Des porcelets nourris aux insectes samariens
Après l’alimentation des poissons d’élevage, les insectes élevés dans les murs d’InnovaFeed, à Gouzeaucourt (59) et Nesle (80),
complèteront les rations de plus de vingt millions de porcelets d’ici 2026.
Après l’alimentation des poissons d’élevage, les insectes élevés dans les murs d’InnovaFeed, à Gouzeaucourt (59) et Nesle (80),
complèteront les rations de plus de vingt millions de porcelets d’ici 2026.
Des poissons, et désormais des cochons, plus précisément des porcelets, nourris à l’huile dérivée d’insectes. Dans un communiqué du 3 mai, InnovaFeed, qui élève des larves de mouche soldat noire (Hermetia Illucens) à destination de l’alimentation animale, et Cargill, expert en nutrition animale, annoncent élargir leur collaboration initialement centrée sur l’aqua-nutrition vers l’alimentation des porcs.
«Nos analyses nous ont convaincus qu’InnovaFeed dispose des meilleurs produits du marché en termes de qualité, de performances, et de la capacité à se déployer à grande échelle», déclare Helene Ziv, directrice approvisionnement et gestion des risques pour l’activité Cargill Nutrition animale. Ce partenariat élargi profitera à l’alimentation de plus de vingt millions de porcelets d’ici 2026 et «démontre le rôle stratégique que l’industrie de l’insecte peut jouer dans la transformation du modèle alimentaire mondial vers une industrie de l’alimentation animale plus durable», est-il ajouté.
Une opportunité à plusieurs niveaux pour la filière porcine. La valeur nutritive du produit a d’abord été passée au crible. Cargill et InnovaFeed ont mené de nombreux essais sur l’alimentation des porcs, en comparant l’impact de différents types d’huile. «Nous avons mis en évidence que le profil nutritionnel de l’huile d’insecte correspond aux besoins des porcs, ce qui permet de compléter ou de remplacer l’huile végétale sans effets négatifs sur les performances.» Il faut dire que les insectes sont naturellement présents dans l’alimentation des porcins à l’état sauvage. L’huile d’insecte s’avère riche en acide laurique, un acide gras qui contribue à améliorer la santé intestinale des animaux, en particulier des porcelets. «La recherche Cargill-InnovaFeed a également suggéré une meilleure performance et des avantages pour la santé qui nécessitent une étude plus approfondie.»
Les Hauts-de-France précurseurs
Aujourd’hui, le secteur bénéficie d’un peu de recul quant à l’huile d’insecte dans l’alimentation des porcs, puisqu’une expérimentation à grande échelle a été menée en Hauts-de-France. Depuis août 2020, 25 % des porcs nés, élevés et abattus en Nord-Pas-de-Calais par Le Porcilin – un rassemblement de quinze éleveurs régionaux – reçoivent une alimentation enrichie en huile d’insecte (huit-cents porcs dans un premier temps). Les animaux élevés par Le Porcilin recevaient déjà une alimentation riche en céréales et en graines de lin. Cette huile d’insecte InnovaFeed est venue enrichir ou se substituer à l’huile de colza déjà présente dans leur alimentation. Les premiers porcs ont été commercialisés en exclusivité dans les hypermarchés Auchan de la région au mois de janvier.
- 80 % d’impact carbone
Au-delà de sa valeur nutritionnelle, l’huile d’insecte offre des avantages environnementaux conséquents, cohérents avec les attentes sociétales. «En alternative aux huiles végétales traditionnelles, les acides gras d’insectes produits par InnovaFeed permettent une réduction significative de l’empreinte carbone - d’au moins 80 % par rapport aux huiles végétales généralement présentes dans l’alimentation porcine - et aucun impact sur la déforestation», certifie le communiqué.
InnovaFeed se targue d’adopter une économie circulaire qui apporte des avantages environnementaux supplémentaires, comme la récupération des coproduits issus de l’amidonerie Tereos voisine à Nesle pour nourrir les larves des mouches.