Des cours soutenus par l’appétit chinois
Les cours des céréales à paille ont changé d’allure depuis un an, marqués par une forte embellie. Jusqu’ici perçue comme un plafond, la barre des 200 € la tonne de blé semble devenue un plancher pour les opérateurs. Cela va-t-il perdurer pour la campagne à venir ? Malgré un «weather market» prolongé, l’offre ne devrait pas bouleverser les équilibres. La principale interrogation porte sur la durabilité de la demande chinoise, qui a largement participé au réhaussement des cours depuis un an.
Les cours des céréales à paille ont changé d’allure depuis un an, marqués par une forte embellie. Jusqu’ici perçue comme un plafond, la barre des 200 € la tonne de blé semble devenue un plancher pour les opérateurs. Cela va-t-il perdurer pour la campagne à venir ? Malgré un «weather market» prolongé, l’offre ne devrait pas bouleverser les équilibres. La principale interrogation porte sur la durabilité de la demande chinoise, qui a largement participé au réhaussement des cours depuis un an.
«Nous avons connu un léger changement de paradigme», résume Arthur Portier, consultant chez Agritel. Alors que les cours du blé atteignaient leur plus haut plafond à 200 € la tonne durant les années 2014-2020, cette règle semble avoir été changé cette année. «Nous avons cassé le plafond des 200 € en octobre 2020, jusqu’à atteindre 250 € en avril, pour redescendre à 200 E», retrace-t-il.
«200 € est devenu un plancher, et le potentiel de baisse parait limité à ce niveau à court terme.» Cela peut-il durer ? C’est la grande interrogation des opérateurs, car cette embellie des prix est en grande partie due à un soudain essor des achats chinois de maïs depuis l’été 2020, devenue depuis la matière «directrice» des cours céréaliers. «La vague d’achats de maïs à l’été 2020 a pris de court les opérateurs. Et encore aujourd’hui, personne n’est capable d’expliquer de manière vraiment convaincante les raisons de ces achats», estime François Luguenot, consultant indépendant et ancien responsable de l’analyse des marchés chez Invivo.
Les Chinois aux achats, pour l’instant
De nombreux scénarios sont sur la table pour expliquer le regain d’appétit chinois : reconstitution des stocks publics, renaissance du cheptel porcin sur fond de peste porcine africaine, ou essor de la production de volaille... «Cela reste une question, et c’est le grand facteur qui va influencer le prix du maïs et des céréales», estime François Luguenot. Pour l’heure, constate Arthur Portier, «la dynamique de démarrage est plutôt bonne» côté chinois. De même chez d’autres grands importateurs. La Turquie, l’Égypte, la Jordanie et le Bangladesh étaient tous les quatre aux achats durant la dernière semaine de juillet. Un autre facteur porteur tient toujours : les taux d’intérêt très bas qui alimentent la présence des fonds d’investissement sur des positions acheteuses. Seul point noir pour la France : le coût élevé du fret. Il est positif au vu de la proximité de nos clients historiques en blé meunier (Algérie, Tunisie, Maroc...), mais problématique pour le marché fourrager porté par la lointaine Indonésie.
L’offre, de son côté, ne devrait pas bouleverser les équilibres. Les fondamentaux dessinent à nouveau un «contexte porteur», avec une «tension sur la disponibilité à moyen terme», résume Arthur Portier. Même si les marchés ont été particulièrement animés depuis le début de l’année, «il n’y a aucun péril sur les céréales à paille», commente de son côté François Luguenot. Ces six derniers mois ont été marqués par un «weather market d’une durée que je n’ai pas souvent observé», relate François Luguenot. «Il dure habituellement quelques semaines», mais il a été animé cette année par les déboires des maïs brésiliens et du blé américain à haute teneur. «La récolte de maïs brésilienne a souffert de pluies au semis, puis d’une sécheresse. Pendant ce temps, le sud canadien et le nord-ouest des États-Unis ont connu une sécheresse et des chaleurs excessives.» Si bien que l’«on a connu des épisodes de volatilité comme on n’en avait pas connus depuis longtemps».
À cela se sont ajoutées des inquiétudes plus récentes sur le Vieux continent. «Nous partions d’un bon potentiel en Europe, mais il a été remis en cause par les pluies avec, par exemple, en France, des déceptions sur les premières coupes qui nous renvoient légèrement sous la moyenne», retrace Arthur Portier. Les coupes sont également plus décevantes que prévu en Russie pour cause de sécheresse. En somme, «alors qu’il y a quelques mois, tout semblait au beau fixe, la météo a compliqué les choses».