Colza : levée précoce ne rime pas systématiquement avec régulation
Les semis précoces de colza ont bénéficié de pluies et avancent rapidement en stade. Plus de la moitié des colzas ont atteint ou dépassé le stade 4 feuilles. Faut-il envisager de réguler certains colzas ?
Les semis précoces de colza ont bénéficié de pluies et avancent rapidement en stade. Plus de la moitié des colzas ont atteint ou dépassé le stade 4 feuilles. Faut-il envisager de réguler certains colzas ?
Réussir à faire lever les colzas et favoriser une croissance continue des cultures tout au long de l’automne est devenu la priorité pour mettre en place des colzas robustes capables de faire face aux attaques de ravageurs d’automne. Les semis début aout, les associations de légumineuses gélives et la fertilisation au semis sont encouragés malgré l’incidence potentielle de ces leviers sur le risque d’élongation et donc le risque de gel. Le risque d’avoir des dégâts de froid est considéré comme secondaire ou en tout cas moins fréquent ou moins préjudiciable que le risque de faire l’objet d’une attaque de ravageurs d’automne. Par ailleurs, l’expérience passée montre que des gros colzas sont moins sensibles au froid que des petits colzas, même en présence d’élongation. Mais bien sûr le risque zéro n’existe pas.
Réguler uniquement les situations extrêmes
Pour ne pas entraver la dynamique de croissance des colzas, la régulation n’est à envisager que dans les situations à risque important : variété sensible à l’élongation, forte densité (>50 pieds/m²) et disponibilité en azote importante (> 100 uN). L’outil Régulateur automne colza, développé par Terres Inovia, permet d’estimer le risque d’élongation automnale du colza. Il indique l'intérêt ou non d'appliquer un régulateur de croissance, en fonction de la précocité du stade six feuilles, de la sensibilité de la variété à l'élongation, de la densité, de l'azote disponible et de la taille du colza. Le stade d’application optimal pour réguler un colza est compris entre 6 et 8 feuilles. L’efficacité maximale est obtenue en anticipant le phénomène d’élongation. Sur des colzas déjà allongés, le régulateur ne peut, au mieux, que freiner le développement végétatif des plantes et endurcir légèrement le colza.
Dans les secteurs très impactés par la grosse altise, l’application d’un régulateur qui pourrait bloquer les colzas «à la veille» de l’arrivée des insectes dans les parcelles est probablement à éviter.
Dans tous les cas, lorsque les conditions sont particulièrement poussantes, l’application d’un régulateur modère l’élongation sans pour autant l’arrêter (réduction de 1 à 4 cm d’après les observations de Terres Inovia). Certains agriculteurs pratiquent une double application, mais cela impacte bien sûr le coût de production.
Pas de quintaux supplémentaires
Contrairement aux idées reçues, l’application d’un régulateur à l’automne ne se traduit pas forcément par des gains de rendement qui seraient imputables à un système racinaire plus développé et à une meilleure absorption au printemps. Dans les synthèses d’essais, les gains de rendement ne sont pas statistiquement significatifs et ne couvrent pas le coût de l’intervention.