Des reliquats plus faibles qu’en 2019 dans la Somme
Les mesures de reliquats permettent d’ajuster la méthode du bilan et ainsi d’optimiser la fertilisation azotée. Cette année, avec l’hiver pluvieux, les reliquats sont assez faibles.
Chaque année, la Chambre d’agriculture de la Somme réalise, grâce au partenariat avec laboratoires, coopératives et négociants (Aurea, Proxilabo, Noriap, Sanaterra, Calipso, Uneal, Natup, Carré, Charpentier, Ternoveo, Alternae), une synthèse des résultats des reliquats d’azote sortie d’hiver dans le département. Ces résultats sont disponibles sur le site internet de la chambre d’agriculture. Cette synthèse donne la moyenne selon les types de précédents en distinguant sols profonds et sols superficiels et par grand territoire. Pour les sols superficiels, le manque de données rend impossible cette sectorisation.
Pour rappel, la mesure de reliquats d’azote permet de connaître les teneurs en azote disponibles dans le sol en sortie d’hiver. C’est un des postes de la méthode du bilan qui permet de calculer la dose prévisionnel d’apport d’azote. Pour cette campagne 2020, les reliquats sont en moyenne légèrement plus faibles de 7 unités (U) par rapport à 2019 et sont inférieurs à la moyenne de ces cinq dernières campagnes. Cela s’explique par des bons rendements en général en 2019, mais également par la lixiviation élevée en lien avec une pluviométrie importante ces six derniers mois (450 mm secteur est, à 600 mm, voire plus à l’ouest du département). Cette perte par lixiviation est également compensée par une minéralisation précoce et importante liée à un hiver doux (+ 2,5°C en janvier entre 2019 et 2020).
La moyenne générale sur le département toutes situations confondues est de 60 U en sols profonds (trois horizons). La répartition par horizon est d’environ 42 % pour le premier horizon,
33 % pour le second et 25 % dans le troisième horizon (60-90 cm).
Sur sols profonds (trois horizons), le reliquat moyen pour les précédents céréales à paille devant culture de printemps et sans apport organique varie de 57 à 63 U en moyenne selon les secteurs. Il varie de 63 à 69 U pour les précédents colzas et de 55 à 70 U en précédents pommes de terre. Sur sols superficiels et notamment sols de crayeux, il est quelques fois difficile d’interpréter les résultats. En écartant les valeurs aberrantes, la moyenne départementale est de 43 U sur deux horizons.
Disposer de ses propres analyses
Ces moyennes couvrent également une certaine disparité entre les échantillons, disposer de ses propres analyses reste plus pertinent, en particulier dans le cas de précédents riches (légumineuses, colza..) et d’apports organiques qui minéralisent vite effectués en automne-hiver. D’ailleurs, pour rappel, en zones vulnérables, tous les agriculteurs doivent réaliser au minimum un reliquat en sortie d’hiver sur l’une des trois principales cultures de l’exploitation. Le résultat doit être pris en compte dans le plan de fumure de la parcelle analysée. Attention, en zones d’action renforcée, le nombre de reliquats d’azote imposés est plus important (cf. encadré).
Il faut, néanmoins, être vigilant sur la façon dont les reliquats sont faits. Certains résultats extrêmes nous laissent à penser que certains échantillons n’ont pas été réalisés dans les règles de l’art (prélever avant tout apport d’azote, constituer un échantillon avec une dizaine de prises minimums par horizon, ne pas mélanger les horizons, utiliser du matériel de prélèvement non souillé, respecter la chaîne du froid, bien remplir le questionnaire d’accompagnement si on veut que le conseil soit judicieux…). Si vous n’avez pas encore réalisé de reliquats, il n’est pas encore trop tard ; à la condition qu’aucun apport d’azote n’ait été effectué !
Un plan à la parcelle
En zones vulnérables, tous les agriculteurs doivent réaliser un plan prévisionnel de fumure azotée à la parcelle (tous les îlots doivent y figurer, qu’ils reçoivent ou non de l’azote). Ce document, ainsi que le cahier d’enregistrement des pratiques de fertilisation azotée doivent être tenus à jour et disponibles en cas de contrôle. Le plan de fumure est basé sur la méthode des bilans. Il permet de déterminer la dose prévisionnelle et d’ajuster les apports d’engrais minéraux ou organiques aux besoins des cultures, pour atteindre l’objectif de rendement donné, tout en prenant en compte les autres fournitures du sol (reliquat, minéralisation du sol, résidus des cultures et Cipan, apports organiques…).
Le référentiel régional Hauts-de-France, actualisé en octobre dernier, fixe par arrêté préfectoral les paramètres de calcul. Pour les valeurs de reliquats d’azote sortie d’hiver (en l’absence de vos propres analyses), il faudra se référer à notre synthèse statistique départementale ou toutes autres sources de référence disponibles à l’échelle départementale ou plus locale (Ceta, par exemple). L’objectif de rendement est basé sur la moyenne des rendements obtenus les cinq dernières années en retirant le mini et maxi (possibilité de remonter si besoin à la sixième année s’il manque des références). Pour ces objectifs de rendements, il est recommandé de raisonner par type de sols en fonction de leur potentiel.
À noter, pour certaines cultures (légumes, fourrages dérobés, cultures énergétiques…) et prairies, pour lesquelles la méthode des bilans n’est pas adaptée, la réglementation impose des plafonds d’azote.
Ajustement en cours de campagne
Pour rappel, il est possible d’ajuster la dose prévisionnelle en cours de campagne en fonction de l’état de nutrition azotée mesurée par un outil de pilotage. Tout apport supérieur à la dose prévisionnelle devra néanmoins être justifié. Dans ce cadre, la Chambre d’agriculture de la Somme propose ses services «Mes Sat’images», «Mes Dron’images» et N Tester afin de mesurer l’état nutritionnel azoté sur blé, orge et colza et apporter un conseil de fumure adapté.
Obligations en zones d’action renforcées (ZAR)
Les zones d’action renforcées correspondent aux aires d’alimentation de captage ayant leur teneur en nitrate supérieure à 50 mg/l. Sur le département, cela concerne les captages de Brie, Caix, Ercheu, Gruny, Sailly-Flibeaucourt et Voyennes (cf. délimitation sur le site internet des Chambres d’agriculture Hauts-de-France).
Chaque agriculteur exploitant plus de 3 ha en ZAR a l’obligation de réaliser des reliquats d’azote supplémentaires. Il doit également suivre une formation au raisonnement de la fertilisation azotée et à l’issue de cette formation, il doit réaliser des reliquats débuts de drainage (entrée hiver) au cours d’une campagne.
En ZAR, la destruction chimique des Cipan est interdite. En cas d’infestation importante des vivaces, une dérogation peut être demandée à la DDTM si les techniques alternatives n’ont pas permis de les maîtriser.