Des centaines de pistes concrètes dans le contrat de solutions
Initiative lancée en novembre par la FNSEA et une trentaine
d’organisations du monde agricole, le contrat de solutions est d’ores et déjà riche de près de 300 pistes d’action.
Les organisations ont pour objectif une signature avant la fin du premier semestre 2018, en y associant le gouvernement. Dans le contrat de solutions initié en novembre par trente-cinq organisations aux côtés de la FNSEA, plus de quatre cents solutions alternatives aux produits phytosanitaires seront détaillées, dans un document «qui sera signé avant la fin du premier semestre 2018», a rappelé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
Les organisations partenaires ont réalisé, le 26 février, un point d’étape au Salon de l’agriculture :
il s’agit en effet, pour le monde agricole, de montrer que les agriculteurs sont en mouvement pour répondre aux attentes sociétales, même si plusieurs leviers sont à actionner pour accélérer le développement d’innovations «efficaces et compatibles avec l’économie des exploitations», indique Christiane Lambert.
Le contrat précisera un agenda par solution ainsi que l’impact envisagé. Pour lui donner de l’ampleur et permettre une diffusion la plus large possible auprès des agriculteurs, «nous avons la volonté de passer un contrat avec l’Etat», précise de son côté Eric Thirouin. Les différents ministères concernés ont été invités à participer à la démarche, à laquelle ils ont donné «un accueil plus que favorable», précise le secrétaire général adjoint de la FNSEA.
292 pistes d’action déjà identifiées
Si un long travail reste à poursuivre, les partenaires ont déjà identifié 292 pistes de solutions, dans huit domaines différents : pratiques agronomiques, amélioration des plantes et innovation variétale, agriculture numérique, robotique et agroéquipement, biocontrôle, produits de protection des plantes innovants, démarches de filière et de territoire, conseil, formation et diffusion.
Sébastien Windsor, président de l’Acta, a ainsi présenté deux axes de travail poursuivis par les instituts techniques agricoles, les pratiques agronomiques et les outils d’aide à la décision. Avec des exemples concrets, à l’image de Miléos, une solution qui, à base de capteurs techniques dans les parcelles, permet de mieux appréhender les ravages du mildiou sur les pommes de terre et de réduire de 25 % l’usage des fongicides.
A un autre niveau, agronomique cette fois, le semis de légumineuses en même temps que le colza permet de limiter les attaques d’insectes qui préfèrent se tourner vers les légumineuses, le tout à un coût équivalent à celui des produits phytosanitaires qui auraient été utilisés de façon plus classique.
Besoin d’accompagnement
Néanmoins, des leviers sont à mobiliser pour accélérer la transition. «Il y a un besoin d’investissements matériels», ajoute Sébastien Windsor. Eric Thirouin espère, par ailleurs, que le gouvernement fléchera une partie de son grand plan d’investissement de 5 milliards d’euros vers l’accompagnement des agriculteurs dans l’adoption de ces solutions nouvelles. Un matériel plus performant constitue, en effet, une des clés vers davantage de durabilité.
«Aujourd’hui, l’âge moyen des 200 000 pulvérisateurs en France est de 13,5 ans, avec un taux de remplacement inférieur à 3 %», détaille Laurent de Buyer, président de la commission économique d’Axema (union des industriels de l’agroéquipement).
Or, les modèles les plus récents intègrent davantage les problématiques de réduction des phytosanitaires, grâce aux nouvelles technologies. Axema entend donc proposer d’ici fin juillet «une classification des pulvérisateurs avec un système de points, en fonction des technologies utilisées» pour orienter les agriculteurs vers les modèles les plus performants en matière de durabilité et pour lesquels une incitation financière sera mise en place, précise Laurent de Buyer. Quelles que soit les pistes de solutions, il sera de plus en plus crucial «de trouver le bon conseil pour chaque agriculteur», explique de son côté Claude Cochonneau, président des chambres d’agriculture. Le conseil et la formation auront, en effet, un rôle clé à jouer dans la diffusion de ces solutions alternatives, même si, rappelle Christiane Lambert, «le zéro phyto en agriculture n’est pas possible, tout comme le zéro médicament en médecine humaine».