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Demain, tout le monde au régime Ÿnsect

C’est au nord d’Amiens, le 6 mai dernier, qu’a eu lieu la pose de la première pierre de l’usine Ÿnfarm, la «plus grande ferme verticale du monde» selon son promoteur Ÿnsect -, en présence de trois ministres. Son objectif est de produire 200 000 tonnes d’ingrédients protéinés par an.

Non, ce ne sont pas les fondations d’un ouvrage autoroutier que l’on aperçoit au milieu de la plaine à la périphérie nord de la ville d’Amiens, mais bel et bien celles de la future usine de production de protéines à base d’insectes de la start-up Ÿnsect. À Poulainville, celle qui se présente comme «leader mondial de la production d’ingrédients naturels à base d’insectes» a procédé le 6 mai dernier à la pose de la première pierre de sa future usine alors que le chantier a démarré depuis quelques semaines. Trois ministres en exercice, de Barbara Pompili (Transition écologique) à Cédric O (Transition numérique et Communications électroniques) en passant par Julien Denormandie (Agriculture et Alimentation) ont parrainé l’événement. À leurs côtés, on pouvait également constater la participation du président du Conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, du président du Conseil départemental de la Somme, Stéphane Haussoulier, de parlementaires, du président d’Amiens Métropole, Alain Gest, de la préfète de la Somme, Muriel Nguyen ou, encore, de représentants des chambres consulaires (commerce, industrie, agriculture) et du secteur bancaire. 

 

Produire une protéine «alternative»

Avec une surface de 45 000 m2, une hauteur de 36 m et une capacité de production de 200 000 tonnes d’ingrédients par an, l’usine baptisée Ÿnfarm se présente comme «la plus grande ferme verticale au monde». Pourquoi parler d’une ferme ? Parce qu’il est prévu d’y élever des scarabées Molitor et Buffalo en vue de fabriquer des ingrédients protéinés pour l’alimentation des animaux, des poissons, ainsi que des engrais pour les végétaux. Et demain, pour l’alimentation humaine depuis que la Commission européenne a donné son feu vert. Si le projet d’Ÿnsect s’est attiré volontiers l’attention des ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture et de l’Alimentation, c’est parce que son activité crée «une révolution dans le secteur agroalimentaire, a souligné Barbara Pompili. On voit ici que l’on peut nourrir les plantes, les animaux, les hommes en bousculant des positions traditionnelles». La ministre amiénoise d’adoption voit dans le projet d’Ÿnsect une «solution très concrète pour nourrir le monde», économe en terres agricoles, et un moyen de «réduire notre dépendance aux engrais chimiques, avec des rendements supérieurs». 

«Dans le contexte actuel, cela fait du bien de célébrer des succès, a pour sa part souligné Julien Denormandie. Bravo d’avoir eu l’audace d’avoir cru à la production d’insectes pour répondre à notre besoin de souveraineté alimentaire, et, en particulie, protéique (…).
La France est aujourd’hui dépendante d’importations d’Amérique du sud, mais toute tonne de soja importée du Brésil, par exemple, est une menace pour la biodiversité.
» 

Trois usines, puis cent 

Le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques s’est, quant à lui, montré captivé par le niveau de technologie mobilisé par Ÿnsect. D’après Antoine Hubert, PDG d’Ÿnsect, un milliard de données seront traitées par jour.  Une fois que l’usine Ÿnfarm de Poulainville sera en activité – Ÿnsect fixe l’échéance à «fin 2021, début 2022» – la start-up disposera alors de trois fermes verticales (Dole, dans le Jura et Ermelo aux Pays-Bas). Et ne compte pas s’arrêter là. «D’autres fermes seront construites dans plusieurs autres pays», prévoient ses dirigeants. «Ÿnsect ambitionne de déployer un réseau de plus de cents fermes verticales dans le monde pour apporter une réponse locale à la demande de ses clients internationaux», conclut-elle.

 

Les dessous d’un partenariat inédit entre Noriap-Ÿnsect

Que se cache-t-il derrière le partenariat inédit conclu entre la coopérative Noriap et Ÿnsect ? Une façon pour la start-up de raccrocher aux branches des agriculteurs qui regardent d’un œil suspicieux cette nouvelle activité que l’on présente comme un modèle de vertu – bien plus que l’agriculture d’aujourd’hui – ou une réelle opportunité de valeur ajoutée pour ces mêmes agriculteurs ? Président du groupe coopératif Noriap, Jean-François Gaffet est convaincu d’avoir eu raison de saisir la main tendue par Ÿnsect. Pour lui, cette démarche est d’abord synonyme de «valeur ajoutée pour les agriculteurs adhérents de Noriap, et le territoire des Hauts-de-France et de Seine Maritime». À la clé du partenariat se trouve en effet un contrat de 20 000 tonnes de blé. «Dans la mesure où Ÿnsect est installé au cœur de notre territoire, il nous a semblé logique de monter un partenariat», poursuit M. Gaffet. Le «premier métier» de la coopérative étant «la collecte de céréales», Noriap devrait également faire profiter Ÿnsect de son expertise en matière de logistique et mettre à disposition certains de ses sites à proximité pour du stockage. La troisième raison qui a conduit Noriap à travailler avec Antoine Hubert et ses équipes est un goût partagé pour l’innovation et la recherche de solutions pour réduire la dépendance de l’agriculture française aux protéines importées. Enfin, le partenariat entre Ÿnsect et Noriap devrait déboucher sur un ambitieux programme de plantation de haies en lien avec l’entreprise PUR Projet et l’association Des enfants et des arbres pour «renforcer la biodiversité locale des filières blé et colza voisines d’Ÿnsect». D’ici 2040, ces acteurs envisagent de planter 1 700 kilomètres de haies, soit 1,8 million d’arbres, chez plus d’un millier d’agriculteurs. Avec un premier palier de 7 500 arbres, dès 2021. 

 

Un projet qui tire l’emploi vers le haut

Lorsque l’on connait l’attachement du président sortant de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, au thème de l’emploi, son soutien au projet de création d’une usine nécessitant la création de quelque cinq cents directs et indirects ne peut être qu’évident : «Nous sommes fiers que vous ayez choisi les Hauts-de-France», a déclaré Xavier Bertrand, soulignant «que l’on s’y est tous mis, l’État, la Région, le Département et Amiens Métropole (…) parce qu’en matière d’emploi, nous sommes morts de faim». «On continuera de l’être, à mettre de l’argent sur la table pour accompagner», a-t-il poursuivi. Pendant que les ministres Pompili, O, et Denormandie poursuivaient leur visite du chantier, des candidats aux emplois proposés par Ÿnsect et ses partenaires participaient le 6 mai dernier à une séquence de job-dating. La start-up a mis en place une plateforme dédiée - elle s’appelle «Ÿnsect recrute à Amiens» et est accessible depuis le site www.ynsect-amiens.com -, pour centraliser les métiers et les emplois créés dans le cadre de son activité, chez elle, comme chez ses partenaires. D’autres rendez-vous du même type sont encore prévus. Ÿnsect prévoit, par ailleurs, d’inaugurer en septembre prochain un campus des métiers de l’insecte. De quoi s’agit-il ? D’une école, ni plus ni moins, basée à Amiens pour former à une «trentaine de métiers», dixit Antoine Hubert, le PDG de l’entreprise. L’autre annonce du volet social d’Ÿnsect concerne, enfin, directement les salariés. Les dirigeants de la start-up ont, en effet, profité de la pose de la première pierre de leur future usine pour confirmer les engagements pris en mars dernier : un salaire minium de 35 % supérieur au Smic, un congé parental de dix semaines ou encore un accès à l’actionnariat salarié de l’entreprise sans minimum d’apport.  
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