Comment produire de la biomasse avec les Cive longues d’hiver ?
Les Cive (cultures intermédiaires à valeur énergétique) sont de plus en plus cultivées dans la région. Agro-Transfert ressources et territoires et la CA80 organisaient un webinaire
sur le sujet le 29 mai.
Le méthaniseur est gourmand, et mieux vaut le nourrir correctement. Les Cive sont un des intrants utilisés dans ce cadre. Agro-Transfert ressources et territoires et la Chambre d’agriculture de la Somme organisaient un webinaire* le 29 mai, pour donner des clés de réussite pour la production de ces cultures intermédiaires à valeur énergétique.
Le sujet du jour : les Cive longues d’hiver, semées à l’automne et récoltées au printemps. «On peut espérer un rendement moyen de 8 t de matière sèche (MS) par ha»,
annonce Arthur Quennesson, d’Agro-Transfert. Le rendement est LE critère sur lequel il faut se focaliser, car «il détermine la production de méthane», précise-t-il. Il faut donc plutôt se concentrer sur les leviers qui permettent de maximiser le rendement.
Date de récolte et espèces choisies
Premier conseil : comme le développement de la culture est influencé par la température et le rayonnement, il est intéressant de jouer sur la durée du cycle. «Parfois, décaler la date de récolte de quinze jours permet un meilleur rendement. On peut gagner en moyenne 3 t de MS/ha en deux semaines, au mois de mai.» La stade physiologique de la plante à la récolte est à observer de près : «le stade optimal se situe à l’épiaison».
Deuxième conseil : bien choisir ses espèces. «Le choix d’une espèce pour la production de méthane se fera davantage pour sa productivité en biomasse et ses caractéristiques agronomiques plutôt que pour son potentiel méthanogène puisque, de ce point de vue, elles montrent peu de différences entre elles.» Ainsi, le signe s’avère très intéressant car il produit beaucoup de biomasse, mais les variétés hautes sont sensibles à la verse. Pour une quantité similaire, le triticale est moins sensible. Les légumineuses, l’escourgeon et le blé sont intéressantes en récolte tardive, puisque leur développement est moins précoce. «Associer une légumineuse aux céréales semble intéressant : cela permet d’augmenter la biomasse, et cela favorise l’autonomie azoté et la structuration du sol.» D’autres facteurs influencent le potentiel méthanogène de la plante, comme les conditions météorologiques, mais elles sont difficiles à maîtriser.
Itinéraire technique
Ce que l’on peut maîtriser, en revanche, c’est l’itinéraire technique. La date d’implantation, tout d’abord, est à soigner. «L’idéal est de semer entre le 15 et le 30 octobre, pour éviter la concurrence avec les adventices. À cette époque, les températures favorisent encore le tallage. Plus tard en saison, il sera limité.»
Concernant la fertilisation azotée, même s’il n’y a pas eu d’expérimentation, différentes stratégies ont été testées. D’après les retours d’expérience, un apport de 80 à 120 U en fonction des reliquats ou un apport de 25 m3 de digestat et 50 à 70 U d’azote semblent un bon compromis pour permettre une bonne production de biomasse tout en limitant les impacts. «La Cive longue est fertilisée en sortie d’hiver, ce qui limite les risques de fuites de nitrates dans les eaux souterraines», explique Matthieu Preudhomme, ingénieur à la chambre d’agriculture. La Cive longue est suivie d’une culture de printemps ou d’été qui pourra valoriser l’azote excédentaire. Il faut donc idéalement réaliser un reliquat pour ajuster la fertilisation de la culture suivante. «Le sujet est à approfondir, notamment pour les mélanges avec légumineuses.»
* Cette présentation est basée sur le projet Réseau de sites démonstrateurs IAR qui est conduit depuis cinq ans. Les résultats finaux seront présentés cette année.
Impacts sur les cycles carbone et azote restitués
Les Cive n’ont pas qu’un intérêt d’alimentation du méthaniseur. «Les couverts d’interculture, qu’ils soient restitués ou exportés, présentent d’autres avantages agronomiques et environnementaux, tels que le piégeage de l’azote avant la période hivernale», annonce Justine Lamerre, ingénieure chez Agro-Transfert. Plus spécialement, les céréales immatures permettent de restituer du carbone et de l’azote au sol et peuvent ainsi contribuer à la fertilité des sols et à la séquestration du carbone. «Si le choix se présente, d’un point de vue carbone et azote, préférez exporter une céréale immature ou une paille plutôt qu’un couvert bien développé», conseille la spécialiste.