Colza : être vigilant face aux attaques d'altises
Tous les colzas ne présentent pas la même sensibilité aux larves de grosse altise. L'observation de ses parcelles et la recherche des larves permet de décider s'il est opportun de protéger la culture ou non contre ce ravageur ?
Lutter contre les adultes ne suffit pas à réduire suffisamment le nombre de larves. Il faut rechercher les larves dans les plantes et les dénombrer. Les observations se font à la parcelle, car les dégâts sont très variables d'une situation à l'autre. Les larves minent les pétioles des feuilles et peuvent migrer au coeur des plantes au stade rosette ou dans les jeunes tiges. Ceci perturbe la croissance au printemps et peut entraîner la destruction du bourgeon terminal en cas de forte attaque avant décollement de la tige.
Compter les larves avec la méthode Berlèse
Il existe une méthode très simple pour compter les larves : la méthode Berlèse. Cela consiste à laisser sécher les plantes de colza (sans le pivot) et à attendre que les larves quittent les plantes. La méthode consiste à relever trente plantes, à couper les limbes des plantes en conservant la nervure centrale puis à disposer les plantes sur un grillage au-dessus d'une bassine remplie d'eau et de mouillant. Le tout doit être placé dans une pièce bien chauffée pendant au moins une semaine - deux semaines sont nécessaires pour les gros colzas -, le temps que les plantes sèchent et que les larves tombent. La suite consiste à compter le nombre de larves tombées tous les 2-3 jours et les en sortir pour éviter de les compter deux fois. Les comptages s'arrêtent quand plus aucune larve ne sort depuis 3-4 jours.
Le risque larves d'altises est réduit sur un colza suffisamment développé qui pousse au cours de l'automne jusqu'à l'entrée de l'hiver. Pour évaluer l'état de la parcelle de colza «en surface», on mesure la biomasse en kg/m² ou g/plante et «sous terre» en évaluant la qualité d'enracinement et la longueur du pivot. C'est la combinaison de cet état agronomique et de la présence du ravageur qui permet d'évaluer le risque à la parcelle.
Faut-il intervenir et avec quel produit ?
Les interventions sont à envisager sur les risques moyen et fort. Dans le cas général, en présence d'une résistance par KDR, hors secteur avec forte résistance, il est recommandé d'utiliser Daskor 440®/Patton M® pour réduire la pression de sélection sur pyréthrinoïdes. Les pyréthrinoïdes conservent néanmoins une efficacité d'environ 50 % sur larves même en présence de mutation KDR. Les pyréthrinoïdes peuvent donc encore être utilisés, mais leur efficacité est plus aléatoire et cela augmente la pression de sélection sur cette famille. Dans les secteurs où la résistance forte SKDR est généralisée (Yonne, Aube, Côte d'Or, Nièvre) le niveau de résistance est très élevé. Il n'est donc pas utile d'utiliser des pyréthrinoïdes seuls qui sont inefficaces ou des associations, mais utiliser Boravi WG 1,5 kg/ha. Sur les secteurs où les premiers cas de résistance forte sont signalés, l'utilisation de Boravi WG 1,5 kg/ha ou Daskor 440®/Patton M® 0,625 l/ha est recommandée pour éviter l'expansion de la résistance. Les pontes étant échelonnées, il n'est pas nécessaire de se précipiter avant d'intervenir, de manière à faire «le plein» de larves. Une intervention plus précoce sur charançon du bourgeon terminal pourra aussi avoir une efficacité sur les larves d'altises présentes, selon l'insecticide choisi. La méthode Berlèse est à renouveler, quant à elle, toutes les 3-4 semaines, y compris pendant l'hiver.