Elevage
Condamnée par la justice, l’association L214 poursuit sa croisade
Comme on dit dans le jargon militaire, l’association animaliste a « été rattrapée par la patrouille » après une condamnation pour ses méthodes par un tribunal. Mais cela ne l’empêche pas de poursuivre la diffusion de ses vidéos tournées dans des conditions malhonnêtes et illégales.
Comme on dit dans le jargon militaire, l’association animaliste a « été rattrapée par la patrouille » après une condamnation pour ses méthodes par un tribunal. Mais cela ne l’empêche pas de poursuivre la diffusion de ses vidéos tournées dans des conditions malhonnêtes et illégales.
L’association L214, très connue pour s’introduire, souvent de manière illicite et à tout le moins clandestine, dans des exploitations et des abattoirs pour dénoncer les conditions de vie et/ou de mise à mort des animaux de ferme, a été condamnée le 30 novembre par la Cour d’appel de Rennes. La présidente de cette Cour, Aline Delière, et ses deux assesseurs, ont reconnu l’association animaliste coupable de voie de fait dans un élevage de lapins dans le Morbihan, la SCEA Realap, à la fin du mois d'août 2020.
C’est cette voie de fait qui, selon les magistrats, a permis la captation d’images puis leur diffusion sous le titre “Nouvelle enquête dans un élevage de lapins en cage du Morbihan”. Dans son jugement, la Cour d'appel dit clairement que ce qui est en cause, ce n'est pas le contenu des vidéos mais bien les conditions dans lesquelles ces vidéos ont été tournées.
L214 légitime toujours ses actions au nom de la liberté d’expression pour s’introduire dans les exploitations ou abattoirs. Or la Cour rejette cet argument en indiquant « que la vidéo litigieuse n’a pu être obtenue que par la commission d’une voie de fait de sorte que sa détention et sa divulgation constituent en elles-mêmes un trouble manifestement illicite ».
Dans son arrêt du 30 novembre, la Cour d’appel ordonne le retrait de la vidéo des sites Internet (L214, YouTube et Vimeo) avant le 14 décembre, « sous peine d’une astreinte de 150 euros par jour de retard ».
La Cour d’appel interdit également l'utilisation et la rediffusion de la vidéo litigieuse, « en tout ou en partie, par quelque moyen que ce soit, ainsi que de tous clichés photographiques ou films vidéo capturés au mois d'août 2020 par l'Association L214 dans les locaux de la SCEA Realap » sous peine d’une astreinte de 10 000 euros par infraction constatée.
Elle condamne l'Association L214 à publier la décision « en haut de la première page de son site internet ainsi que dans trois quotidiens nationaux laissés au choix de la SCEA Realap » avant le 30 décembre. L214 entend se pourvoir en cassation.
L214 ne désarme pas
Cette condamnation de l’association animaliste intervient quasiment en même que la diffusion d’une nouvelle vidéo – le 1er décembre - dans laquelle L214 dénonce les conditions de vie de porcs dans un élevage situé dans le département de l’Aube, fournissant le fabricant de charcuteries Herta.
Dans un communiqué de presse du 2 décembre, l’interprofession porcine, Inaporc a condamné ce qu’elle nomme « une énième diffusion d'une vidéo tournée clandestinement dans un élevage ». Sans nommer l’association L214, l’interprofession indique qu’à travers un « montage malhonnête d'images volées, elle (L214, ndlr) vise de nouveau à jeter le discrédit sur toute une filière. L'objectif réel est de manipuler les Français pour leur imposer d'arrêter de manger de la viande », indique le communiqué.
L’interprofession poursuit en soulignant que « tous les maillons de toutes les filières animales en France sont aujourd'hui harcelés et stigmatisés, qu'il s'agisse des professionnels de l'élevage, de l'abattage, de la transformation, de la distribution, de la restauration ou encore des services de l'État ».
Rappelant les efforts réalisés par la profession pour le bien-être animal dans de nombreux domaines (fin de la castration à vif, réduction des antibiotiques…), Inaporc assure que « d’autres chantiers et réflexions sont en cours pour continuer à améliorer les bonnes pratiques de la filière ».
Dissolution de L214 : une pétition toujours en ligne
Des agriculteurs ont lancé le 13 novembre une pétition en ligne pour dénoncer les agissements de l’association de protection animale et en demander la dissolution. 19 447 personnes l'ont à ce jour signé.
C’est en quelque sorte l’arroseur arrosé. A force de lancer des pétitions en ligne pour demander l’arrêt d’un certain nombre d’activités, l’association de protection animale L214 fait elle aussi l’objet d’une pétition en ligne accessible depuis la plateforme Change.org. Lancé à l’initiative d’agriculteurs réunis sous le pseudonyme Paysan DEFRANCE, le texte dénonce les méthodes et la pression exercées en premier lieu par l’association sur les éleveurs : « Il y en a assez de ces animalistes présentant les éleveurs comme des tortionnaires, le personnel des abattoirs comme des assassins et les consommateurs de viande comme des zoophages », s’indignent-ils.
Au travers de ses vidéos « choc », de ses actions militantes et autres campagnes de communication, l’association L214 explique vouloir « montrer les conditions de vie, de transport et d'abattage des animaux, « soulever des questions éthiques » et « propose des solutions à mettre en œuvre aux niveaux politique et individuel ». Mais au travers de ses soutiens, apparaît une volonté claire et déterminée de mettre fin à toute activité d’élevage, sous toutes ses formes.
« Marre du dictat de L214 »
Pour les auteurs de la pétition demandant la dissolution de L214, « nombreux sont ceux à en avoir marre du dictat » de l’association. Ils craignent une volonté de remplacer l’activité d’élevage traditionnel et la consommation de viande par de la « viande artificielle ». La pétition dénonce également les méthodes de L214 et une forme d’intimidation : blocage de boites mails et des lignes téléphoniques, « exactions commises contre les exploitations des éleveurs, les magasins des bouchers et des fromagers… » « L214 avance de façon masquée et pense représenter la majorité des français », relate les pétitionnaires qui souhaitent la « dissolution » de l’association en raison d’un « activisme radical qui n’a pas sa place en démocratie sauf à ce que l’État voit se multiplier des exactions de plus en plus violentes contre les filières animales ». Et le collectif d’agriculteurs réunis sous le nom de Paysan Defrance de craindre « l’émergence d’un éco-terrorisme animaliste à l'américaine comme l'ALF, le Front de libération des animaux ».