M6
Des caméras dans les blés du Montreuillois
Pendant un an, les équipes de l’émission E=M6 ont posé leurs caméras dans la ferme de Marie de Sainte-Maresville, à Beaumerie-Saint-Martin (62). L'émission "Les secrets de nos aliments" est diffusée ce 1er mars à 21 h 05. Retour sur une expérience qui permettra de redorer l’image de l’agriculture raisonnée, espère l’agricultrice.
Pendant un an, les équipes de l’émission E=M6 ont posé leurs caméras dans la ferme de Marie de Sainte-Maresville, à Beaumerie-Saint-Martin (62). L'émission "Les secrets de nos aliments" est diffusée ce 1er mars à 21 h 05. Retour sur une expérience qui permettra de redorer l’image de l’agriculture raisonnée, espère l’agricultrice.
Pendant un an, à six reprises, Marie de Sainte-Maresville a troqué son champ de blé pour le champ de caméra. La production de l'émission E=M6 l'a contactée en 2019 pour réaliser un reportage sur la production de blé. Le thème de cette spéciale « agriculture » diffusée le 1er mars : « les secrets de nos aliments ». Cette jeune agricultrice de 26 ans de Beaumerie-Saint-Martin, dans le Montreuillois, y a vu tout de suite l’occasion de montrer les réalités du métier mais aussi de casser les clichés. « J’aime montrer un bel aspect de l’agriculture, souligne-t-elle. Quand les choses sont belles, on s’y intéresse, on nous écoute. »
Convaincre la famille
Tentée par cette expérience, la jeune femme a dû ensuite convaincre ses parents, exploitants de la ferme familiale en passe de la céder à leur fille. « Ils avaient peur que l’émission soit mal interprétée et que les conséquences d’une telle médiatisation desservent la profession plutôt que ne la serve. » Mais cette émission, vieille d’une trentaine d’années, est animée par Mac Lesggy, ingénieur agronome. E=M6 se veut scientifique mais aussi ludique. « L’idée n’est pas de donner son avis, d’orienter, ou comparer mais juste d’être scientifique et donc factuel. C’est ce qui m’a plu et c’est ainsi que j’ai réussi à convaincre mes parents », souligne la jeune femme.
Dès l’automne 2019, les équipes de réalisation sont donc venues filmer les semis de blé. « C’était cocasse puisque cette année-là était vraiment compliquée, se souvient Marie. Je leur avais annoncé que les semis commenceraient sûrement à la mi- octobre, sauf qu’avec le mauvais temps, nous n’avons pas semé les blés avant fin novembre. Pendant ce mois et demi, la production ne cessait de m’appeler de peur que nous leur posions un lapin. J’ai donc dû leur expliquer à plusieurs reprises que je ne maîtrisais pas tout. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte qu’il était important de communiquer sur mon métier. »
Des analyses à la clé
Les équipes sont revenues cinq autres fois : au moment de l’épandage des engrais, des traitements aux produits phytosanitaires, de la récolte bien entendu, pour visiter la ville de Montreuil et une fois avec Mac Lesggy pour réaliser des analyses sur la biodiversité du sol. « Nous avons enfoui un t-shirt dans le sol et nous avons analysé son état de décomposition, raconte-t-elle. Le mien était plutôt bien décomposé, les résultats étaient satisfaisants. De toute façon, j’essaie de bien faire mon métier, je n’ai rien à cacher. »
Dans l’émission, Mac Lesggy, a comparé les trois modèles : l’agriculture de conservation des sols dans le bassin parisien, la bio en Normandie et celle dite raisonnée que pratiquent Marie et ses parents. « Sans jugement, l’émission présente les trois modèles et les compare, explique l’agricultrice. Chaque modèle a ses limites et c’est le but de l’émission que de les soulever. »
Comme chez les deux autres agriculteurs de l’émission, deux échantillons de blé ont été acheminés vers les laboratoires du présentateur. Analyses de résidus de produits phytosanitaires, de la qualité des graines, tout est passé au crible et les résultats seront présentés lors de la diffusion. Un autre échantillon a servi à faire de la farine puis du pain.
Limite commune : la météo
Ainsi, dans cette émission, les trois modèles agricoles ont confrontés à leurs limites et leurs atouts. « Finalement en agriculture, c’est bien souvent la météo qui nous limite et cela quel que soit le modèle, ajoute Marie. Cette année, nos rendements étaient en baisse. Les équipes de tournage ont pu voir que chez le producteur bio, ses rendements correspondaient à la moitié des miens. Ce sont les journalistes qui me l’ont raconté et ils étaient surpris. Les téléspectateurs vont se rendre compte que le bio ne peut pas nourrir tout le monde, même si ce modèle a d’autres avantages. »
Ce constat, Marie le fait avec regret. « En agriculture, on ne parle que du bio et on oppose les modèles : les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Nous sommes très mauvais communicants. À force de ne pas parler, les consommateurs sont désinformés et on manipule leurs jugements. Il faut que nous nous tournions davantage vers les médias grand public, qu’ils viennent sur le terrain pour qu’on leur explique réellement notre métier. Avec cette émission, j’ai tenté de communi- quer sur l’agriculture qui est pour moi un sujet très important. »
En attendant la diffusion de l’émission, les parents de Marie restent sur leurs gardes. « C’est une émission scientifique certes, mais on ne sait jamais comment va être monté le reportage. On ne voudrait pas qu’on nous tape sur le dos. » De son côté, Marie est confiante : « J’espère que l’émission sera bien, que les messages que j’ai voulu passer seront bien relayés. Ce n’est pas une émission d’Élise Lucet non plus. » Résultat, ce lundi 1er mars à 21h05 sur M6.