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Des bergers gardiens de la baie

Le temps de quelques heures, il est possible d’accompagner Laure Poupart et Roland Moitrel dans leur quotidien de berger dans la baie de Somme,au départ de la D940 entre Noyelle-sur-mer  et Le Crotoy. Le dépaysement est garanti. 

Quel que soit le temps qu’il y fait, les bottes sont de rigueur et cela peut surprendre le touriste étourdi. Lors de l’inscription à la balade «en immersion avec les bergers de la Baie de Somme», la recommandation est claire : «Les bottes sont obligatoires». Au pire, on peut opter «pour de vieilles baskets pour ceux qui n’ont pas peur d’avoir les pieds mouillés». Les voilà donc prévenus. S’aventurer dans la baie de Somme est en soi une aventure et l’on peut rapidement y perdre pied si l’on n’est pas vigilant. Au milieu des étendues d’herbe bientôt recouvertes de temps à autres par la marée, des personnages atypiques y sont à l’aise. Eux, ce sont les bergers de la baie de Somme qui ont pour mission d’accompagner les moutons d’un point A à un point B pour les faire pâturer dans les pré-salés. Depuis mi-juin et jusqu’à la fin du mois d’octobre, il est possible d’accompagner Laure Poupart et Roland Moitrel dans leur quotidien de berger. La sortie d’une durée de deux heures n’est «pas une promenade mais une immersion dans la vie des bergers qui s’adaptent au troupeau», préviennent les organisateurs. Si le rythme de marche peut être «soutenu», on peut toutefois compter sur l’aide précieuse de deux chiens de troupeau pour ramener dans le rang les brebis égarées. Les touristes, en général, suivent… L’idée de proposer des visites est venue naturellement : «En observant un peu, on s’est rendu compte que beaucoup de gens s’arrêtaient sur le bord de la route pour observer les moutons. De là est venue l’envie d’aller plus loin en leur proposant des explications sur la présence de ces moutons dans la baie et le travail des bergers», raconte Laure.

Une mission d’entretien du milieu

En cette matinée du mois d’août, l’immersion débute vers 8h après un rendez-vous donné sur un parking le long de la route départementale 940. Au loin, on distingue bien les moutons qui attendent d’être «libérés» de leur parc nocturne pour rejoindre un autre lieu de pâturage. «En ce moment, on change d’endroit tous les deux jours, entame la jeune éleveuse. Le but est de les installer dans des zones où le chiendent recouvre tout, ce qui empêche d’autres espèces de se développer». La baie de Somme est partagée en différents lots, accessibles (ou pas) au pâturage. Avec trois autres éleveurs, Laure Poupart et Robert Moitrel disposent de 500 hectares sur lesquels ils installent environ
2000 animaux, «de fin mars à fin novembre». Les moutons sont marqués sur le dos pour identifier leur propriétaire. Si ces éleveurs y trouvent un intérêt pour l’approvisionnement en fourrage de leurs élevages, pour la qualité gustative de la viande des agneaux nés et élevés dans la baie, Laure qui s’est installée en tant que bergère et éleveuse de moutons en 2019 y voit aussi un intérêt sur le plan environnemental : «C’est une façon de participer à l’entretien du milieu», assure-t-elle. Une mission partagée entre éleveurs et les chasseurs de gibier d’eau qui y ont aussi des installations. Et la bergère d’insister : «S’il n’y avait pas d’éleveurs ni de chasseurs, il n’y aurait que du chien-dent…» 

S’y installer n’est pas facile

Installé depuis 36 ans, Roland Moitrel se présente quant à lui comme le plus ancien berger de la baie encore en activité. Président de l’association des producteurs d´agneaux pré-salé de la baie de Somme, l’éleveur détaille avec force et passion l’investissement des éleveurs pour maintenir leur Appellation d’origine protégée (AOP) : «Pour entrer dans la démarche, il y a des conditions strictes, explique-t-il. Nous n’avons par exemple par droit à un chargement de plus de 4 moutons par hectare. On ne peut avoir des animaux que de races bien identifiées (Hampshire, Boulonnais, Île-de-France, Rouge de l’Ouest, Vendéen, Roussin et Suffolk). Il faut avoir une bergerie à moins de trois kilomètres de la baie, respecter un temps minimum de pâturage dans la baie…» Bref, la chose n’est pas facile, mais le jeu en vaudrait quand même la chandelle. Au plus fort de la saison, l’association peut ainsi fournir jusqu’à une centaine d’agneaux par semaine à plusieurs grossistes qui livreront ensuite artisans-bouchers, restaurateurs… Certains éleveurs font quant à eux le choix d’une vente directe. Le développement de l’élevage ovin de pré-salé reste toutefois limité en raison du manque de zones de repli – elles sont nécessaires en cas de grandes marées – et la rareté de points d’eau douce pour l’abreuvement dans la baie de Somme. La marée, justement, vient mettre un terme à la promenade. Après un café partagé sur le toit d’une hutte de chasse, il faut rejoindre le parking du rendez-vous. Deux bonnes heures sont passées et le chemin qui avait été privilégié à l’aller n’est déjà plus accessible. Il faut alors contourner les filets d’eau, enjamber, voire sauter d’une rive à l’autre, à travers les herbes. «C’est là qu’on se rend compte qu’un bâton est bien utile…», sourit Laure. Éventés, parfois les pieds embourbés, les touristes sont eux d’en avoir appris un peu sur l’un des emblèmes de la Baie de Somme.

Note : Pour consulter le calendrier et réserver une sortie en immersion avec les bergers de la baie de Somme, rendez-vous sur https://www.parcaventure-baiedesomme.com/ nouveauté-sortie-en-baie/

Le «Petit futé» Côte d’Opale-Baie de Somme change de formule 

Depuis 1989, la collection «France» du Petit Futé accompagne les touristes dans leur découverte des paysages et des lieux incontournables de l’Hexagone. Côte d’Opale et Baie de Somme, qui ont leur place parmi «les plus belles côtes de France» ont ainsi leur guide qui vient de profiter d’un changement de formule pour son édition 2021. Pour ses auteurs, la collection France du Petit Futé offre aux lecteurs une «nouvelle génération de guides plus interactifs et axés sur l’expérience locale, à mi-chemin entre le guide et le magazine». Quatre axes principaux de découverte ont été choisis : «Inspirer» pour donner l’envie au lecteur à partir d’un contenu «plus visuel et inspirationnel» ; «Découvrir» pour identifier les principaux atouts du territoire : nature, histoire, gastronomie, etc. mais aussi quelques focus plus spécifiques à la destination tels que le phoque, un animal à observer de loin, etc., le tout, agrémenté de contenus additionnels ; «vivre» pour savoir comment s’immerger au plus près des habitants de la destination choisie afin de vivre comme un local ; et enfin «organiser son séjour» ou comment optimiser son séjour côté administratif, logistique, transport, etc. 
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