Chemins ruraux : biodiversité, trame verte et érosion
Quelles sont les problématiques environnementales en lien avec les chemins ruraux dans les Hauts-de-France et les zones de grandes cultures ?
des chemins pour les espèces.
Aujourd’hui, dans l’ex-Picardie, les chemins ruraux représentent, selon des estimations, 1,5 % de la surface agricole utile. Ils contribuent à créer 15 ha, par rapport à 100 ha de surface agricole utile, de zones prisées pour la nidification. A l’origine, ces chemins avaient été conçus pour la desserte des parcelles agricoles. Le temps passant, ces chemins ont recouvert d’autres usages, à savoir ludiques, touristiques ou encore environnementaux. Autant de fonctionnalités qui peuvent se télescoper et faire l’objet de conflits quant à leur usage. Sans oublier les nouveaux chemins créés pour accéder aux éoliennes, ou encore les voies vertes, les chemins de halage, les sentiers littoraux, les chemins privés, etc.
Si force est de constater que «de nombreux chemins ruraux ont été abandonnés», relève Bruno Haas, élu en charge de la biodiversité à la Chambre régionale des Hauts-de-France, l’intérêt environnemental qu’ils peuvent représenter les ont remis sous les feux des projecteurs. Avec le développement des zones urbanisées et celui des infrastructures de transport, une baisse de fréquentation des habitats a été relevée. Pour lutter contre ce déclin, la préservation et la restauration des trames vertes - définies lors du Grenelle de l’environnement en 2010 - ont été mises en avant au travers des milieux forestiers, ouverts humides, xériques, grandes cultures et aquatiques.
Chemins ruraux : rôle environnemental
Les chemins ruraux présentent, eux aussi, un intérêt écologique dans le cadre des trames vertes puisqu’ils créent des chemins pour les espèces. Différents types de chemins ruraux peuvent jouer cette fonction : des chemins de prairie linéaire, des chemins de boisement linéaire ou des chemins de trame herbacée en milieu forestier. «Quels que soient ces chemins, ils représentent des lieux de réservoir de biodiversité connectés entre eux par des corridors écologiques», explique Anne Trannoy, directrice de la Fédération régionale des chasseurs des Hauts-de-France. Autre intérêt : leur rôle dans la lutte contre l’érosion. En effet, comme, souvent, les chemins ruraux sont plus hauts que les parcelles agricoles, et peuvent donc constituer une zone tampon lors de gros orages ou de pluies fortes répétées. Les chemins ruraux jouent alors un rôle de bande tampon. Mais ce n’est pas tout.
En effet, les chemins ruraux présentent un réel intérêt pour leur capacité d’accueil des espèces. «C’est l’habitat préférentiel, notamment de la perdrix grise dans les Hauts-de-France. Selon les études réalisées, 70 % des nids de perdrix grises sont situées à moins de trente mètres de la bordure de la parcelle, dont la moitié à proximité d’une route ou d’un chemin», détaille Anne Trannoy. Enfin, de façon générale, les chemins ruraux peuvent contribuer aux plans nationaux d’actions pour préserver les espèces les plus menacées. Sur les soixante-deux plans nationaux qui existent, «douze ont été déclinés dans notre région, dont deux qui ont des interactions nettes avec les chemins ruraux. Il s’agit du plan national d’actions en faveur des plantes messicoles et du plan national d’actions France, terre de pollinisateurs», rappelle la directrice de la Fédération régionale des chasseurs des Hauts-de-France. Reste que des règles précises d’aménagement des chemins ruraux sont à respecter.
Règles d’aménagement des chemins
La première des règles est, bien entendu, le respect des emprises, ainsi que le maintien maximal de la partie herbacée des chemins ruraux. De plus, un entretien différencié doit être apporté entre les bandes de roulement, les bernes et les accotements. Autre règle d’or, et première pour le milieu agricole : leur réaménagement doit se faire en tenant compte de l’aspect agricole. L’amélioration des bordures est aussi un paramètre à retenir, ainsi que la prise en compte de la fréquentation des chemins. Enfin, si l’on souhaite un aménagement durable, il ne pourra se faire qu’en passant par la concertation, car «sans concertation, il sera difficile à mettre en œuvre», prévient-elle.
Une fois cela dit, tous les chemins ne peuvent pas remplir des fonctions environnementales. «Il y a chemin et chemin. Le facteur clé pour que ces chemins puissent jouer un rôle environnemental réside dans leur gestion et le fait qu’ils soient des bio-corridors», conclut-elle.