Comment les chasseurs de la Somme veulent sauver leur saison malgré le Covid-19
La mise en place d'un reconfinement de la population empêche jusqu'à nouvel ordre les chasseurs samariens de poursuivre leur loisir. La fédération départementale des chasseurs (FDC80) se mobilise pour obtenir des dérogations.
La règle est dure, considérée comme injuste aux yeux de certains, mais c'est la règle. Jusqu'à nouvel ordre, et ce depuis le jeudi 29 octobre minuit, la pratique de tous les modes de chasse est suspendue en raison de la mise en place d'un confinement de la population pour tenter de limiter la propagation du Covid-19.
Dans un communiqué daté du 30 octobre, la fédération des chasseurs de la Somme évoque elle-même une « tragédie », le mois de novembre qui arrive étant « le plus beau mois de l'année », avec des espoirs de migration pour les chasseurs d'espèces migratrices et l'ouverture de la chasse dans les bois.
A l’heure qu’il est, la possibilité de chasser ce week-end est anéantie. Quant aux jours à venir, une demande de modification de l’arrêté préfectoral d’ouverture et fermeture de la chasse est demandée, avec notamment un « report de la fermeture au bois du lièvre et du faisan ». Ce report permettrait, selon ses demandeurs, de « compenser les pertes de jours de chasse occasionnés par le confinement ».
« Sauver ce qui peut l’être »
Pour le président de la FDC 80, Yves Butel, et son équipe, l'heure était encore cet après-midi à « tenter de sauver ce que l'être », explique-t-il, après trois jours de négociations menées au niveau national par la fédération nationale des chasseurs (FNC).
Ce vendredi 30 octobre, une rencontre s'est tenue entre des représentants des chasseurs samariens et la préfecture ; entrevue au cours de laquelle la FDC 80 a avancé un certain nombre de propositions pour les différentes expressions de la chasse dans le département.
En ce qui concerne la chasse du gibier d'eau, la demande de la fédération consiste à maintenir la chasse des oiseaux d'eau sous certaines conditions : « en chasse individuelle ou deux chasseurs maxi par installation de chasse de nuit ». Elle met en avant pour cela le rôle de sentinelle sanitaire des chasseurs à l'heure où une autre menace pèse : le retour de l'influenza aviaire, après la découverte d'oiseaux infectés par le h5N8 aux Pays-Bas. Pour les appelants détenus hors domicile par les chasseurs, la fédération demande comme elle l’avait effectué en mars dernier de pouvoir inscrire le soin à ces animaux domestiques comme un motif de déplacement.
Concernant les autres espèces, la FDC 80 demande le maintien de la chasse et de la destruction des Espèces Susceptibles d’Occasionner (ESO) des dégâts – il s'agit des corvidés, lapin, pigeon, renard, mustélidés, etc.) en mode individuel. Cette liste, détaille la fédération des chasseurs, « est établie de manière très rigoureuse par les pouvoirs publics », et ne saurait de cet fait « relever d’aucune complaisance mais de la nécessité de réguler ces espèces pour éviter des dommages importants aux activités humaines ».
« Sans cette régulation, les ESO vont prospérer et ces dommages, qui furent très importants le printemps dernier suite au confinement, le seront davantage l’année prochaine pour atteindre là aussi des niveaux insupportables », soulignent les chasseurs. Mais quid du sanglier dont les dégâts sur les cultures restent importants dans le département, y compris en cette période ? Il fait en réalité l'objet d'un paragraphe particulier...
Gare aux dégâts
Pour la FDC 80, un « maintien de la chasse collective et individuelle du sanglier » est jugé nécessaire. « Le seul mois de novembre correspond au quart du prélèvement annuel de grands gibiers. Si cette régulation n’est pas réalisée, les populations vont exploser en 2021 et les dégâts agricoles atteindront un niveau insupportable. L’impossibilité de chasser durant un mois remet en cause l’indemnisation des dégâts agricoles par le monde de la chasse. L’ajout d’une période de chasse complémentaire au-delà de la date de fermeture de la chasse ne permettra pas de rattraper le retard car les conditions d’exercice de la chasse sont nettement moins favorables au printemps qu’en automne et hiver et ne permettent pas d’atteindre le même niveau de prélèvement », argumente la fédération des chasseurs.
Une demande qui va dans le sens de celle adressée par le monde agricole hier, le 29 octobre, à la préfète de la Somme.