Chambre d’agriculture : c’était la dernière session de l’année
Le 29 novembre, la Chambre d’agriculture de la Somme organisait sa session. Au menu : budget, «Ferme 3.0», PPRN, opération «Avenir conseil élevage», etc.
Ce n’est pas la dernière séance, si chère à Eddy Mitchell, mais la dernière session de l’année pour la Chambre d’agriculture de la Somme. Avec un menu qui ferait pâlir même un Patangruel, ses représentants ont fait le point sur les sujets qui les occupent : charte Avenir conseil élevage, audits-conseils menés pour cette filière, mais aussi plan de prévention des risques naturels (PPRN) dans la Basse vallée de la Bresle, vote du budget initial pour l’année 2017, ou encore les objectifs et perspectives des programmes de recherche et de développement dans le cadre de la «Ferme 3.0».
Les pourparlers étant en cours à l’échelle des Hauts-de-France sur la répartition des fonctions support entre la nouvelle Chambre régionale des Hauts-de-France et les Chambres départementales, le budget initial pour l’année 2017 a été construit à périmètre identique de celui de 2016. «Si, suivant les décisions prises au final, des modifications seront à apporter, nous le ferons sur le budget rectificatif qui sera voté en juin 2017», précise en préambule Alain Waymel, directeur de la Chambre départementale de la Somme. Le budget initial, de près de 7,3 millions d’euros, est quasiment à l’équilibre en fonctionnement et en hausse en investissement (+ 27), avec une capacité d’autofinancement de 350 000 €, soit 93 jours d’autofinancement.
Pour l’heure, les prestations apportées par la Chambre n’augmenteront ni en tarifs, ni en volume. Outre le fait qu’il n’y aura aucune augmentation pour les agriculteurs ayant recours aux services délivrés par la Chambre, cette dernière propose aussi, suite aux récentes mauvaises récoltes, de décaler la facturation des formules de mai à septembre. Par ailleurs, elle offrira un avoir à ses clients 2017 sur la base de leur facturation 2016.
10 % d’avoirs seront calculés sur Mesdron’images. A charge pour l’agriculteur qui en use de donner des informations à la Chambre sur le rendement des parcelles. Idem pour le service Mes parcelles, l’avoir proposé étant, lui, de 90 €. Quant aux JA, tous les avenants 2017 leur seront proposés gratuitement.
Le budget a été voté à l’unanimité. Reste que la participation financière de la Chambre départementale à la nouvelle Chambre régionale pose question. «Force est de constater, relève Françoise Crété, présidente de la FDSEA de la Somme, qu’il y a un manque de clarté au niveau de notre participation au budget régional, tant sur le plan financier que sur le plan technique. Je peux comprendre que sa mise en place n’est pas facile. Je demande donc que pour le prochain budget, la clarté soit de retour.» Cela le sera, a promis le président de la Chambre départementale de la Somme, Daniel Roguet. Et de préciser : «Nous sommes, en effet, la Chambre qui donne le plus au niveau de la Chambre régionale cette année, mais il est hors de question de continuer dans ces conditions. Je ne serai pas le dindon de la farce. Il faut régler les problèmes de financement et d’organisation des boutiques. Si on loupe le coche, on nous en voudra très longtemps.»
Si la régionalisation peine à se faire, elle semble, en revanche, plus facile à s’exprimer au travers du projet de la «Ferme 3.0». «Il y a un accord tacite entre les cinq Chambres pour que la «Ferme 3.0» soit le site d’expérimentation des Hauts-de-France», indique Alain Waymel.
«Ferme 3.0» : un projet fédérateur
S’il y a une opération dont est particulièrement fière la Chambre d’agriculture, c’est bien la «Ferme 3.0», avec sa vitrine grandeur nature proposant de tester tout ce qui peut se faire à partir des dernières innovations technologiques. «C’est une chance d’avoir une telle ferme, précise Alexandre Deroo, membre du comité scientifique de la «Ferme 3.0», car nous sommes en capacité d’apprécier toutes les techniques mises en œuvre sur des durées plus longues. Les perspectives devraient être énormes.»
Enormes, les cinq nouveaux programmes lancés le sont : évaluation des produits du bio-contrôle et leur introduction dans les itinéraires techniques des exploitations ; test de trois conduites alternatives en rotation de six ans sur des légumes et des pommes de terre ; désherbage ciblé ; télédétection des adventices ; et robots de désherbage. Outre les avancées agronomiques, la volonté de la Chambre est de fédérer les partenaires à l’échelle des Hauts-de-France.
Pour ce faire, celle-ci va constituer une association. «On imagine de mettre en place cinq collèges pour cette association. Le premier sera celui des fondateurs, le second celui de la recherche et du développement, le troisième celui des partenaires économiques, le quatrième celui de l’enseignement et de la formation, et le cinquième celui des membres associés tels que des collectivités territoriales», détaille Alain Waymel, directeur de la Chambre d’agriculture de la Somme. Une réunion sera organisée début janvier pour mettre en place cette association. «Son objectif sera d’avoir un rendu de toutes les expérimentations menées sur le site, mais aussi d’organiser sur place des visites pour les agriculteurs et d’atteindre des objectifs agronomiques», complète Daniel Roguet. Après la «Ferme 3.0», «pourquoi pas une ferme d’élevage 3.0 ?», demande Olivier Gaffet, administrateur chez Sodiaal Union.
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Audits-conseils : le point
La session de la Chambre d’agriculture a permis de faire aussi le point sur le dispositif «Avenir élevage 80».
On atteindra les 200 en début d’année prochaine. Ces audits, principalement mis en place pour les éleveurs laitiers, sont également proposés aux polyculteurs. «La spécificité de ces audits dans la Somme est le contrat de progrès qu’elle propose afin d’engager une réflexion globale en partant du système d’exploitation jusqu’à la mise en place de trajectoires d’exploitation sur cinq ans», précise Stéphane Verscheure, chef d’équipe productions animales à la Chambre d’agriculture de la Somme.
Sur les 192 demandes déposées au 28 novembre, 128 ont fait l’objet d’un diagnostic, première étape du dispositif. L’étape suivante, soit l’organisation des tables rondes, a été plus longue à se mettre en place, en raison de la difficulté à réunir tous les partenaires, puis de la moisson et des semailles. Pour l’heure, 84 ont pu être organisées. A partir des diagnostics établis, sans surprise, les marges de progrès identifiées portent sur l’amélioration de la productivité de l’atelier d’élevage, celle de la main-d’œuvre et de l’organisation du travail, mais aussi sur les charges de structure et la maîtrise des intrants pour les polyculteurs.
«Peu d’éleveurs sont en mode projet, souligne Stéphane Verscheure. Leur demande est plutôt de passer au mieux la période de crise, ou comment faire face à des difficultés financières importantes et amplifiées avec la crise agricole.» Aussi l’idée est-elle d’essayer de créer cette dynamique de projet afin de pérenniser les entreprises. Dans cette optique, des enveloppes supplémentaires ont été ouvertes pour l’achat de matériels spécifiques et le financement d’aides dans les exploitations d’élevage via le PCAE. D’autres enveloppes sont aussi accessibles pour des projets de diversification via le Conseil régional pour le moment. F. G.
PPRN de la Basse vallée de la Bresle
Trois villes sont concernées dans la Somme : Eu, Mers-les-Bains et Le Tréport. Les risques ont été définis : inondations par remontée de nappes de la Bresle, débordements de la rivière de la Bresle, éboulements de la falaise, ruissellements. A Mers-les-Bains, où le risque le plus important porte sur les éboulements de la falaise, une seule exploitation agricole y a son siège social. Six autres exploitations sont concernées, mais elles n’ont pas leur siège social sur place.
Au regard de ces risques, des contraintes ont été définies. Parmi celles-ci, une zone rouge a été fixée dans laquelle toute activité agricole est interdite en bord de falaise dans une bande de 30 mètres, sauf pour le pâturage à partir du bord de la falaise, dans un délai d’un an à compter de l’approbation du PPRN. La question est donc la suivante : que faire de cette bande de 30 mètres non cultivée ? Quel entretien ? Quelle indemnisation ? La Chambre d’agriculture a décidé de demander l’achat de cette bande. Le Conservatoire du littoral ne s’y oppose pas. Ne reste plus qu’à obtenir l’achat des terrains concernés auprès des agriculteurs.