Culture de maïs : lutter contre les mauvaises herbes
Ray-grass, vulpin, liseron des haies… Ces adventices sont
un problème récurrent en Hauts-de-France.
Dans notre région, des échecs de lutte contre le ray-grass et le vulpin ont été constatés. Avant de conclure à une résistance de l’adventice à tel ou tel herbicide, il convient de faire un diagnostic de l’échec. Quelle est le niveau de population de l’adventice ? Le stade de l’adventice n’était-il pas trop avancé le jour du traitement ?
Le dosage de l’herbicide était-il en accord avec le stade de l’adventice ?
En cas d’échec avéré des sulfonylurées (nicosulfuron) pour cause de résistance, il convient de modifier la stratégie de lutte dans les maïs. Retour à un traitement de pré-levée à base de chloroacétamides, Dual Gold S® ou Isard®/Spectrum®.
Le ray-grass est une adventice difficile à contrôler dans les maïs. Les stratégies «pré, puis post» sont les plus intéressantes, mais demandent un certain investissement. On utilisera en pré-levée les chloroacétamides (Dual Gold S®,
Isard®/Spectrum®) seuls ou associés entre eux. A noter la possibilité de faire un traitement de pré-semis incorporé avec les chloroacétamides (l’incorporation de l’herbicide doit se faire dans les premiers centimètres de sol pour ne pas diluer la matière active).
Vis-à-vis du vulpin, la stratégie à appliquer est la même : programme «pré puis post» avec les chloroacétamides en pré-levée. Préférer Dual Gold S® vis-à-vis du ray-grass, Isard®/Spectrum® vis-à-vis du vulpin.
Lutte contre le liseron des haies
Cette adventice vivace est régulièrement présente dans les parcelles, en particulier lorsque le maïs revient souvent dans la succession de cultures. Les printemps frais que nous connaissons depuis quelques années sont favorables à l’émergence et au développement précoce de cette adventice dans des cultures peu concurrentielles.
Question : veut-on freiner le liseron des haies ou le détruire dans la culture du maïs ? La difficulté est que, pour être efficace vis-à-vis du liseron des haies, la matière active doit être absorbée en grande quantité, donc par une plante développée (liseron > 15 cm). Ce qui ne correspond pas au stade jeune des adventices, stade recommandé en lutte contre les dicots et les graminées !
En lutte conjointe contre graminées, dicots et liserons, l’association triple «sulfonylurée + tricétone + 3e partenaire» est souvent utilisée. Le 3e partenaire est un produit contenant du dicamba ou du fluroxypir (Cambio®, Kart®, Casper®, Conquerant®, Banvel 4S®, Cadence®, Starane 200®). Cette stratégie peut freiner le liseron mais ne le détruit pas.
Pour le détruire, il faut mener une lutte spécifique par une stratégie en deux passages de post- levée à base de dicamba, à dissocier de la lutte contre les dicots. Par exemple, Banvel 4S® à 0,4 l avant six feuilles du maïs puis à 0,2 l après six feuilles du maïs sur liseron poussant.
Dans les essais, la comparaison d’efficacité entre produits montre l’importance de la dose totale de dicamba appliquée. Les meilleures performances sont obtenues avec des doses totales supérieures à 200 g/ha en deux passages.
Avec ces produits, attention au risque de manque de sélectivité vis-à-vis de la culture, a fortiori au-delà du stade six feuilles, et/ou en cas d’association sulfonylurée + dicamba.
Contrôler les liserons et les annuelles
Le liseron des haies génère des difficultés de désherbage sur la quasi-totalité des maïs en rotation courte. L’herbicide doit être appliqué sur des liserons en pleine végétation pour qu’il y ait suffisamment de substance active qui agisse au niveau des rhizomes. La lutte contre la flore annuelle impose, au contraire, d’intervenir à des stades très jeunes (deux à quatre feuilles maxi). Mais des programmes permettent de contrôler ces deux types de flore.
Il existe des herbicides utilisables sur maïs efficaces pour lutter contre le liseron des haies et dans une moindre mesure le liseron des champs : les dérivés auxiniques type dicamba ou fluroxypyr. Encore faut-il mettre en œuvre une stratégie de traitement adaptée : ces produits doivent être utilisés en deux applications : la première à 2/3 de la dose homologuée sur des liserons de 20 cm environ avant six feuilles du maïs, puis la seconde dix à quinze jours plus tard, au-delà de six feuilles du maïs, avec le tiers de dose homologuée positionné sur les repousses de liseron d’une dizaine de centimètres.
Ce type de stratégie est très spécifique de la lutte contre le liseron, mais peut très bien s’intégrer dans un programme de désherbage visant également la flore annuelle.
Le premier traitement vise les annuelles.
Il est ainsi possible de réaliser un premier traitement en pré-levée ou en post-levée précoce (avant trois feuilles du maïs) visant le contrôle des graminées estivales, mais aussi quelques dicotylédones émergentes (les véroniques, les renouées, les mercuriales). En pré-levée, il peut s’agir du mélange d’un chloroacétamide et d’un anti-dicotylédone racinaire (isoxaflutol, pendiméthaline ou mésotrione) alors qu’en post-levée précoce, on pourra associer des herbicides foliaires à dose faible (tricétone et/ou sulfonylurée à large spectre) et racinaires (chloroacétamide).
Ensuite, la deuxième intervention sera positionnée en fonction du développement du liseron, avant six feuilles de la culture, et mettra en œuvre un dérivé auxinique à 2/3 de sa dose au minimum, complété le cas échéant d’une tricétone ou d’une sulfonylurée à spectre antidico- tylédone (prosulfuron, tritosulfuron) pour parfaire le contrôle des dicotylédones annuelles rescapées du premier traitement.
Un troisième traitement complémentaire pourra être envisagé avec tiers de la dose du dérivé auxinique au-delà de six feuilles du maïs sur des repousses de liseron, en veillant à respecter les stades limites d’utilisation des produits fixés lors de leur homologation.
Quelle stratégie de désherbage ?
La nature, le stade et la densité des adventices vont orienter le choix de la stratégie à adopter. Le stade du maïs intervient comme une contrainte nécessaire à la préservation du potentiel de la culture.
Parmi les flores présentes dans les parcelles de maïs de la région, on trouve : des graminées estivales (panic, sétaire, digitaire) et des graminées plus classiques (ray-grass, vulpin), des dicotylédones classiques du maïs (chénopode, renouée persicaire, amarante, morelle), des dicots plus difficiles à maîtriser (renouée des oiseaux, renouée liseron, mercuriale…), des vivaces (liserons, chardon, rumex…).
Les applications de pré-semis ne sont plus aujourd’hui réalisées. Les applications de post-semis pré-levée visent plus particulièrement les graminées, notamment lorsqu’elles sont en forte densité, dans le cadre d’un désherbage en deux passages. Elles mettent en œuvre des matières actives à pénétration racinaire (ou essentiellement racinaire). Elles seront réalisées le plus tôt possible après le semis de façon à bénéficier des conditions favorables de la préparation du lit de semences (humidité), celui-ci ne devant pas être trop motteux. La dose de produit à appliquer varie en fonction de la teneur en matière organique du sol. L’efficacité herbicide est liée à l’état humide du sol. Ces applications sont fragilisées en cas de sécheresse printanière.
Les applications de post-semis pré-levées se raisonnent le plus souvent dans le cadre d’une stratégie de lutte en deux passages : pré-levée puis post-levée.
Quelle place pour le désherbage mécanique ?
Les stratégies «combinées», associant intervention chimique et binage(s) procurent des niveaux d’efficacité et de sélectivité proches des stratégies «tout chimique» dans la mesure où les facteurs de réussite du binage sont réunis.
Les stratégies mécaniques strictes présentent l’intérêt de l’absence de produits phytosanitaires. Il est souhaitable de les réserver à des flores de dicots annuelles, l’efficacité sur graminées et sur vivaces étant largement insuffisante, et à des maïs à développement rapide (semis tardif !). De plus, ces stratégies sont délicates à mettre en œuvre, surtout en zone océanique (temps de travail, météo...)
Sous le terme de stratégies «combinées», de nombreuses possibilités sont envisageables : herse étrille, houe rotative, bineuse, désherbineuse. Le plus fiable consiste à introduire le binage en post-levée sur une base de chimie en plein en pré-levée, post-levée précoce ou post-levée. Le moins contraignant sur le plan de la mise en œuvre consiste à dissocier l’application chimique du binage, en comparaison à un désherbinage (binage dans l’inter-rang et pulvérisation simultanée sur le rang). Le désherbinage a une limite supplémentaire liée au fait que les bonnes conditions d’efficacité de l’herbicide (hygrométrie) ne correspondent pas aux conditions de bonne efficacité du binage (absence de pluie, sol sec...) Le schéma le plus sécurisant est l’introduction du binage en post-levée suite à un traitement chimique en plein réalisé en pré-levée ou en post-levée précoce ou en post-levée classique, ce, sur une flore simple. La maîtrise des adventices peut nécessiter plusieurs binages. L’efficacité est souvent insuffisante sur le rang.