«Chroma» : la cathédrale d’Amiens revêt ses habits de couleurs
Avec le retour du marché de Noël à Amiens, le spectacle «Chroma» revient jusqu’au 31 décembre.
Fermez les yeux, puis imaginez-vous un instant au Moyen-Age devant la cathédrale. Laissez-vous pénétrer par la musique, puis ouvrez les yeux. Dès lors, votre regard ne se détachera plus de la façade de ce majestueux édifice, habillé de toutes les couleurs qui fusent dans tous les sens, puis de façon géométrique, et en 3D. Bienvenue à Amiens pour le son et lumière «Chroma», qui a repris du service depuis le lancement du marché de Noël, le 24 novembre dernier, et qui illuminera toutes les nuits, durant quarante minutes, jusqu’au dernier jour de l’année.
Le nouveau scénario, imaginé par la société Spectre Lab (qui s’est fait accompagner par l’historien médiéviste Michel Pastoureau pour la restitution des polychromies) et l’agence Start-Rec pour orchestrer la bande-son, a pour fil conducteur la couleur. Et de la couleur, il n’en manque pas. Mais pas n’importe laquelle. D’abord, le bleu, évoquant les marchands waidiers, qui ont contribué au financement du monument, puis, ensuite, la nouvelle restitution animée des polychromies (blanc, jaune, rouge, vert et le noir), point d’orgue de ce voyage onirique dans le temps.
Grâce à une mise en scène crépusculaire, une recoloration progressive des différents éléments de la façade occidentale de Notre-Dame d’Amiens apparaît. Et chacun aura alors tout le loisir de pouvoir contempler les sculptures et les différents éléments d’architecture parés des couleurs qui les revêtaient au Moyen-Age, sous un jour nouveau, et ce, dans leurs moindres détails, que l’œil peine à capter. Une fois parcouru le spectre chromatique, une séquence participative clôt les vingt premières minutes, sans bande-son.
Dans les coulisses de «Chroma»
Pour couvrir la totalité de la façade occidentale de la cathédrale, trois vidéoprojecteurs de 45 000 lumens, implantés dans la cabine centrale, sont utilisés. Quant aux portails, ils sont éclairés par des vidéoprojecteurs de très haute définition (4K), qui permettent de garder la qualité et la précision nécessaires à la restitution des polychromies.
Mais toutes ces technologies mises au service de ce son et lumière ne mèneraient nulle part sans les découvertes scientifiques faites lors du nettoyage de la façade, qui a débuté en 1992. Le nettoyage au laser a permis de révéler quelques traces de polychromie sur les quadrilobes du soubassement des portails et sur certaines statues colonnes. Plus que des traces, ce sont des bleus, des verts, des rouges, des ocres et des ors qui ont resurgi dans les ébrasements, les voussures et les tympans, permettant d’infirmer que les façades des cathédrales gothiques d’Europe étaient peintes au Moyen-Age. Et c’est grâce à tout cela que, de nouveau, la cathédrale revêt ses habits de couleurs, tous les soirs, à 19h, sous le feu des vidéoprojecteurs.
Une représentation aura lieu à 23h40, le 31 décembre, au soir.
Un peu d’histoire
La cathédrale d’Amiens a été érigée à partir de 1220, à l’initiative de l’évêque Evrard de Fouilloy sur les cendres d’un édifice roman, incendié deux ans auparavant. Edifiée en moins de soixante-dix ans - la pose de la pierre centrale du labyrinthe en 1288 étant retenue pour marquer l’achèvement des travaux - Notre-Dame d’Amiens marque l’apogée de l’architecture gothique.
Plus vaste édifice gothique du Moyen-Age, et plus vaste cathédrale de France, aujourd’hui encore, ses dimensions sont remarquables : 145 mètres de longueur d’est en ouest, 70 mètres de largeur en transept, 40 mètres de largeur pour la nef, 42,3 mètres de hauteur sous voûte, 7 700 m2 de superficie et 200 000 m2 de volume intérieur.