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Des perspectives d’avenir variées pour la féculerie de Vecquemont

Alors que le groupe va investir dans une usine de protéines de pois au Canada, à Vecquemont, l’usine de fécule a pour objectif de «saturer» son outil industriel d’ici 2020.

© AAP


L’aventure, c’est toujours d’actualité chez Roquette, groupe familial très discret. Aujourd’hui, c’est au Canada que le groupe, qui pèse 3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, la tente en investissant 300 millions d’euros dans la construction de la plus grosse usine de protéines de pois au monde. Hier, plus exactement en 1933, c’est à Lestrem, dans le Pas-de-Calais, que les frères Roquette, Germain et Dominique, négociants en grains, font construire une première féculerie. Avant que celle-ci ne soit fermée pour une nouvelle, plus grande, à Vecquemont, en 1956. Une usine qui est toujours, aujourd’hui, la seule féculerie de pommes de terre du groupe Roquette, et qui a fêté ses soixante ans en octobre dernier.
D’une capacité de transformation d’un million de tonnes de pommes de terre à 17 de richesse féculière - soit un équivalent fécule de 200 000 à 210 000 tonnes - son approvisionnement est très local, soit dans un rayon de 70 km autour de l’usine. Ses producteurs sont de la Somme, de l’Aisne, de l’Oise, du Nord, du Pas-de-Calais et de la Seine-Maritime, regroupés en deux coopératives : la coopérative féculière de Vecquemont et celle de Vic-sur-Aisne. Mais avec le départ de la coopérative de Vic-sur-Aisne à la fin de cette campagne, ce sont près de 200 000 tonnes de pommes de terre fécule qui ne seront plus fournies à l’usine de Vecquemont. Aussi, cette dernière a-t-elle pour objectif de retrouver les tonnages perdus afin d’atteindre de nouveau la saturation de son outil industriel d’ici 2020-2021, et de satisfaire tous les marchés.

A la pêche aux hectares
«Cette année, nous avons 16 000 ha. Si on veut saturer l’usine, il faut mon­ter à 18 000 ha, voire 19 000 ha, explique Bertrand Rault, responsable approvisionnement pomme de terre chez Roquette, à l’usine de Vecquemont. On prospecte depuis trois ans pour trouver des hectares et des producteurs de pommes de terre féculières. On a fait, pour cela, de la communication, des Salons, des Forums, des colloques, etc.» Sur les deux dernières années (2015-2016), 2 600 ha ont été trouvés. «On devrait monter à 3 000 ha sous peu. En nombre de producteurs, ce sont plus de deux cents producteurs qui nous auront rejoints en trois ans», précise-t-il.
Beaucoup viennent de l’ouest du département, plus particulièrement du Vimeu et en descendant vers la Seine-Maritime. Parmi eux, pas mal de producteurs laitiers qui ont arrêté l’élevage et se sont reconvertis à la pomme de terre féculière, mais aussi des jeunes qui s’installent, ainsi que des agriculteurs à la recherche de bonnes têtes d’assolement, ou encore d’un cahier des charges relativement simple à tenir, ou à la recherche de revenus supplémentaires. «Leur intérêt a porté aussi sur le fait que cette culture ne nécessite pas de gros investissements et qu’il n’y a pas besoin d’irrigation, puisque ce sont des variétés tardives dont les rendements se font à l’automne, période de pluie dans notre région. La pomme de terre féculière est donc une valeur sûre. Puis, nous achetons toute la production au prix du contrat, ce qui n’est pas le cas de toutes les productions», commente Bertrand Rault.
Enfin, côté prix, si le prix de base n’a pas bougé depuis trois ans, soit 59 €/t à 17, la grille de bonus-malus a été revue. Ainsi, les camions à moins de 10 % de tare seront mieux primés. Pour 5 % de tare sans cailloux, le prix des pommes de terre sera valorisé de 10 € par tonne nette livrée. «Pour les nouveaux producteurs, ils peuvent attendre un prix à 80 €/t à 20, avec une tare terre faible. Ceux qui stockent peuvent obtenir 10 à 13 € de plus. Les paiements se font à la quinzaine. Tout le monde est sûr d’être payé», ajoute Bertrand Rault. Si les rendements n’ont pas été bons cette année, les perspectives d’avenir pour la filière restent variées et encourageantes.

Les débouchés
Pendant longtemps, le principal débouché a été l’industrie (papeterie, cartonnerie, etc.) Aujourd’hui, 70 % des débouchés proviennent de la nutrition et la pharmacie. «Dans ces deux secteurs, explique Bertrand Rault, ce qui est recherché, ce sont des amidons à haute viscosité pour des applications particulières. L’avantage de la fécule, c’est que c’est un amidon très pur. Son goût est neutre. Elle a une faible teneur en lipides et protéines. C’est un produit stabilisant par sa capacité de rétention d’eau. On peut aussi l’utiliser pour des produits à basse température de cuisson.»
D’où son utilisation dans des préparations alimentaires telles que les produits pré-gélatineux, les soupes, les nouilles asiatiques, les sauces, le lait infantile, le sucre glace, la charcuterie, le surimi, etc. Les principaux clients sont Nestlé, Danone, Fleury-Michon, Tipiak, etc. Une utilisation tout aussi intéressante pour les produits pharmaceutiques, notamment pour un certain nom­bre de fabrications de comprimés. Les clients ne sont autres que GSK (GlaxoSmithKline), Sanofi, Pfizer…
Depuis 2007, les ventes en Asie du groupe ont été multipliées par deux, et par 2,5 en Amérique du Nord et dans les pays émergents. Avec la protéine de pois, le groupe devrait gagner des parts de marché, soit d’un peu moins de 10 % des ventes actuellement à 15 à 20 % à terme. «On est au début d’une nouvelle industrie de protéines à base végétale à haute valeur ajoutée», disait Jean-Marc Gilson, en évoquant l’usine de protéines future au Canada, dans un article du quotidien Les Echos. Dans tous les cas, «le marché est loin d’être saturé au niveau mondial, et surtout dans le grand est asiatique pour la fécule de pomme de terre», ajoute Bertrand Rault.

Groupe Roquette

- chiffre d’affaires : 3,4 milliards d’euros, dont plus de 80 % à l’international
- 21 usines : une dizaine en Europe, deux en Amérique du Nord, neuf en Asie et une en Inde
- 8 000 salariés, dont la moitié en France
- Matières traitées : 8 millions de tonnes, dont 5,1 millions de tonnes de maïs, 2 millions de tonnes de blé, 800 000 tonnes de pomme de terre fécule et 100 000 tonnes de pois protéagineux

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