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Dans les coulisses de la station Séliance de Chaulnes

La station de semences Séliance, à Chaulnes, nous a ouvert ses portes. Que se passe-t-il pour les semences quand elles arrivent à l’usine ? Revue en détail de leur transformation au cours d’un processus industriel très codifié.

© AAP

En période de campagne d’automne, de mi-juillet à fin septembre, voire mi-octobre, la station de Chaulnes tourne à plein régime. Chaque jour, une dizaine de camions vient décharger les semences récupérées chez les producteurs multiplicateurs pendant que dix autres repartent chargés de produits finis (semences triées et conditionnées). 70 % de la production est réalisée à cette période.
Les deux tiers des volumes sont vendus aux actionnaires de Cap Seine et de Noriap (lire ci-dessous), en circuit court, le reste, en circuit long, au réseau Semences de France, qui revend ensuite à d’autres coopératives. Mais avant d’être mises en vente, les semences ont connu un long processus en usine.
Le rôle que joue cette dernière débute par un repérage des parcelles de ses producteurs multiplicateurs dans la deuxième quinzaine d’avril, avant leurs contrôles en juin, au moment de la floraison pour vérifier la pureté variétale et la variété spécifique. Si les compteurs sont tous au vert, les techniciens de la station, en charge du contrôle, valident les contrats des multiplicateurs.
«L’an dernier, nous n’en avons refusé aucun. Cette année, seuls trois contrats sur 400 (campagnes de printemps et d’automne, ndlr) ont été refusés. A force de sélectionner les multiplicateurs et de les accompagner techniquement dans leur production, nous avons des producteurs très performants», explique Philippe Ballieux, responsable de la station Séliance de Chaulnes.

Un triage optimisé
En juillet, l’heure est venue de préparer l’usine et les équipes pour le rush de la campagne. Les effectifs passent alors de cinq permanents à douze pour la campagne d’automne. Cinq espèces sont traitées : les orges d’hiver, le blé tendre d’hiver, les pois protéagineux, la féverole et le blé de printemps. «On démarre par les orges. Les premiers triages se font sur les orges hybrides, car les prestataires veulent des réponses rapides», indique Philippe Ballieux.
Pour le tri, la station de semences combine des machines complémentaires. Avant d’aller au triage, les lots bruts passent par un dépurateur, qui réalise une première élimination des déchets. Envoyées ensuite sur la chaîne de triage, les semences passent d’abord par un prénettoyeur, puis un nettoyeur séparateur équipé de colonnes densimétriques. Dès ce stade, 54 % des déchets grossiers (paille, terre, brisures, graines de mauvaises herbes, etc.) sont éliminés.
C’est au tour du trieur alvéolaire d’entrer en action. Son rôle ? Retirer les graines courtes et longues, telles que l’orge dans du blé, la folle avoine, les grains cassés, etc. De quoi améliorer le taux de pureté spécifique des semences et leur taux de germination.
Les semences sont ensuite envoyées sur la table densimétrique. «Ce n’est pas là où l’on fait le plus de déchets, mais il reste encore à supprimer les grains fusariés et les grains germés», détaille le responsable du site. De quoi gagner en taux de germination.
Enfin, dernière étape du triage des semences, avec le trieur optique, surtout utilisé pour les hybrides, et qui permet de retirer les ergots et les déchets résiduels indésirables. «Cet appareil parfait le travail de la chaîne en éliminant les impuretés selon leur couleur. C’est incontestablement l’appareil le plus précis de la chaîne, commente Philippe Ballieux. C’est aussi celui qui fait appel à une haute technologie.» En effet, le flux des grains est visionné au moyen de caméras digitales. Les impuretés sont éliminées par un jet d’air comprimé.
Cette machine, comme toutes les autres, sont équipées de colonnes d’aspiration afin d’éliminer, à toutes les étapes, les poussières non traitées pour une meilleure sécurité de l’utilisateur, ainsi que les poussières traitées pour minimiser l’exposition de l’utilisateur à l’ouverture du sac. Il est temps pour les semences de partir en cellule de stockage. Mais le moment de leur conditionnement n’est pas encore arrivé.

Des semences très encadrées
Avant même d’être stocké en cellule, chaque lot (un lot correspondant à un contrat, donc à un multiplicateur) est analysé sur la chaîne de triage, tous les quarts d’heure, pour contrôler le PMG et la pureté spécifique des semences. Une fois stockées, les semences sont prêtes à être conditionnées en fonction des commandes passées.
Chaque lot est repris pour être passé dans la machine de traitement, dans laquelle est enregistrée une douzaine de «recettes», l’une pour la protection de la graine, l’autre pour la protection sur la graine… «Les recettes sont définies suivant les variétés», précise Philippe Ballieux.
L’usine propose aussi des conditionnements différents : big dose (12 millions de graines pour les céréales) et big bag (600 kg), environ 60 % du volume, puis sacs (25 kg) et doses (500 000 graines). De même que lors du triage, des prélèvements d’un échantillon représentatif sont réalisés pour un dernier contrôle par le laboratoire du groupe. «Sur place, on analyse la pureté spécifique. Pour la germination, comme il faut dix jours, on l’envoie au laboratoire central», souligne le responsable du site.
Quelle que soit la forme du conditionnement, des étiquettes sont ensuite apposées précisant la variété, la génération, le marquage, le lot…. Elles sont couplées avec une étiquette SOC (Service officiel de contrôle et de certification, émanation du Gnis) pour la certification. Il est temps pour ces semences, présentant le maximum de garanties de qualité et de sécurité de retrouver le chemin des champs.


La station en chiffres

- 2 700 ha de surfaces de multiplication
- Une quarantaine de variétés, toutes espèces confondues
- Un peu plus de 100 000 quintaux
- 175 producteurs multiplicateurs
- 236 contrats pour la campagne d’automne (un producteur pouvant avoir plusieurs contrats)

Il était une fois Séliance

Séliance a vu le jour en juin 2012, par la réunion des outils de production de semences des coopératives Noriap et Cap Seine.

Sa capacité de production est d’environ 400 000 quintaux de semen­ces certifiées sur 8 000 ha. Sur ces 400 000 quintaux, 70 % sont du blé, 21 % de l’orge, 3 % des pois de printemps, 2 % des pois d’hiver, 2 % des féveroles, 2 % du lin textile en prestation, et du triticale et de l’avoine, mais dans des volumes anecdotiques.
Depuis 2014, Séliance s’est également lancée dans le conditionnement du maïs.
L’entreprise a travaillé, cette année, pour la campagne d’automne avec 450 multiplicateurs de semences sous contrat avec leur coopérative (Noriap ou Cap Seine). Depuis sa création, son chiffre d’affaires oscille, d’une année à l’autre, entre 29 et 30 mil­lions.
Son activité se déroule sur quatre unités de production, l’une à Chaulnes (80), les autres à Corbie (80), Auffay (76) et Buis-sur-Damville (27). Ces stations fabriquent et distribuent des semences (un peu plus de 80 variétés, toutes espèces confondues) à destination des adhérents des deux coopératives, mais aussi à destination du circuit long, par l’intermédiaire du réseau Semences de France. Enfin, Séliance assure une prestation de services de triage et de conditionnement du lin pour certaines entreprises. La dimension de Séliance, qui se classe dans les cinq premiers producteurs nationaux, lui permet, en particulier, sur le circuit long, de développer son activité.
Pour améliorer toujours plus la performance de ses sites, des investissements réguliers y sont faits. Ainsi, en 2013 des investissements conséquents ont été réalisés sur Auffay, avec le remplacement de sa chaîne de triage. Chaulnes, quant à elle, devrait être équipée, pour la prochaine campagne, de nouveaux trieurs alvéolaires.

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