Des conditions quasi optimales pour les semis
Les liniculteurs ont commencé à semer leurs champs autour du 10 mars. Les conditions de cette nouvelle campagne
et les préconisations des techniciens.
Si les températures sont plutôt fraîches depuis quelque temps, les sols sont cependant bien réessuyés, ce qui permet aux liniculteurs de semer les graines de lin dans de bonnes conditions. Les premiers ont démarré sur la bordure maritime, entre le 9 et le 10 mars. Le temps était alors ensoleillé, mais les températures fraîches, autour de 10° C, et avec un vent d’Est desséchant. Aussi les liniculteurs ont-ils dû se dépêcher pour réaliser leurs semis.
Les semis ont été ensuite réalisés plus à l’intérieur des terres sur les labours jeunes. En revanche, ce n’est qu’à partir du 17 mars que les semis ont été effectués sur les vieux labours, «car les terres étant plus humides, il faut attendre qu’elles soient bien réessuyées», précise Aurélien Patoux, technicien de la coopérative linière Calira, à Martainneville. Si le temps n’était pas au soleil, les vents du Nord et du Nord-Ouest ont offert des conditions moins desséchantes pour les terres. La période des semis s’étendra jusqu’au 15 avril prochain.
«C’est un peu tôt en saison pour démarrer les semis dans cette période», note toutefois le technicien. Aussi conseille-t-il de semer entre 1 800 et 2 000 graines au mètre carré. «En revanche, à partir du mois d’avril, il y aura de meilleures conditions pour semer. Mais, dans l’ensemble, on a semé dans de bonnes conditions», dit-il.
«L’implantation doit se faire dans un sol assez bien rappuyé et dans un lit de semences assez fin», ajoute Vincent Delaporte, directeur de Calira. La coopérative conseille également à ses adhérents de semer à une profondeur d’un centimètre pour que les graines ne soient pas trop enterrées. «On sait que l’on va avoir de la pluie en fin de semaine. En semant plus superficiellement, la graine arrivera à sortir», explique le technicien.
Le lin étant une culture à cycle court, et donc très sensible, notamment aux conditions climatiques, il est impératif, 48 heures après les semis, de réaliser un désherbage de pré-levée. Une fois le désherbage achevé, il faut attendre la levée. C’est alors que les liniculteurs devront être très attentifs à l’apparition des premières altises. C’est aussi pour cela que la coopérative accompagne ses adhérents dans le choix des variétés à semer.
Les variétés utilisées sur le territoire
Le choix des variétés se fait en fonction de leur précocité et de leur sensibilité à la verse. Dans tous les cas, c’est la nature même du sol qui définit la variété à semer. Les principales variétés utilisées sur les terres samariennes sont Alizée, Evea, Novea, Aramis, Aretha, Damara et Filea. Autant de variétés conseillées tant par rapport à la nature des sols qu’à la taille des exploitations. «Nous recommandons ces variétés, car elles s’adaptent bien dans notre secteur de production et offrent un rendement maximal tant sur le poids de la paille que sur la richesse en fibre», commente Aurélien Patoux.
Pour gagner toujours plus en productivité et obtenir des lins de qualité, la coopérative développe tout un travail d’expérimentation depuis quelques années, en partenariat avec Arvalis - Institut du végétal, le GIE Linea Semences de lin (Calira en est actionnaire, ndlr) et la Chambre d’agriculture de la Somme. C’est ainsi que le 23 mars dernier, sur sa plateforme de Cérisy-Buleux, vingt-et-une variétés du catalogue des semences ont été semées pour des essais de comportement, de régulation, de fongicides et d’inscription, le tout sur 1,5 ha. Mais le véritable enjeu sera de trouver des variétés tolérantes aux maladies, car «on veut à tout prix garder la spécificité d’une plante naturelle. D’où le travail actuel sur les génomes», insiste Vincent Delaporte.
Il est important de produire des lins bien conformés
Coopérative
35 000 tonnes de paille ont été travaillées sur les trois dernières années par Calira. Quels sont ses marchés ?
«Ce que l’on recherche, c’est un bon taux de richesse en fibre. Aussi les adhérents doivent-ils produire des lins bien conformés pour les présenter au teillage», déclare le directeur de la coopérative Calira, Vincent Delaporte. Durant toute la transformation du lin à l’usine, soit du 1er septembre au 31 juillet, la vente de lin textile ne tarit pas. Les principaux acheteurs sont des négociants pour des filateurs chinois, polonais, hongrois et lituaniens. Mais le principal marché se trouve en Chine, Calira travaillant avec 85 filatures de ce pays, alors qu’elle ne fait affaire qu’avec une seule en Pologne, ainsi qu’en Hongrie et Lituanie. «C’est un prix départ usine que l’on fixe avec les négociants, le prix étant déterminé par la qualité», précise le directeur. 90 % des fibres longues partent en Chine. «Tous les lins sont filés en Chine, puis consommés soit sur place, soit exportés, notamment vers l’Inde», dit le directeur de la coopérative.Si le marché du lin est une niche, représentant 1 % du marché mondial des fibres textiles, le produit lin a la cote, car «c’est une culture propre et un produit naturel utilisant peu d’engrais et d’intrants, et donc respectueux de l’environnement, ce qui correspond à la demande actuelle des consommateurs», relève Vincent Delaporte. La consommation est d’ailleurs en progression constante, tant sur le marché du vestimentaire, que l’ameublement et le linge de maison. «Bien que l’on soit dans une progression continuelle, il faut coller au mieux aux marchés pour éviter une surproduction», ajoute-t-il. Le but est de couvrir toute la gamme de besoins de la filature, soit le bas de gamme comme le haut de gamme.