiennes de viandes de volaille et de porc sont restées «quasi nulles» en 2019-2020, et celles de sucre «se maintiennent à un niveau assez faible», a passé en revue Sandrine Gaudin. Seule légère ombre au tableau, la filière éthanol, qui a connu une augmentation des importations canadiennes, passées de 100 t/an sur 2014-2018 à 71 000 t en 2020 (dont 11 000 vers la France). Une évolution due à la certification aux normes ISCC en 2019 d’une usine canadienne, note la fonctionnaire. Mais, rassure-t-elle, la balance commerciale du secteur avec les pays tiers reste «largement excédentaire».
Sandrine Gaudin a rappelé plus généralement que dans le cadre de la réforme prochaine de la politique commerciale de l’UE, la France souhaitait «protéger davantage son agriculture» : «Je pense que l’objectif est désormais plus assumé.» Autre priorité «sans doute nouvelle», la volonté de «promouvoir notre modèle de production européenne ou d’indications géographiques protégées». Selon la haut-fonctionnaire, ce «changement de paradigme a gagné du terrain» en Europe. Pour preuve, argue-t-elle, la récente communication de la Commission sur la réforme de la politique commerciale européenne «est fortement inspirée par des considérations françaises».
Les États-Unis tirent les exportations agroalimentaires de l’UE
En raison de la suspension (actée en mars) des droits de douane respectifs imposés dans le cadre de l’affaire Airbus/Boeing, la valeur des exportations de l’UE destinées au marché américain a connu, lors du premier semestre 2021, la plus forte augmentation (+ 1 657 Mio €, + 16 %) en glissement annuel. Cette bonne dynamique concerne principalement le vin (+ 627 Mio €, + 36 %), les spiritueux et les liqueurs (+ 475 Mio €, + 41 %) et les préparations de légumes (+ 107 Mio €, + 20 %). Quant aux importations, l’UE a augmenté massivement ses achats de soja (+ 293 Mio € soit une hausse de 43 % en glissement annuel). Les achats chinois de viande porcine continuent également de porter les exportations européennes (+ 257 M€, + 10 % par rapport au semestre 2020).
En revanche, au cours du premier semestre 2021, la valeur des exportations de l’UE vers le Royaume-Uni a poursuivi sa chute (- 446 Mio €, - 2 %) par rapport à la même période un an plus tôt. Cette tendance baissière engendrée par le Brexit concerne principalement la viande porcine (- 124 Mio €, - 24 %). Sur le front des importations, les achats européens de produits britanniques ont, eux aussi, chuté fortement de 30 % (- 2 141 Mio €).