Des conséquences de la verse sur le remplissage des épis
Le temps perturbé des derniers jours peut engendrer localement des phénomènes de verse des céréales. Les conséquences sur le rendement vont être modulées par l’intensité de la verse et le stade d’apparition. Les impacts sur la qualité technologique ou les difficultés de récolte peuvent également être significatifs.
Le temps perturbé des derniers jours peut engendrer localement des phénomènes de verse des céréales. Les conséquences sur le rendement vont être modulées par l’intensité de la verse et le stade d’apparition. Les impacts sur la qualité technologique ou les difficultés de récolte peuvent également être significatifs.
La verse, qu’elle soit physiologique ou pathologique, peut être analysée en deux temps : une phase de prédisposition, qui conditionne la résistance initiale de la tige. Pour la verse physiologique, densité de tiges, constitution des parois et allongement des entre-nœuds sont les facteurs principaux qui orientent le risque initial. Côté verse pathologique, on va essentiellement s’intéresser au piétin verse (résistance variétale, précocité et sévérité de l’attaque, densité de plantes) ou aux maladies du plateau de tallage ; une phase de déclenchement, qui fait basculer la plante ou plier la tige. Il s’agit alors d’un effet purement mécanique, résultant de l’effet de levier de l’épi (éventuellement chargé en eau et soumis au vent) sur la base de la culture.
Des prédispositions à la verse
En France, en général, le scénario 2021 (tallage modéré, montaison sèche et ensoleillée) a été majoritairement favorable à la constitution de couverts peu disposés à la verse ; ponctuellement toutefois, les fortes densités d’épis (sols profonds qui n’ont pas souffert de la sécheresse) et localement les attaques de piétin-échaudage peuvent constituer des facteurs de risque.
En région Hauts-de-France, la montaison fut lente et ensoleillée constituant dans un premier temps un couvert court peu disposé à la verse. Cependant, contrairement au reste du territoire français, le tallage fut important dans la région avec très peu de régressions de talles aboutissant à un peuplement épis très élevé entraînant une compétition tardive pour la lumière : le risque verse n’est pas aussi faible dans la région.
Cette possible prédisposition à la verse en région s’accompagne de l’aspect «déclenchement» qui caractérise la campagne 2021, avec les récents épisodes orageux et venteux qui s’abattent sur les cultures : les pluies brutales, accompagnées de vent, appliquent une charge élevée sur le haut de la tige. Cette charge se cumule par ailleurs au poids de l’épi lui-même, chargé des grains formés et le plus souvent déjà remplis.
Le PMG est affecté en cas de verse précoce
La verse n’intervient en général que pendant le remplissage, lorsque le poids de l’épi croît et engendre des contraintes sur la tige. Le Poids de Mille Grains est donc normalement la seule composante impactée. En effet, la verse va perturber le fonctionnement du couvert en empêchant la lumière de se diffuser librement entre les différents étages foliaires, et en provoquant éventuellement des pincements de la tige qui vont affecter les flux de sève.
Cependant, cet impact est décroissant au cours du temps : plus le remplissage est avancé lors de l’occurrence de la verse, moins le PMG ne sera pénalisé. Un abaque a été proposé à titre indicatif suite à quelques essais historiques.
Des impacts différents selon les céréales
Les orages de la deuxième quinzaine de juin se sont abattus sur des cultures aux stades très différents.
Pour les orges d’hiver, dans notre secteur, les orges d’hiver étaient au stade grains laiteux-grains pâteux au moment des orages, donc l’impact sur les PMG devrait être plutôt faible. Les tiges encore vertes sont sans doute encore assez résistantes et souples pour supporter des épisodes orageux modérés même si on craint des pertes de rendement sur les parcelles touchées. On peut espérer que les sols auront le temps de sécher avant le déclenchement des récoltes.
Pour les blés tendres et les orges de printemps, au nord de la Seine, les grains étaient au début du stade laiteux au moment des derniers orages : une verse intense peut donc se traduire par des pertes de PMG. Néanmoins, en tout début de remplissage, avant que l’épi ne soit trop lourd, on peut espérer un redressement partiel des cultures si la verse est très modérée. En cas de verse intense, les conséquences pourraient être plus préjudiciables. Le nombre de parcelles versées reste limité et qu’au sein de ces parcelles, la verse est principalement recensée au niveau des recroisements et des fourrières.
Évidemment, les conséquences de la verse dépassent la seule perte de rendement : risque de dégradation du Poids Spécifique (PS) et du Temps de Chute de Hagberg, exposition plus forte au déclenchement de la germination sur pied, salissement de la culture et du produit récolté, fort allongement du temps de récolte. En particulier, on peut craindre que les nombreuses adventices qui ont commencé à dominer les céréales ces dernières semaines profitent de la situation pour s’installer davantage et compliquer les chantiers de récolte. Quelques options de contrôle des adventices pré-récolte à l’aide d’un herbicide contenant du glyphosate subsistent, mais elles ne doivent être utilisées qu’après vérification des usages homologués, et en respectant les stades et délais avant récolte.